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L'ignorance est-elle la seule raison d'être de nos croyance ?

Extrait du document

« On vous demande de vous interroger sur les rapports entre l'ignorance et la croyance.

Plus précisément, on vous demande si l'ignorance est la cause de la croyance.

Vous pouvez partir ici de constats simples : croire, c'est tenir pour vrai et la croyance se distingue du savoir par manque de certitude objective.

Il vous est alors possible de penser, pour commencer, à des exemples simples en faisant appel à diverses croyances.

Des croyances aussi ancestrales que celle qui faisait, selon la légende, croire que le ciel allait nous tomber sur la tête, semblent relever d'une ignorance.

Là où nous sommes ignorants, nous substituons au vide de notre connaissance, des croyances et parfois aussi des superstitions.

Ici, vous pouvez vous reporter aux analyses d'Epicure dans la Lettre à Ménécée par exemple.

Il montre que c'est faute d'avoir bien pensé, que c'est par ignorance que nous avons des craintes et que nous sommes conduits à des superstitions.

Vous pouvez également vous reporter aux analyses de Spinoza dans l'appendice du livre 1 de l'Ethique.

Spinoza montre en quoi notre ignorance produit également des superstitions et une pensée selon laquelle l'homme serait au centre du monde ce qu'il nomme anthropocentrisme.

Dès lors, vous pouvez vous demander si l'extension de la connaissance ne devrait pas alors faire disparaître les croyances.

Vous pouvez penser ici à ce qu'on a appelé le scientisme au 19ème siècle.

Il s'agit de cette idée selon laquelle la science allait pouvoir nous permettre de sortir de l'ignorance dans tous les domaines.

La science, grâce à ses développement allait nous conduire à ne plus nous tourner vers la religion, la métaphysique ou la philosophie, disciplines qui n'existeraient que parce que nous ne sommes pas assez savants.

Demandez-vous alors s'il ne faut pas distinguer différentes formes de croyances.

Par exemple, croire que le ciel va nous tomber sur la tête n'est peut-être pas de même nature que la croyance en Dieu.

Ici, vous pouvez vous reporter aux analyses de Kant dans la Critique de la raison pure.

Il faut peut-être distinguer la croyance là où le savoir serait possible, de la croyance là où il n'y a pas de savoir possible.

En outre, vous pouvez opérer d'autres distinctions au sein de la notion de croyance.

Croire en la raison, croire en l'homme n'est pas nécessairement identique au fait de croire aux fantômes. Les mythes sont fruits de la crainte Une des premières cause d'angoisse chez les humains est, selon Épicure, l'inquiétude religieuse et la superstition. Bien des hommes vivent dans la crainte des dieux.

Ils ont peur que leur conduite, leurs désirs ne plaisent pas aux dieux, que ceux-ci jugent leurs actes immoraux ou offensants envers leurs lois et ne se décident à punir sévèrement les pauvres fauteurs, en les écrasant de malheur dès cette vie ou en les châtiant après cette vie.

Ils pensent aussi qu'il faut rendre un culte scrupuleux à ces divinités, leur adresser des prières, des suppliques, leur faire des offrandes afin de se concilier leurs bonnes grâces.

Car les dieux sont susceptibles, se vexent pour un rien, et sont parfois même jaloux du bonheur des simples mortels, qu'ils se plaisent alors à ruiner.

Toutes ces croyances qui empoisonnent la vie des hommes ne sont que des superstitions et des fariboles pour Epicure. Pour s'en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels des choses, il faut une connaissance métaphysique, cad une science de la totalité du monde.

Celle-ci nous révélera que le principe de toutes choses est la matière, que tout ce qui existe est matériel.

Ainsi, la science peut expliquer tous les événements du monde, tous les phénomènes de la Nature, même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant de mécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et nullement d'esprits divins aux volontés variables.

Par exemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sont nullement l'expression d'une vengeance divine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles et indifférentes à votre devenir.

C'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnant même le luxe de plusieurs explications possibles des mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pas de connaître la vraie cause du phénomène, mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.

C'est en effet cela seul qui importe à notre bonheur, puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses.. »

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