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L'esthétique peut-elle être une science ?

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« PROBLEMATIQUE: Lorsqu'il s'agit du beau et de l'art, l'opinion oscille souvent entre deux attitudes contradictoires.

Tantôt on souligne la relativité des jugements qui s'y rapportent, celle des « goûts et des couleurs «, en s'en remettant à la subjectivité de chacun.

Tantôt, au contraire, on se rapporte à un étalon ou à une mesure objective, qui se trouverait dans la connaissance des experts ou des artistes officiels, pour décider de ce qui est beau ou non, artistique ou pas. Cette hésitation fait ressortir les ambiguïtés liées au thème de la reconnaissance, au problème de savoir comment on peut reconnaître la beauté et l'art – en particulier la question de savoir s'ils entretiennent un quelconque rapport avec la raison. [Il ne saurait y avoir de science du beau, car le beau est de l'ordre du sentiment.

Notre façon d'apprécier le beau repose le plus souvent sur notre éducation.

Il n'y a pas de beauté en soi.] Rien n'est plus subjectif que la notion de beauté Je ne suis pas toujours d'accord avec les autres quand il s'agit de juger de la beauté, que ce soit celle d'un être humain, d'un paysage ou d'une oeuvre d'art ; on peut même dire sans doute que je ne partage jamais complètement les goûts de quelqu'un : le goût est une marque de ma singularité. C'est que juger du beau fait appel à ma subjectivité, au domaine intime de mes sentiments ; ne dit-on pas couramment « aimer » pour dire : « trouver beau » ? On pourra bien me donner l'ordre de trouver beau ce que je n'aime pas, jamais on ne m'en convaincra intimement ; seul, je puis savoir ce que je ressens. Enfin, je juge de la beauté de quelque chose à la lumière de mon expérience personnelle, qui n'est jamais la même que celle des autres ; ce que j'ai vu et entendu modèle ce que j'apprécie.

Mes souvenirs m'appartiennent et individualisent mon jugement de goût par le prisme de ma culture. L'esthétique relève avant tout du sentiment La beauté provoque en nous des émotions troubles que l'on ne peut pas rationaliser.

Il s'agit d'une expérience intime.

Pour Burke, nous ignorons nous-mêmes pourquoi la beauté nous cause du plaisir ou de la joie, et pourquoi un homme peut désirer «violemment une femme de faible beauté» (Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau). Le beau: Un sentiment individuel et universel Que le beau doive être jugé, c'est l'exigence de la subjectivité ; qu'il soit universel, celle de l'objectivité.

Un jugement qui soit tout à la fois l'expression la plus intime de l'individu, et la plus commune de l'universalité humaine, doit reposer sur la distinction du plaisir esthétique, lié à la beauté, et du plaisir des sens, lié à l'agréable. En ce qui concerne l'agréable en effet, le principe « à chacun son goût » fait loi : tu aimes tel vin que je n'aime pas, ce n'est pas la peine d'essayer de me convaincre.

Ce qui est beau, au contraire, doit enlever l'unanimité d'un sentiment pourtant profondément personnel. Un homme qui juge mal d'une oeuvre d'art est un homme qui juge moins de sa beauté que de ses agréments. Parce qu'il se laisse dominer par l'intérêt sensuel, tout à fait personnel, qu'il porte à l'objet représenté par un tableau, son jugement de goût n'est pas pur.

C'est la raison pour laquelle l'universalité du jugement de goût est moins un fait qu'un idéal à atteindre. Un plaisir désintéressé. »

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