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L'esprit reste-t-il libre quand il se soumet au vrai ?

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« VOCABULAIRE: VRAI: * Se dit d'une affirmation conforme à la réalité ou qui n'implique pas contradiction et à laquelle l'esprit ne peut que souscrire : Il n'y a pas grand-chose de vrai dans son récit. * Qui appartient à la réalité et n'est pas une création de l'esprit : Rechercher les vraies causes d'un phénomène. * Qui est bien conforme à son apparence : Une vraie rousse. * Se dit, dans le domaine artistique et littéraire, des êtres et des choses créés qui donnent l'impression de la vie, du naturel, de la sincérité : Un romancier qui peint des personnages vrais. * Se dit d'un élément qui, parmi d'autres semblables, apparaît comme le seul important ou le seul déterminant : On ignore le vrai motif de sa démission. * Qui convient le mieux à quelqu'un ou à quelque chose, est le plus approprié à une fin, à une destination : Croyezmoi, c'est le vrai moyen de leur venir en aide. ESPRIT: Du latin spiritus, «souffle» (qui anime la matière). * Dans la langue religieuse (le Saint-Esprit), le souffle ou le principe divin. * Par opposition au corps : principe individuel de la pensée, conscience. * Par opposition à la matière : le monde de la pensée, la réalité spirituelle. * Chez Hegel, l'Esprit (avec une majuscule) est le principe rationnel qui gouverne le monde. Est-ce que la reconnaissance du vrai est une soumission ou encore l'exercice de ma liberté ? Est-ce que j'abdique ma volonté quand je reconnais une vérité ? "Si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement et quel choix je devrais faire, et ainsi je serais totalement libre" (Descartes).

Selon Descartes, il y a différents degrés de liberté ; mais la liberté au départ, c'est la liberté de la volonté, qui est distincte de l'entendement (qui fournit des informations à partir desquelles la volonté décidera). Descartes dit bien que la volonté et l'entendement sont distincts (c'est même ce qui permet l'erreur : on se trompe, quand on aura pris la liberté de décider quelque chose avant de connaître tous les éléments) ; mais il ajoute cette idée qu'on est totalement libre quand la volonté est parfaitement éclairée, autrement dit quand elle n'a plus le choix. Le choix pour lui n'est pas la manifestation de la liberté.

C'est la raison, autrement dit la faculté de connaître, qui fait de moi autre chose qu'un animal soumis au stimulus.

Comment passer de cette idée de connaissance par la raison à l'idée de liberté ? C'est que l'idée de connaissance théorique est en elle-même dégagée de tout impératif pratique.

Sartre reprend la thèse cartésienne de la séparation entre les deux facultés (celle de la liberté et celle de la vérité), mais en la radicalisant : l'une s'affirme plus quand l'autre n'a rien à dire, sur le mode du conflit.

Pour Sartre, on est encore libre quand on se soumet au vrai, car on a choisi de s'y soumettre, en ayant la liberté de ne pas le faire : on pouvait le nier par mauvaise foi en inventant toutes sortes de fictions, etc.

Si l'on reconnaît le vrai comme vrai, c'est que l'on a choisi de le faire, c'est qu'à un moment on a décidé d'accepter de le reconnaître, de ne pas s'enfermer dans un délire de mauvaise foi. ___________________________________ Peut-on dire non au Vrai ? Tel est le sens du sujet.

Soutenir ou réfuter des propositions, ce sont des actes de la volonté.

Mais le consentement intérieur dépend-il de la volonté ? Lorsqu'il s'agit d'une évidence, comme la somme des angles d'un triangle est égale à deux angles droits, l'expérience immédiate semble m'enseigner que mon jugement est nécessaire et non libre.

Il en est de même lorsque quelque chose m'est prouvé par de bons arguments.

Dans la pratique, il me semble difficile de résister au vrai, lorsque je le connais.

Pourtant, j'ai aussi le sentiment immédiat d'une liberté infinie de ma volonté.

Ne puis-je pas affirmer ou nier, vouloir ou ne pas vouloir en toute indépendance ? Cette certitude que j'ai, concernant ma volonté, m'amène à conclure que je dois pouvoir, bien que l'expérience atteste que cela n'ait sérieusement jamais lieu, refuser librement mon consentement, même lorsqu'il s'agit d'une évidence intellectuelle ou d'une vérité bien établie. Autrement dit, si, dans la pratique, il m'est difficile d'être libre face à la vérité, dans l'absolu, il me semble que c'est possible.

C'est, en tout cas, ce qu'affirme Descartes: « Lors même qu'une raison fort évidente nous pousse vers un parti, quoique moralement parlant, il soit difficile de faire le contraire, absolument parlant, néanmoins nous le pouvons » (lettre au Père Mesland, 9 février 1645). Qu'est-ce que dire non au Vrai ? Descartes répond qu'au moment même où je conçois clairement et distinctement une chose, ma volonté est inclinée irrésistiblement à affirmer.

Elle n'est pas libre face à la vérité.

Mais l'évidence ne s'impose qu'à un esprit attentif.

Il est donc toujours en mon pouvoir de détourner mon attention des raisons qui me font admettre telle chose pour vraie, de suspendre mon jugement, puis de trouver des raisons de douter et même d'aller jusqu'à affirmer le contraire. Mais Descartes ajoute aussitôt : « pourvu que nous pensions que c'est un bien d'affirmer par là notre libre arbitre ». Ce n'est donc pas sans raison que je peux dire non au Vrai.. »

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