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Les sciences humaines peuvent-elles adopter les méthodes des sciences de la nature ?

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« Introduction. A un moment de l'évolution de l'univers une bifurcation est apparue, la matière inanimée a donné lieu à la matière vivante, laquelle, à son tour, a produit des organismes dotés d'un appareil psychique.

Chez l'homme, cet appareil rend possible, d'une part, une activité cognitive sophistiquée basée surtout sur les possibilités du langage, et d'autre part, la liberté.

L'homme, sujet connaissant et conscient de sa liberté, jouit d'une dimension morale qui l'empêche de se considérer comme une chose parmi les choses.

Ainsi, la réticence à utiliser les méthodes des sciences de la nature - des procédures mathématiques et expérimentales - en sciences humaines, semble s'expliquer, avant tout, par la différence métaphysique entre le monde physique et l'homme. I - Au moins partiellement, les mécanismes qui expliquent le monde inanimé, expliquent aussi le monde humain. Si l'homme est un système émergeant d'un monde physique et biologique, son activité la plus élevée doit, au moins dans une certaine mesure, refléter des contraintes physiques et biologiques sous-jacentes.

L'homme et les choses partagent, jusqu'à un certain point, l'espace et le temps, les forces et la matière.

On ne voit pas pourquoi ni comment toutes les conditions et tous les mécanismes qui expliquent le monde non humain s'arrêteraient, tout d'un coup, devant l'homme.

Ainsi l'hypothèse qu'au moins jusqu'à un certain point les mêmes mécanismes qui expliquent le comportement des systèmes physiques ou vivants autres que l'homme, expliquent l'homme, semble plus prometteuse, du point de vue du progrès de la connaissance, que l'hypothèse de deux substances, l'une matérielle, l'autre spirituelle, complètement différentes.

De plus, l'application des mêmes méthodes dans toutes les sciences ne s'accompagne pas forcément d'un dénigrement de la nature humaine.

Il faudrait voir, méthode par méthode, de quoi il s'agit au juste. Sciences de la nature Sciences humaines langage mathématiques langage du sens ensemble de propositions formalisées ensemble de significations d'où les conséquences mesurables d'où les interprétations explication compréhension objectivité scientifique intelligibilité herméneutique ordre de l'objectivité des phénomènes ordre de la subjectivité du sujet humain chose et objet conscience et sujet II - L'intérêt qu'il y a à utiliser des méthodes mathématiques en sciences humaines. Faut-il employer les mathématiques en sciences humaines ? Les mathématiques sont la science des êtres et des structures universels, immuables, éternels, déterminés, alors que l'homme est sensible à son individualité et pense qu'il est libre et maître, en partie, de son évolution.

Grâce à leur pouvoir déductif, à la façon dont le sens est véhiculé, à leur générativité, les mathématiques sont un modèle déterministe, le meilleur moyen de découverte qui, associé à la physique, a produit la science naturelle la plus développée, la physique mathématique.

On a beaucoup à gagner à utiliser les mathématiques si on veut avoir une connaissance de l'homme et de son comportement.

Elles peuvent montrer un isomorphisme profond entre l'esprit et le monde, des analogies structurelles cachées à l'observation entre l'inanimé et l'animé, avantage capital comme moyen de découverte.

Sans cette isomorphie homme/monde, l'adéquation, même partielle, des théories aux faits, resterait inexpliquée.

D'aucuns nient cette analogie et comparent la théorie à une espèce biologique capable de survivre en termes darwiniens (appel au hasard, survie de plus apte), mais le mystère de l'adéquation de la théorie reste entier.

A la vertu de révéler des analogies cachées, on doit ajouter les propriétés de clarté, d'exactitude et d'universalité qui font des mathématiques le langage scientifique par excellence.

Depuis la naissance de la topologie, science qualitative, il est inexact d'identifier les mathématiques au calcul quantitatif exclusivement.

Cet éclaircissement est important quand on sait qu'en général ceux qui objectent à l'emploi des mathématiques en sciences humaines font valoir qu'il est ridicule d'essayer d'obtenir un calcul exact de choses spirituelles étant donné que l'esprit n'est pas une étendue qu'on puisse mesurer. Au sens strict, seules les mathématiques produisent des méthodes, c'est-à-dire des procédures spécifiées applicables mécaniquement à toute une classe d'objets de telle façon qu'appliquées aux objets de la même classe dans des conditions semblables elles donneront des résultats semblables.

C'est par abus de langage que l'on parle d'une « méthode » en dehors des mathématiques, et en particulier la « méthode expérimentale » est un bricolage dont la reproduction ne va pas de soi. Conclusion Puisqu'un homme est plus semblable à un autre homme qu'à toute autre chose, on peut imaginer que la connaissance de l'homme puisse être intuitive et analogique, basée sur une compréhension intime des désirs et des motivations qui donnent une signification à son comportement, tandis que la connaissance des choses resterait externe, basée sur une observation et une vérification dont l'explication fait appel à des causes matérielles.

Mais il faudrait savoir exactement quelle propriété, humaine ou non humaine, il s'agit de connaître, car toute propriété n'est pas connaissable de la même façon.

D'une part, l'étude de notre cerveau et de notre comportement observable suit les voies des sciences naturelles ; d'autre part, mainte loi physique a été découverte parce que l'homme a été capable de se mettre à la place des choses.

L'analogie et l'anthropomorphisme peuvent être utiles en sciences naturelles, à condition d'éliminer l'arbitraire dans leur application par l'emploi d'un formalisme mathématique et par une vérification multiple.

On peut donc utiliser certaines méthodes des sciences naturelles en sciences humaines, et réciproquement.. »

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