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Les contemporains d'un événement peuvent-ils en comprendre le sens ?

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« Problématique Un sens, c'est à la fois une signification et une direction.

Par exemple, il y a dans une dictature une manifestation, une insurrection populaire.

Comment savoir la direction qu'elle va prendre ? Est-ce qu'elle va aboutir, et renverser le régime contre lequel elle se soulève, ou est-ce qu'elle va se faire écraser et renforcer encore le contrôle de la dictature ? Quelle est la signification d'un événement ? Peut-elle être connue au présent ? Les contemporains d'un événement possèdent-ils tous les éléments permettant de l'analyser ? Un événement peut-il être compris tel quel, sur l'instant ? Doit-on être à distance pour comprendre ? Comment juger si l'on est soi-même concerné, impliqué ? Comment échapper au conjoncturel ? Mais les contemporains sont-ils ceux qui sont touchés par l'événement ? Ne peut-on pas attendre un regard critique qui viendrait d'une distance spatiale et non temporelle ? Et les contemporains ne sont-ils pas les mieux placés pour comprendre : présents au moment de l'événement, ils savent exactement ce qu'il s'est passé.

Références utiles : textes de Tolstoï, Hegel, Nora. Ceux qui appartiennent au moment même où se produit ce qui arrive, de manière ponctuelle (un "événement") sontils capables d'en déchiffrer la signification ? C'est l'événement historique qui constitue essentiellement le noyau de l'intitulé. Qu'est-ce que comprendre ? Saisir intellectuellement ? connaître selon un mode synthétique ? Un terme à définir avec précision pour vous engager dans cette dissertation.

N'oubliez pas que toute compréhension fait appel à un ensemble, non point une réalité ponctuelle. Qu'est-ce qu'un événement historique ? Mon anniversaire n'est pas un événement historique ; le premier pas sur la lune en 1969, oui ; la victoire de la France au Mondial de football de 1998, peut-être. Un événement historique marque un changement,une rupture, qu'elle soit tonitruante ou inaperçue. Il y a modification du champ du possible pour l'humanité. "l'avenir jugera" dit-on.

Mais dans mon présent il est important que je sache juger du poids objectif de ce que je vis. Comme citoyen j'éviterai des mirages.

Comme historien j'interrogerai des objets dignes d'analyse. Illustrations : le bruit sur l'an 2000 relèvera-t-il d'une péripétie futile ou d'un bornage historique majeur? 1) L'ÉVÉNEMENT HISTORIQUE PARMI UNE FOULE D'EVENEMENTS L'actualité journalistique est pleine chaque jour de nouveautés ...

qui s'avéreront sans intérêt car sans conséquences.

Peut-être même s'agit-il de fausses nouveautés.

On les appelle "marronniers" dans le jargon journalistique, quand elles reviennent chaque année. Tout changement, tout ce qui advient n'est pas pour autant évènement.

La saison venue, on ramasse les noix en Provence nous dit BRAUDEL, précisant qu'il ne s'agit pas d'un événement puisque siècle après siècle les hommes répètent ces mêmes gestes. D'où un premier critère : l'événement a lieu UNE FOIS.

CÉSAR ne franchit le RUBICON qu'une fois. Mais cette unicité n'épuise pas les caractéristiques de l'événement ou fait historique.

Il lui faut également renvoyer à du CONTINGENT.

Comme il pouvait ne pas être, il n'y a pas en lui de nécessité qui nous aurait permis de le prévoir, de le dessiner par avance grâce à notre science. Ce critère de la contingence doit lui même être complété par une nouvelle propriété : l'événement historique inaugure une nouvelle causalité ; il modifie l'avenir des hommes.

D'où un partage entre l'avant et l'après. Après la Révolution de 89, rien ne sera jamais plus comme avant en France.

Mais peut-on jamais dire "jamais" en histoire ? La royauté est certes historiquement dépassée, obsolète de manière définitive et pourtant l'Espagne proche l'a réinstaurée. Il faut donc se pencher plus avant sur l'événement hitorique puisque: - certains d'entre eux marquent des grands passages, l'avènement d'ères qui secondent la constitution de l'homme comme être de l'histoire ; - et d'autres n'exhiberont leur importance que bien plus tard. Exemple : l'invention de la machine à vapeur s'avèrera, à posteriori constituer un événement historique. Elle n'est pas vécue comme révolution par les gens de l'époque. 2) UNE INTERROGATION QUI A LA FOIS OUVRE LA POSSIBILITÉ D'UNE SCIENCE, CELLE DE L'HISTOIRE ET LA POSSIBILITÉ POUR L'HOMME DE COMPRENDRE ET MAÎTRISER SON DESTIN. L'histoire, qui a pour objet l'événement doit donc se demander si ce qu'il étudie obéit aux propriétés que nous venons de dégager ne s'enferme-t-il-pas dans de la "petite histoire" (voire de "l'histoire d'alcove"). A l'opposé peut-on qualifier de "détail de l'histoire" c'est à dire de non événement la SHOAH, ainsi qu'a osé le faire un chef de parti condamné par la conscience collective et par les tribunaux ? Ici se croisent inquiétudes, responsabilité du citoyen et devoir de l'historien.

Il devra rétablir la vérité et s'opposer aux "négationnistes" pour qui les camps d'extermination n'étaient pas cet évènement d'une barbarie totalitaire, mais simples lieux de regroupement. On le voit, l'interrogation est épistémologique et éthico-politique. C'est pourquoi, même les historiens qui vont minorer le rôle de l'événement en histoire n'entendent nullement. »

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