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Le goût du beau est-il de même nature que l'attrait de l'agréable ?

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« La distinction entre le beau et l'agréable a souvent été faite pour délimiter le domaine de l'art qui devait avoir une dignité ontologique plus grande.

L'agréable en cela touche plus des sens comme le goût, le toucher, l'odorat, en tout cas des plaisirs sensuels, le beau, lui, concernerait plus des sens nobles comme la vue et l'ouïe, et intéresserait plus l'intelligence.

La question est de se demander si une beauté qui ne toucherait que l'intelligence ne serait pas froide et désincarnée, et s'il ne lui faudrait pas se servir du médium de l'agréable pour se communiquer, dès lors la frontière entre les deux serait bien plus mince. 1) La différence entre le beau et l'agréable selon Kant. L'essentiel est sans doute un déchiffrage de l'énigme du goût : tout en affirmant qu'il ne faut pas en disputer, chacun gardant le sien sans prétendre à l'assentiment d'autrui, c'est un fait que les hommes ne se résignent pas à déserter ce domaine de la communication, puisqu'on peut les voir se contester incessamment la valeur de leur goût, comme s'ils croyaient au fond qu'un accord devrait être possible.

Cette apparente contradiction a sa raison profonde : il est bien vrai que le jugement de goût ne saurait prétendre à la même objectivité que le jugement logique dans la connaissance, car il ne se fonde pas comme lui sur des concepts, il est esthétique et il se rapporte à un sentiment, comme tel inaliénable en connaissance, celui d'une satisfaction éprouvée dans l'appréhension d'une forme ; s'il prétend néanmoins exiger comme nécessaire un assentiment universel, c'est que ce sentiment n'est pas subjectif au même titre que celui de l'agréable, suscité par la seule sensation.

Il doit être éprouvé par tous parce qu'il est désintéressé, indifférent à l'existence de la chose, qui est simplement contemplée, sans devenir l'objet d'aucune connaissance ni d'aucun désir, et qu'il est la conscience d'une espèce d'appropriation de la nature à l'homme se manifestant dans le jeu libre et harmonieux de l'imagination et de l'entendement, qui sont les conditions universelles de la faculté de juger.

Le principe de cette harmonisation des facultés en nous et de l'appropriation de la nature hors de nous à notre faculté de juger est le suprasensible qui fonde la liberté et l'unité des fonctions théoriques et pratiques de la raison.

La faculté de juger s'y rapporte comme à une norme indéterminée, celle d'un sens commun à tous, sur lequel elle règle sa réflexion et qui lui permet, lorsqu'elle décide de ce qui rend le sentiment universellement communicable, d'exiger l'assentiment de tous comme une sorte de devoir.

Le beau est finalement le symbole du bien moral, une présentation sensible indirecte de l'idée que la raison forme de ce principe suprasensible. Il ne serait rien pour l'homme s'il n'était capable d'éprouver le sentiment moral, le seul sentiment que l'animal ait en partage étant l'agréable.

Le goût rend ainsi possible le passage de l'attrait sensible à l'intérêt moral, de la nature à la liberté, de l'entendement à la raison. 2) L'art se doit de ne pas représenter l'agréable. Hegel, dans son Esthétique pense que notre relation habituelle aux choses est de l'ordre du désir.

Quand on désire une chose, on ne laisse pas l'objet dans sa liberté.

Désirer une chose, c'est supprimer son indépendance, en faire usage et donc la détruire.

Mais l'art n'est pas de l'ordre du désir.

L'objet existe pour lui-même.

La contemplation esthétique ne satisfait que des intérêts spirituels.

On comprend aisément la remarque de Hegel dans la mesure où la vue par exemple d'un tableau d'une coupe de fruit peinte par Cézanne ou par Chardin n'induit pas l'envie d'acheter des pêches ou des abricots au premier marchand de fruit venu.

De même la différence entre la peinture de nu et la pornographie, se situe que dans le second, le but est d'engendrer des désirs sexuels contrairement au premier. 3) La beauté doit être aussi agréable pour se faire accepter. Pour le peintre et théoricien Mengs, la beauté est la « perfection rendue agréable à la raison par l'intelligence » ; elle a son origine dans l'imitation de la nature qui elle-même contient l'idée du beau ; reproduite simplement, celle-ci « devient appropriée à notre intellect » et acquiert « cette clarté qui fait qu'on la dit belle ».

Ainsi, l'attribut spécifique et essentiel du beau n'est autre que la simplicité.

Ordre, symétrie, harmonie, unité, tels sont les termes qui reviennent le plus souvent sous la plume de Mengs.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'art doit retenir notre attention, elle ne peut être pour cela désagréable, froide, elle doit pour cela se présenter sous des jours capables de susciter l'empathie avec le spectateur.

Le sentiment de beauté doit être agréable, sinon il tombe dans le sublime, l'horrible.

Pour Baudelaire dans ses Curiosités esthétiques « Le beau est fait d'un élément éternel, invariable, dont la qualité est excessivement difficile à déterminer, et d'un élément relatif circonstanciel qui sera, si l'on veut, tour à tour ou tout ensemble, l'époque, la mode, la morale, la passion.

»La beauté qui se présente uniquement sur son côté éternel paraîtra froide et abstraite au spectateur si elle n'est pas proposée sous un aspect transitoire.

Cet aspect transitoire se retrouve dans le versant historique que chaque tableau possède, dans le sens où il présente des situations et des modes de vie déterminés.

En parcourant un musée, on voit l'évolution des modes, des costumes et des habitudes.

La mode représente le côté agréable de la beauté pour qu'elle puisse se communiquer.

Dans cette mesure le goût du beau n'est pas de la même nature que l'agréable. Conclusion. Il ne faut donc pas séparer le goût du beau de celui de l'agréable au risque de est agréable n'est pas forcément beau, mais tout ce qui est beau se doit d'être désagréable et éloigner le spectateur.

Aussi, un homme de goût a aussi le l'harmonie, la simplicité qui saura plaire.

Aussi les grands cuisiniers, coutriers artistes. désincarner la beauté.

Tout ce qui agréable, du moins de ne pas être sens de l'agréable, il sait trouver parfumeurs sont quelques part de. »

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