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Le droit peut-il être un motif de guerre?

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« Introduction : Bien définir les termes du sujet : - « Le droit » : Le droit peut avoir plusieurs sens : droit positif, coutumier, international, droit de résistance… Mais ici, le terme est au singulier, et désigne le système de règles appliquées à une société, ainsi que l'ensemble des principes qui régissent les rapports des hommes entre eux, et servent à établir des règles juridiques.

Ici, le sujet peut faire référence à deux sortes de droit : le droit naturel, et le droit public. - « Guerre » : Elle peut désigner soit le conflit ouvert et la lutte armée entre deux Etats, individus ou groupe d'individus, soit la disposition avérée combat. Elle oppose des ennemis, c'est-à-dire des entités ayant des intérêts contraires, et a en général pour but la défense, la conservation, ou la possession. - « Motif de guerre » : ne pas confondre avec mobile (=fin, but).

Le motif est le principe objectif du vouloir, c'est une raison pour agir ; ainsi le droit peut être une raison d'ordre intellectuel qui pousse à faire la guerre. - « Peut-il » : Pose la question de savoir si cela est possible et légitime. Construction de la problématique. En général, on ne prend pas part à une guerre pour laquelle on ne se sent pas concerné; elle est toujours faite pour défendre ou conquérir nos intérêts.

Ainsi, si la guerre a pour motif le droit, c'est de mon droit dont il s'agit : c'est pour le garder ou le retrouver.

Ce droit est ce qui est censé nous permettre de garder notre liberté, et de sauvegarder notre propre nature.

Mais faire la guerre pour lui paraît contradictoire puisque la guerre met en danger ce qu'il protège. Se pose donc la question de savoir si il est possible et légitime de faire la guerre pour garder son droit, et surtout, dans quel cas. Plan : I/ La guerre est le seul moyen de conserver son droit : A l'état de nature l'homme vit selon le droit naturel - droit inaliénable, qui lui permet d'agir comme bon lui semble pour sauvegarder sa propre nature, et donc sa liberté – et donc dans un état infra juridique.

Rien n'est injuste car il n'y a ni justice ni lois.

Je peux donc faire ce que bon me semble pour jouir de mon droit naturel. Mais cette manière de procéder, qui ne prend pas en compte l'existence d'autrui, implique que ce dernier peut me nuire s'il estime que la sauvegarde de son droit naturel doit se faire au dépend de mes intérêts personnels (la réciproque est vraie aussi).

De ce fait, le seul moyen que je possède pour garder mon droit passe par la guerre.

Cf.

Hobbes, Le Léviathan : il existe trois causes de conflits, la compétition (attaque pour le profit), la défiance (attaque pour la sécurité), la gloire (attaque pour la réputation). N'ayant rien qui garantit leur possession, leur personne, et leur sécurité, les hommes vivent dans un climat de défiance.

Ils sont ainsi obligés de faire la guerre pour garder leur droit, même s'il ne s'agit pas toujours d'une bataille ponctuelle, il y a une disposition perpétuelle reconnue au combat.

La sécurité de chacun correspond à sa force. A l'état de nature, les hommes vivent selon le droit naturel, et rien n'existe pour le protéger.

Le droit peut donc être un motif de guerre, c'est-à-dire que sa sauvegarde peut être la raison de conflits. II/ La guerre devient un devoir lorsque le droit est spolié : Mais le droit naturel n'est pas le seul pour lequel on peut faire la guerre, et ceux qui entrent en guerre ne sont pas forcément les citoyens.

Ce n'est pas parce que l'Etat est mis en place qu'il met fin à tout conflit, et qu'il garantit parfaitement le droit.

A insi, notre droit de citoyen peut être spolié, et dans ce cas, la guerre semble inévitable. C'est ce que montre Locke dans Traité du gouvernement civil.

Lorsque les magistrats représentant l'Etat trahissent la confiance que les individus ont mise en eux pour s'emparer du pouvoir, alors ces magistrats nient le droit des citoyens.

à cf.

quand un ou plusieurs individus légifèrent sans avoir reçu le mandat du peuple, quand les dépositaires du pouvoir législatif exercent des voies de fait contre la propriété des sujets… Lorsqu'il y a détournement de pouvoir, le pacte politique est rompu, et les individus sont fondés à désobéir aux ordres frelatés.

Comme l'autorité politique a pour fondement le consentement du peuple, ce dernier peut résister lorsque sa confiance est trompée.

Dans ce cas, ce sont les magistrats qui entrent en guerre contre le peuple.

Les gouvernements ont usé de la force sans autorité, ce sont donc eux qui sont coupables de rébellion, et non pas ceux qui résistent.

à Cette rébellion des magistrats introduit l'état de guerre, ce n'est pas le peuple qui par sa résistance défait le gouvernement, mais le gouvernement qui se défait lui-même. Le droit peut donc être un motif de guerre, lorsque par exemple, les magistrats spolient le pouvoir, ce sont eux qui entrent en guerre contre le peuple qu'ils ont trahi. III/ Entre Etats, la guerre est un moyen d'assurer son droit : Mais les individus peuvent aussi perdre leur droit et devoir se battre pour lui si l'Etat dans lequel ils vivent n'est plus un Etat de droit, et qu'il n'est donc plus à même de protéger le droit de ses citoyens.

C'est ce qui se passe lorsque deux pays entrent en guerre pour la possession d'un territoire par exemple. C omme l'explique Kant dans Projet de paix perpétuelle, il en est de même des Etats comme des individus à l'état de nature : l'affirmation de tel Etat particulier peut nuire au développement des autres.

Il n'y a aucune loi extérieure pour régler leur rapport, et garantir leur sûreté, et les Etats ne sont obligés par aucune contrainte extérieure à respecter le droit.

à Dans les relations entre les peuples, le droit n'a aucun sens s'il n'y a pas de contrainte pour le faire appliquer.

De ce fait, le seul moyen de faire respecter ce droit est la guerre.

Si l'Etat se croit lésé, alors il peut faire la guerre pour poursuivre par la force son droit. Ici encore la guerre est le droit est le motif de la guerre.

Le seul moyen pour y mettre un terme, c'est-à-dire non pas pour mettre fin à la guerre actuelle, mais à toutes les guerres, est de créer l'analogon du contrat social.

Il faudrait faire un pacte entre les Etats, une alliance de paix, c'est ce que Kant appelle la "fédération des peuples".

Les Etats s'engagent les uns envers les autres à ne pas troubler leur sûreté. Conclusion : A insi, le droit peut bien être un motif de guerre, mais lorsque c'est le cas, c'est uniquement parce qu'il est déjà mis en danger ou remis en cause.

Ceux qui nient le droit montrent qu'ils ne le reconnaissent pas, et dans ce cas, il n'existe ainsi pas d'autre moyen que la guerre pour le faire valoir, puisque tout autre arrangement basé sur la confiance serait aussitôt brisé – les valeurs défendues par un des camps n'étant pas reconnues par l'autre.. »

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