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Le droit de guerre ?

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« Le droit de guerre. La guerre est, pour un peuple, le moyen de faire respecter ses droits.

Mais ce moyen comporte par lui-même tellement de dangers et entraîne tellement de souffrances, de misères, de larmes et de ruines, qu'une nation ne peut y recourir que sous des conditions strictement limitatives, — qu'elle doit, une fois déclarée, la conduire dans les sentiments d'humanité et de modération qui règlent le droit de légitime défense, — enfin la terminer par une paix qui assure réellement la tranquillité de l'ordre. § 1.

LA JUSTE DÉCLARATION DE GUERRE. Le principe général qui domine cette matière est qu'une guerre ne peut être moralement honnête et licite qu'au titre de la justice vindicative, c'est-à-dire que le, recours à la force des armes n'est légitime que lorsqu'il a pour fin soit de repousser, soit de prévenir une injuste agression, — de s'opposer à une entreprise gravement coupable, — et d'en châtier les auteurs.

De ce principe il résulte qu'une déclaration de guerre n'est licite, qu'à ces deux conditions : qu'elle soit faite pour une juste cause, — et qu'elle n'intervienne qu'en l'absence de tout autre moyen efficace d'assurer le respect du droit. 1.

La juste cause. a) La guerre pour le droit.

La guerre ne peut être engagée licitement que s'il s'agit d'obtenir la réparation d'un droit authentique et certain, d'une importance considérable, ayant été l'objet d'une violation grave et certaine.

Ce cas se réalise au maximum et d'une manière évidente chaque fois que la guerre est imposée iniquement à un peuple par l'initiative brutale d'une nation.

Le peuple attaqué se trouve clairement en état de légitime défense, qui fonde son droit et même son devoir de repousser par la force la violence exercée contre lui. b) Les mauvaises causes.

Par contre, il va de soi qu'on ne peut que tenir pour criminelles les guerres imposées par l'esprit de conquête, c'est-à-dire destinées à satisfaire les convoitises territoriales (besoins d'expansion) ou économiques (recherche de débouchés commerciaux), — par l'esprit de vengeance, — par l'effet automatique d'alliances jouant sans considération de justice ou d'injustice, — par combinaison de politique intérieure (par exemple, pour écarter une révolution menaçante), — par orgueil national (guerres de prestige, etc.). 2.

L'absence de solutions pacifiques. a) Le principe.

Pour qu'il y ait juste déclaration de guerre, il faut avoir d'abord épuisé tous les moyens de régler le conflit d'une manière pacifique (négociations directes, — médiation d'une tierce puissance, — arbitrage d'un État neutre ou d'un organisme international).

— En supposant que l'adversaire se refuse obstinément à tout règlement équitable du conflit, il se met dans le cas d'y être contraint par la force.

Celle-ci peut dès lors être exercée, soit, au titre de sanction, par des États agissant par arrêt de justice d'une Cour internationale, -- soit, en l'absence d'une telle organisation, par l'État lésé, qui est fondé, en vertu du droit de glaive (Jus gladii), à porter l'offensive sur le territoire de l'adversaire pour obtenir la réparation de l'injuste dommage. b) Le cas pratique.

On peut se demander s'il existe vraiment des cas où une guerre offensive peut être considérée comme une juste guerre de la part du pays qui en prend l'initiative.

Assurément, si l'on s'en tient au principe abstrait, que nous venons d'énoncer, on doit admettre qu'il peut y avoir de tels cas : ils sont donnés chaque fois qu'une grave injustice a été commise et qu'il n'existe nul autre moyen que celui .de la guerre pour obtenir la réparation requise. Telle est la solution abstraite.

Pratiquement, les choses sont moins simples.

Car il est évident que il faut encore être sûr que la guerre n'entraînera pas de plus grands maux que ceux qu'elle est destinée à écarter.

Y a-t-il des cas où l'on puisse avoir raisonnablement cette certitude ? C'est ici, plus qu'ailleurs, en raison de la gravité de la décision à prendre, l'office de la prudence politique de peser soigneusement le pour et le contre.

Il est certain, en toute hypothèse, qu'il faudra que des intérêts, matériels ou spirituels, d'une extraordinaire importance soient en jeu pour qu'un État puisse être fondé, non pas même à déclarer la guerre, mais simplement à envisager la possibilité d'une guerre offensive.

Les maux que la guerre entraîne sont tels qu'il faut réellement qu'elle soit à la fois le dernier recours et le recours absolument nécessaire.. »

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