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Le droit est-il l'oeuvre de la raison ?

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« Analyse du sujet: Il faut commencer par définir ce qu'est le droit.

Le droit désigne l'ensemble des règles ou lois régissant les rapports entre les individus dans une société politique. Le droit peut être divisé en trois espèces: le droit positif: ensembles des lois décidées par un gouvernement, un appareil étatique quel qu'il soit.

Plus précisément les lois qui sont en vigueur. Le droit coutumier: Le droit est le produit d'une tradition orale, de règles qui sont respectées par coutume et non par un acte de souveraineté. Le droit naturel: Il désigne cette part des lois qui sont fondées en nature c'est-à-dire que leur observance découle d'une obligation naturelle. En réalité, aujourd'hui une telle distinction n'est plus d'usage.

Mais, elle est incontournable pour répondre à la question. A présent, il nous faut comprendre ce que désigne ici la raison.

Dans sa définition la plus acceptée la raison est une faculté que les hommes ont en commun et qui leur permet avec le monde un rapport de connaissance.

La raison est une faculté qui ordonne les choses, qui crée de l'ordre dans le monde, elle a donc un rôle à la fois cognitif et éthique. Affirmer que le droit est l'oeuvre de la raison signifie plusieurs choses: soit cela signifie que le droit est institué par la raison humaine, c'est l'ouvrage de la raison et non pas de la passion.

Soit le droit a une structure rationnelle qui lui vient d'autre chose que la raison humaine.

Cette distinction est très importante. Problématisation: Le sujet pose à la fois le problème de l'origine du droit et du rapport de l'homme au système juridique.

Le droit est-il quelque chose que l'on apprend par coutume, par l'usage ou dont l'esprit peut être découvert par la raison? 1.

Le droit est l'ouvrage de la raison des hommes. a) Le droit est un ensemble de lois que les hommes se sont donnés afin de régler leur rapport.

Elles substituent à l'interprétation subjective et partiale, partialité naturelle, un point de vue impartial commun qui évite les conflits interminables.

La loi est l'ouvrage de la raison car elle présuppose que je considère l'autre comme mon alter ego, la loi est générale elle est l'expression de la raison dans le silence des passions. b) Le droit est donc par excellence le type de la production rationnelle.

C ela ne signifie pas que le droit positif soit l'ouvrage de tous les hommes, mais que chacun en tant qu'il peut faire usage de la raison est apte à en saisir l'esprit, le sens.

C ela est valable pour les parties du droit les plus évidentes qui ne sont que des déductions du principe fondamental de l'équité: "ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasses".

Ainsi, le droit est l'expression aboutie d'un principe fondamentalement rationnel et qui permet d'en saisir la justice. c) La raison pratique, dans l'oeuvre morale de Kant, formule en chaque homme les lois morales qu'il est obligé de suivre par un impératif catégorique "tu dois donc tu peux ".

Le droit moral est donc selon Kant le produit de la raison.

Ainsi, dans le rapport de l'homme au droit, la rationalité du droit rend possible une reconnaissance du droit positif comme effectivement en adéquation avec ce que ma raison découvre.

Kant écrit: " Par droit naturel on entend seulement [...] celui que la raison de tout homme peut concevoir a priori.

" Cependant, le droit est-il l'oeuvre de la seule raison, n'y a-t-il pas des droits dans l'histoire qui paraissent pour notre raison irrationnels? 2.

le droit naturel, seule oeuvre de la rationalité? a) Par exemple, le droit féodal, parce qu'il reconnaît une différence de nature entre les hommes, il stigmatise le rapport nobles/roturiers, doit-il être disqualifié de la rationalité parce qu'il oeuvre en vue de l'intérêt d'une caste et non de tous? Ici, le droit est plus l'expression d'un rapport de force.

Le principe fondamental de l'équité qui repose sur l'égalité entre les hommes n'est pas dans ce cas respecté.

On pourrait dire qu'elle est le produit de la passion de certains hommes.

Mais, il faut reconnaître que la structure du droit peut être injuste en ayant une cohérence.

Elle est l'oeuvre de la raison appliquée à de faux principes, ou d'injustes principes ou encore de principes différents suivant que l'on reconnaît ou non l'existence d'une justice par nature.

Or précisément n'y a t-il pas une partie du droit qui est censé traduire quelque chose de naturel? b) Le droit naturel est le droit commun à tous les hommes quelque soit le gouvernement sous lequel ils vivent.

Mais, il se peut qu'il y ait entre le droit naturel et le droit positif un grand écart.

Lequel des deux droits, le droit institué ou le droit naturel est-il le plus l'oeuvre de la raison? Les droits humains sont-ils des constructions rationnelles et historiques de l'entendement humain que tous peuvent découvrir ou des droits dont l'homme a un sentiment naturel de justice? c) Mais, en réalité, même si le rapport au droit est de l'ordre du sentiment, si on obéit parce que l'on sent naturellement que le principe d'équité est juste, cela n'empêche pas le droit d'être l'oeuvre de la raison à condition d'entendre ici la raison comme une entité supérieure, c'est-à-dire une raison qui conduit les affaires humaines sans que les hommes en aient conscience.

Hegel nomme cela la ruse de la raison. 3.droit coutumier et droit rationnel. a) Le droit positif peut ne pas être l'ouvrage de la raison morale tout en étant l'ouvrage de la raison comme servante des passions. Mais, si ceux qui mettent en oeuvre le droit dans la perspective de servir ou de normaliser un ordre injuste ont un rapport rationnel, c'est-à-dire réfléchi (dont ils connaissent le sens), qu'en est-il de ceux qui s'y soumettent? Pourquoi obéissent-ils à un système de droit inique? Ce peut-être par crainte mais aussi par habitude.

Le droit coutumier n'est pas l'ouvrage de la raison mais de la seule coutume. b) Or, comment faire la part de rationnel et de coutume dans le droit? N'est-ce pas une sorte de coutume qui pourrait expliquer un attachement à des droits au point de prétendre qu'ils ont une vocation universelle? c) Cette distinction est en fait quelque peu réductrice car elle occulte la possibilité pour la loi rationnelle d'utiliser la coutume afin d'élever la raison individuelle.

Le droit alors, en tant qu'oeuvre de la raison, oeuvre pour la raison. Conclusion: Tout système juridique parce qu'il est organisé est le fruit de la raison, il n'y a pas de structure là où il n'y a pas de rationalité, fût-elle minimale.

C ependant, la raison n'est pas dans le seul ordre mais dans les principes fondamentaux du droit.

Si l'on reconnaît à la raison sa dimension morale et universelle, alors, le droit n'est pas toujours de fait l'ouvrage de la raison universelle mais doit l'être.

La raison morale peut et doit critiquer la raison du droit.. »

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