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Le bonheur consiste-t -il dans l'hédonisme ?

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L'hédonisme se comprend comme la recherche du plaisir. Or définir le bonheur comme relevant de l'hédonisme c'est dire que le bonheur se conçoit comme une recherche des plaisirs. Dès lors il semble qu'il y ait une exclusion conceptuelle entre le bonheur et le plaisir en tant que déjà temporellement, le plaisir n'est pas un état durable du corps ou de l'âme. De plus, qualitativement, le plaisir n'est pas le Souverain bien et semble alors ne pas être à la hauteur de la tâche qu'on lui propose. Pourtant ne pourrait-on pas penser une définition du bonheur modeste et raisonnable s'alliant avec les plaisirs simples en vue d'une harmonie de l'âme et du corps. Dès lors la question se pose de savoir si le bonheur consiste dans l'hédonisme.             Si l'on peut refuser de définir le bonheur par la recherche effrénée des plaisirs (1ère partie), il n'en reste pas moins que ce refus se fait souvent au nom d'une haine des désirs suivant une volonté de néant (2nd partie), alors qu'il semble possible d'envisager une inclusion conceptuelle entre bonheur et plaisir (3ème partie).

« Introduction : L'hédonisme se comprend comme la recherche du plaisir.

Or définir le bonheur comme relevant de l'hédonisme c'est dire que le bonheur se conçoit comme une recherche des plaisirs.

Dès lors il semble qu'il y ait une exclusion conceptuelle entre le bonheur et le plaisir en tant que déjà temporellement, le plaisir n'est pas un état durable du corps ou de l'âme.

De plus, qualitativement, le plaisir n'est pas le Souverain bien et semble alors ne pas être à la hauteur de la tâche qu'on lui propose.

Pourtant ne pourrait-on pas penser une définition du bonheur modeste et raisonnable s'alliant avec les plaisirs simples en vue d'une harmonie de l'âme et du corps.

Dès lors la question se pose de savoir si le bonheur consiste dans l'hédonisme. Si l'on peut refuser de définir le bonheur par la recherche effrénée des plaisirs (1ère partie), il n'en reste pas moins que ce refus se fait souvent au nom d'une haine des désirs suivant une volonté de néant (2 nd partie), alors qu'il semble possible d'envisager une inclusion conceptuelle entre bonheur et plaisir (3ème partie). I – Le refus du plaisir a) Si l'on refuse de faire du bonheur la recherche des plaisirs c'est dans la mesure où la plaisir est intrinsèquement lié au désir lui-même à la volonté.

Or comme le montre Schopenhauer dans Le Monde comme volonté et comme représentation le bonheur ne réside pas dans le plaisir ni dans le désir : « Tout vouloir procède d'un besoin, c'est-àdire d'une privation, c'est-à-dire d'une souffrance.

La satisfaction y met fin ; mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus, le désir est long, et ses exigences tendent à l'infini ; la satisfaction est courte, et elle est parcimonieusement mesurée.

[…] le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir… La satisfaction d'aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable.

C'est comme l'aumône qu'on jette à un mendiant : elle lui sauve la vie aujourd'hui pour prolonger sa misère jusqu'à demain.

Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à l'impulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles qu'il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. […] or sans repos le véritable bonheur est impossible.

Ainsi le sujet du vouloir ressemble à Ixion attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré.

» b) Or justement, si l'on parle des Danaïdes on ne peut pas ne pas faire référence au dialogue du Gorgias de Platon justement où la question de la valeur du plaisir et de la quête du bonheur comme sagesse prend tout son sens.

En effet, Seulement, tout le monde n'est pas capable, j'imagine, de vivre comme cela.

C'est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu'elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité a le faire.

La masse déclare donc bien haut que le dérèglement est une vilaine chose.

C'est ainsi qu'elle réduit a l'état d'esclaves les hommes dotes d'une plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice a cause du manque de courage de leur âme.

Socrate : Mais, tout de même la vie dont tu parles, c'est une vie terrible ! […] En effet, regarde bien si ce que tu veux dire, quand tu parles de ces genres de vie, une vie d'ordre et une vie de dérèglement, ne ressemble pas a la situation suivante.

Suppose qu'il y ait deux hommes qui possèdent, chacun, un grand nombre de tonneaux.

Les tonneaux de l'un sont sains, remplis de vin, de miel, de lait, et cet homme a encore bien d'autres tonneaux, remplis de toutes sortes de choses.

Chaque tonneau est donc plein de ces denrées liquides qui sont rares, difficiles a recueillir et qu'on obtient qu'au terme de maints travaux pénibles.

Mais, au moins, une fois que cet homme a rempli ses tonneaux, il n'a plus a y reverser quoi que ce soit ni a s'occuper d'eux ; au contraire, quand il pense a ses tonneaux, il est tranquille.

L'autre homme, quant a lui, serait aussi capable de se procurer ce genre de denrées, même si elles sont difficiles a recueillir, mais comme ses récipients sont perces et fêles, il serait force de les remplir sans cesse, jour et nuit, en s'infligeant les plus pénibles peines.

Alors, regarde bien, si ces deux hommes représentent chacun une manière de vivre, de laquelle des deux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-ce la vie de l'homme déréglé ou celle de l'homme tempérant ? En te racontant cela, est-ce que je te convaincs d'admettre que la vie tempérante vaut mieux que la vie déréglée ? ». c) Enfin, si le bonheur ne se situe pas dans le plaisir c'est bien parce que le plaisir est le souverain bien et qu'en ce sens il doit faire référence à la plus haute activité en l'homme ou celle qui se rapproche le plus de la nature divine de l'âme humaine comme le développe Aristote dans son Ethique à Nicomaque : « Le bonheur, dont la recherche semble commune à tout homme, apparaît alors comme la fin la plus désirable : elle est non seulement l'expression d'un contentement parfait, mais également le signe d'une action autonome.

C'est pourquoi le bonheur ne peut être imposé de l'extérieur.

Si on peut contribuer au bien-être d'un ami, on ne réalise pas son bonheur à sa place. […]Cette activité (contemplative) est par elle-même la plus élevée de ce qui est en nous ; l'esprit occupe la première place ; et, parmi ce qui relève de la connaissance, les questions qu'embarrasse l'esprit sont les plus hautes.

Ajoutons aussi que son action est plus continue ; il nous est possible de nous livrer à la contemplation d'une façon plus suivie qu'à une forme de l'action pratique… Ce qui est propre à l'homme, c'est donc la vie de l'esprit, puisque l'esprit constitue essentiellement l'homme.

Une telle vie est également parfaitement heureuse.

Si les hommes recherchent le bonheur, ce n'est pas parce qu'il est un moyen pour réaliser autre chose.

Ils le visent pour lui-même.

Le bonheur est une fin en soi, quelque chose de parfait, qui se suffit à lui-même ». Transition : Ainsi le plaisir ne peut constituer le bonheur en tant qu'il est éphémère et souffrance finalement de souffrance.

Dès lors faut-il renoncer plutôt aux premiers plaisirs et aux plaisirs vulgaires pour viser plutôt le souverain bien. Cependant, on peut s'interroger sur cette volonté de réduire à néant le plaisir c'est-à-dire in fine le désir.. »

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