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L'art transforme-t-il la nature ou la dévoile-t-il ?

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« Introduction On considère souvent l'activité créatrice de façon caricaturale : comme puisant sa matière et son inspiration dans la nature, comprise au sens large comme l'ensemble des choses existantes, ou au contraire comme innovant et imposant au réel ses propres normes.

Dans le premier cas, l'art apparaît comme une simple continuation et appropriation de la nature ; dans le second il est pur jaillissement, coupé d'un monde dont l'artiste lui-même est pourtant issu. Une façon d'échapper à ces clichés consiste à se demander si l'art « transforme » ou « dévoile » la nature.

Car s'il lui impose une autre forme, cela signifie qu'il en est issu, et s'il en met au jour l'authenticité, cela implique qu'il la mette à distance pour la révéler.

Dans un cas comme dans l'autre, le rapport de l'art à la nature est nuancé.

Quels sont alors leurs places et rôles respectifs dans la quête humaine de la vérité sur le plan théorique et de la « vraie » vie sur le plan pratique ? I.

L'art comme « mise en forme » de la nature (« transformation » au sens faible). 1.

L'artiste (un sculpteur) puise dans la nature ses matériaux (du marbre), auxquels il donne une forme (un corps de femme) tendant vers une fin (la représentation d'une déesse).

On pense à la théorie aristotélicienne des quatre causes : cause matérielle, cause formelle, cause efficiente et cause finale. Connaître une chose, c'est pouvoir en donner les causes : aussi, tout ce qui est peut être expliqué par ces quatre causes. La cause matérielle désigne la matière qui compose un objet ou une production de la nature : la cause matérielle d'une statue de marbre est le marbre.

La cause formelle désigne la forme que le sculpteur donne à cette matière. L'usage que l'on envisage pour cette statue (cultuel, par ex.) est la cause finale, qui désigne en somme la finalité de cette statue, ce en vue de quoi on l'a sculptée.

Enfin, l'activité ou le travail du sculpteur pour sculpter cette statue est sa cause efficiente. 2.

L'art fixe pour la postérité un aspect fugace de la réalité, que cette réalité ait un ancrage historique fort (« Le Sacre de Louis XIV » peint par Le Brun) ou saisisse une fragilité intemporelle (» L'homme qui chavire » sculpté par Giacometti). II.

L'art comme « dénaturation » (« transformation » au sens fort). 1.

L'art ne représente pas un objet tel qu'il est, mais tel qu'il paraît.

Il n'est donc pas imitation de l'essence, mais de l'apparence.

Il est imitation d'une imitation, donc double dénaturation (c'est pourquoi il est condamné par Platon, qui bannit les poètes de la cité dans la République.

Mais on peut y voir a contrario un témoignage de la grandeur de l'art). A.

La conception platonicienne de l'art et du Beau. Thèse - Dévalorisation de l'art au nom de la vérité.

Cette dévalorisation a pour fondement la dévalorisation du monde sensible an nom de cette même vérité.

Et valorisation ontologique du Beau, Idée ou Essence. La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

et créditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable à. »

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