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L’art nous détourne-t-il de la réalité ?

Publié le 28/10/2022

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« L’art nous détourne-t-il de la réalité ? Travail préliminaire.

: Art : activité consciente et créatrice soit création propre à l’homme, invention ou production de belles formes, d’œuvres matérielles, mode de production qui renvoie aux beaux arts mais pas seulement. Détourner : distraire, éloigner, arracher à, écarter... Nous : l’artiste, le créateur mais aussi celui qui contemple. La réalité: le monde, ce qui existe vraiment, ce qui est concret, palpable, tangible par opposition à ce qui est fictif, inventé, imaginé… Le réel peut-être aussi ce qui existe en vérité, tel qu’il est (synonyme de vérité chez Platon). Questions à organiser : L’art est-il un autre moyen de connaître le monde ou au contraire nous éloigne-t- il de la réalité véritable des choses? Se réduit-il à une forme vide, à un simple savoir-faire sur les apparences ? Est-il seulement distrayant ? L’œuvre d’art n’est-elle pas donatrice de vérité ? Le travail de l’artiste ne doit-il pas prendre en compte le réel ? Quelle serait la réponse de l’art contemporain à cette question ? Introduction. L’art est susceptible de nous éloigner d’une réalité décevante au profit du monde crée par l’artiste.

Dans le film de Woody Allen, La rose pourpre du Caire, une jeune serveuse de brasserie, Cecilia se console de la médiocrité de sa vie en passant ses soirées au cinéma.

Jusqu’au jour où l’un des personnages du film qu’elle regarde pour la énième fois, Tom Baxter, devient si réel qu’il sort de l’écran pour la rejoindre.

Les produits de l’art se présentent immédiatement à nous comme les produits d’une faculté qu’on appelle imagination.

Toute œuvre d’art est une invention, une fiction née de l’imagination d’un homme.

Et si celle-ci nous captive c’est bien grâce au talent d’un artiste capable de nous faire entrer dans un univers qui n’est pas le nôtre, qui n’est pas celui de la vie quotidienne et qui est infiniment plus attrayant.

La séduction des œuvres peut être effectivement si grande qu’elle rivalise avec la réalité au point de nous en détourner et de nous empêcher de la voir telle qu’elle est.

Si nous croyons à tant d’idéaux : loyauté, courage, héroïsme, abnégation… n’est-ce parce le cinéma et la littérature leur ont donné vie d’une manière convaincante ? Pourtant les artistes ne sont pas que des producteurs d’illusions et l’artiste lui-même ne cesse d’observer le réel. Il est l’homme d’une conscience claire, aigue même, et toute son énergie créatrice est une manière d’exprimer son lien au réel.

Derrière les chimères de l’artiste il y a un certain regard sur le réel.

L’art ne détournerait du réel qu’à première vue et s’il n’utilise la fiction ce n’est que pour parler du monde.

Toute œuvre d’art nous ramène au réel.

Elle nous ramène au réel car elle est un discours sur le réel et elle nous ramène au réel aussi car il n’y a pas d’artiste qui ne se confronte à celui-ci par la maîtrise des matériaux de son arts. Dans quelle mesure peut-on dire alors que l’art est un jeu sur les apparences et qu’il nous détourne du réel ? Peut-on dire que l’art ne produit que rêves et mensonges ? N’y -a-t-il pas de l’idée en art ? Si l’art est invention d’un monde nouveau, n’est-il pas aussi une manière de revenir au monde ? N’est-il pas une manière de nous inviter au cœur d’un imaginaire qui peut devenir réel à l’image du personnage de Tom Baxter, qui changera à jamais la vie de Cécilia ? Eléments pour les différentes parties. I.L’art semble nous attacher aux apparences des choses mais aussi à une autre réalité. -L’art désigne initialement la forme de la production artisanale, et selon Platon un savoir - faire qui est « cause du passage de la non-existence à l’existence.

».

L’art est création de formes mais cette création se définit comme imitation du réel, copie du monde sensible, lui même image dégradée de l’intelligible (République X), seule réalité à laquelle nous pouvons accéder par l’exercice de la raison.

Si par réel nous entendons le contraire de l’apparence, la vérité des choses, l’art en effet ne ne me livre rien d’essentiel concernant le réel.

Il est le contraire du désir de savoir. Les artistes ne sont-ils pas des illusionnistes ? Ils ravissent les hommes par leurs simulacres en les attachant au sensible, les empêchent d’élever leurs âmes.

L’art nous séduit, c’est à dire comme l’indique l’étymologie du terme qu’il nous détourne du réel en nous attachant aux formes, sons, couleurs.

Il cherche juste un effet d’éblouissement.

L’artiste vise l’admiration sensible, et le spectateur ébloui par ce qu’il produit est figé dans cette attitude d’idolâtrie.

Le simulacre fait écran et empêche celui qui contemple d’accéder à autre chose, de vrai, de réel car il est victime de l’aveuglement produit par le savoir faire de l’artiste.

Il faut se méfier des poètes et des peintres en particulier, et de façon plus générale de tous les arts (technè) qui portent sur les apparences et non pas sur les essences, idées éternelles et immuables qui nous aident à comprendre le monde. Il me rend incapable de contempler les choses avec intelligence.

Platon ne verra de beauté et de vérité que dans la morale et dans les sciences. -Mais le terme « réel » ne peut-il être entendu autrement ? Le réel c’est ce qui existe en fait, ce qui est bien concret, tangible, palpable, ce qui n’est pas chimérique.

On peut dire que l’art par sa fantaisie, par son caractère imaginaire, illusoire, est effectivement un moyen de nous détourner du cycle quotidien de ce qui est bien réel : la nécessité, le besoin, l’utile.

L’art nous permet justement d’échapper au cycle de besoins et des désirs dans lequel la réalité est bien ancrée.

Ce qui compte, ce qui prime dans la contemplation artistique n’est ce pas ce plaisir que l’on tire de l’objet ? En ce sens encore, ne faut-il pas admettre que l’art nous ravit au monde, nous rend étranger à notre quotidienneté ? Il est le contraire du réel et de ses exigences, il est le rêve.

L’art est à ce titre invention d’autres mondes et d’autres univers plus passionnants parce que plus libres des contraintes, que le nôtre.

L’artiste est un créateur de mondes qui peuvent ne rien à voir à faire avec notre réel mais qui sont pourtant capables de rivaliser avec lui.

Plus l’univers crée par l’artiste est cohérent, distrayant, inspirant, plus il crée des voies d’échappement du réel, plus il nous déconnecte de celui-ci.

Si l’on se place du coté du créateur ne dit-on du véritable artiste qu’il est dans son monde ? Et combien d’artistes se sont perdus dans leur monde imaginaire, celui de leur invention ? N’y-a-t-il pas un lien entre l’art et la folie tant ce monde imaginaire peut nous faire perdre le lien au réel ? II.

Peut-on dire de l’art qu’il se confond avec un jeu de formes ou d’apparences ? Qu’il ne produit que du rêve ou du chimérique ? N’y - a- t- il pas de l’idée en art ? -Si l’on s’en tient au principe platonicien de l’art comme reproduction fidèle de la réalité sensible - ce dont peut rendre compte historiquement d’ailleurs ce qu’on appelle la longue tradition de l’art figuratif - « on peut dire d’une façon générale qu’en voulant rivaliser avec la nature par l’imitation, l’art restera toujours au dessous de la nature et pourra être comparé à un vers faisant des efforts pour égaler un éléphant ».

Hegel réfute ainsi la conception grecque.

Au contraire, l’art est un moment de la prise de conscience de soi, il a pour destination de saisir et représenter le réel dans sa vérité.

Toute histoire de l’art montre cela : il témoigne de l’esprit d’un peuple comme de la vérité d’une époque.

Ex.

de certains mouvements du début du XXème siècle en peinture qui cherchent à saisir la réalité profonde de la nature par un jeu très précis de formes, de lignes, de rapports de couleurs, au moment même où la science nous apprend que la nature du réel est abstraite.

On découvre en effet à cette époque la structure atomique du réel et celui-ci est essentiellement une formule mathématique.

Tout se passe alors comme si l’art ne pouvait plus « représenter » le visible, être figuratif parce que le vrai (c’est-à-dire le réel au sens platonicien du terme) n’est pas ce que l’on perçoit.

Ainsi, l’art nous enseigne à comprendre le réel par des voies qui lui sont propres.

Quand la philosophie utilise le concept, celui-ci utilise les moyens de l’apparence.

Mais comme la philosophie, il ne cherche pas à montrer le monde mais à l’exprimer dans sa vérité. Car l’artiste sait « pour un moment au moins nous détacher des préjugés de forme et de.... »

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