L'Art est-il une vengeance à l'idée de vérité ?

« Sujet : L'Art est-il une vengeance à l'idée de vérité ? Analyse du sujet : - Il est courant d'opposer l'art à la vérité, mais ici, il convient de souligner le terme de « vengeance ». Pour qu'il y ait vengeance, il faut qu'il y ait eu un mal préalable.

Il faut donc considérer que l'idée de vérité puisse faire du mal.

Comment est-ce possible ? La vérité peut être un mal si on considère les tabous qu'elle surmonte parfois.

Ainsi oedipe se crève-t-il les yeux après avoir appris qu'il avait tué son père et épousé sa mère. Toutefois, c'est l'art lui-même qui nous présente cette tragédie, comme si l'art nous invitait malgré tout à nous réconcilier avec la vérité. On pourrait toutefois considérer que l'art reprend par ce moyen le dessus sur la vérité, qu'il inverse le jeu de force et se venge ainsi en dominant le réel, en le vainquant par le travail de l'illusion. Cette opposition de l'art et de la vérité repose sur le postulat selon lequel l'art imiterait le réel. Mais l'idée est apparue depuis déjà quelque temps que l'art était « création » : cela ne remet-il pas en cause cette opposition traditionnelle ? Problématisation : Considérer l'art comme une vengeance à l'idée de vérité, ce serait entériner une opposition qui a fait des émules, et selon laquelle l'art serait l'ennemi de la vérité, vérité qu'il singerait pour mieux la confondre.

Mais s'il y a bien une différence dans le rapport que ces deux notions entretiennent à la réalité, il n'est pas sûr que cette différence soit une parfaite opposition, ni qu'elle justifie un affrontement.

N'y aurait-t-il pas lieu de réinterpréter cette différence ? Serait-il inconcevable d'imaginer une alliance entre l'art et la vérité ? Proposition de plan : 1.

La catharsis aristotélicienne. - - - - - Aristote écrit que pour ce qui concerne les gens souffrant de passions : « nous voyons que quand ces gens ont eu recours aux mélodies qui jettent l'âme hors d'elle-même, ils sont ramenés, du fait des mélodies sacrées, à leur état normal comme s'ils avaient pris un remède et subi une purification.

C'est donc la même chose que doivent subir ceux qui sont plein de pitié aussi bien que ceux qui sont remplis de crainte, et d'une manière générale tous ceux qui subissent une passion et tous les autres dans la mesure où chacun a sa part dans de telles passions, et pour tous il advient une certaine purification, c'est-à-dire un soulagement accompagné de plaisir.

Or de la même manière les mélodies purificatrices procurent aux hommes une joie innocente.

» (Les politiques, livre VIII, 1342a) Il s'agit ici d'un texte traitant de la célèbre catharsis aristotélicienne, qu'on appelle communément la « purgation des passions ».

Il l'illustre à l'aide d'un autre exemple, celui de la tragédie, dans sa Poétique.

Au cours de cette catharsis, l'art imite la nature que nous ne pouvons regarder en face.

Or, il se trouve que cette nature est notre propre nature.

Cependant, comme il y a une mise en scène artistique de ces vérités atroces, nous parvenons à regarder ces vérités en face.

Ainsi, nous réussissons à regarder nos passions grâce à l'art. Ces passions sont ainsi mises en acte métaphoriquement, par le subterfuge artistique.

De la sorte, nous en sommes purgés car nous avons pu les réaliser dans le domaine de l'art.

L'âme, s'ouvrant par l'art à ces vérités insupportables, parvient donc à reprendre le dessus sur celles-ci.

De cette manière, l'art nous ramène à la vérité car elle nous l'adoucit. Nous purgeant ainsi des passions néfastes qui nous empêchent d'agir en parfaite rationalité, l'art nous permet de nous réorienter vers la vérité.

Après la catharsis, nous sommes en effet disposés à revenir à nos instincts rationnels. Loin donc d'être une vengeance à l'idée de vérité, l'art en serait son complément nécessaire.

C'est l'art qui permettrait dans certaines circonstances d' « arrondir les angles de la vérité » pour que nous ne nous fâchions pas avec, et que nous puissions nous réconcilier avec la vérité. 2.

Platon : l'art est le contraire de la vérité.. »