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L'IDÉE DE SYMBOLISATION DANS L'OEUVRE D'ART

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Sans doute l'idée de symbolisation est-elle précieuse pour rendre raison de la contradiction qui nous gêne. Voyons de plus près. L'idée de symbole, rappelle un auteur éminent, évoque celle d'une parfaite et rigoureuse adaptation. D'une bouche bien dessinée la lèvre supérieure épouse le contour de la lèvre inférieure : les deux lèvres symbolisent. Un anneau coupé en deux par une cassure savante et compliquée permet à deux membres d'une société secrète qui s'ignorent l'un l'autre de se reconnaître : les deux moitiés s'unissent parfaitement et reconstituent l'anneau : elles symbolisent. On voit comment le phénomène de symbolisation peut nous être précieux pour saisir la relation de l'oeuvre et de la valeur. Sans doute le voit-on jouer ailleurs : la religion, le langage, font comme l'art usage du symbole et Cassirer a pu consacrer à ses multiples emplois une importante étude.

« L'IDÉE DE SYMBOLISATION DANS L'OEUVRE D'ART Sans doute l'idée de symbolisation est-elle précieuse pour rendre raison de la contradiction qui nous gêne.

Voyons de plus près.

L'idée de symbole, rappelle un auteur éminent, évoque celle d'une parfaite et rigoureuse adaptation. D'une bouche bien dessinée la lèvre supérieure épouse le contour de la lèvre inférieure : les deux lèvres symbolisent. Un anneau coupé en deux par une cassure savante et compliquée permet à deux membres d'une société secrète qui s'ignorent l'un l'autre de se reconnaître : les deux moitiés s'unissent parfaitement et reconstituent l'anneau : elles symbolisent.

On voit comment le phénomène de symbolisation peut nous être précieux pour saisir la relation de l'oeuvre et de la valeur.

Sans doute le voit-on jouer ailleurs : la religion, le langage, font comme l'art usage du symbole et Cassirer a pu consacrer à ses multiples emplois une importante étude.

La statue, la relique sont symboles du saint, le mot écrit ou prononcé symbole de l'idée.

Mais en art le symbolisme joue d'une manière spécifique : les mots « pain » ou Brot symbolisent le même objet, et ne se différencient que comme phonèmes ; autant de langues vivantes ou mortes autant de symbolisants pour un même symbolisé.

Certes, la connaissance approfondie d'une langue permet d'en saisir le génie, et le plus scrupuleux, le plus artiste des traducteurs restera toujours insatisfait de sa transcription ; à la limite, ce qu'a voulu dire Stendhal écrivant Le rouge et le noir ne peut être dit qu'en français, et sans modifier un mot du texte.

On perd toujours quelque chose en accédant à l'oeuvre littéraire par sa traduction, mais il y a aussi grave : on y ajoute, et qui n'est pas dans le texte.

On en pourrait conclure à l'identité des rôles du symbole selon qu'il sert la langue ou qu'il se donne à l'art.

Mais ce serait affirmer trop vite, et confondre l'usage du langage comme matière d'art, matière de poésie ou de roman avec celui beaucoup plus général, d'outil d'inter-communication des hommes.

Entre symbole artistique et symbole linguistique, il est une différence profonde : le pain que j'appelle pain et qu'au-delà des frontières on désigne autrement, je puis le toucher, le voir, le couper, le manger ; et je le pourrais même si j'ignorais son nom.

Au symbolisé je puis accéder par une voie autre que celle du symbolisant.

Mais, nous l'avons dit, je n'atteins le symbolisé-valeur-esthétique que par la voie de l'oeuvre-symbole.

Et la signification évidente en ma conscience par un texte de Racine, de Beaudelaire ou de Proust ne m'est apportée que par le texte et par le texte seul, parce qu'ici le langage s'est fait serviteur du poète.

Sachant suffisamment ce qu'à l'art est le symbole, gardons le bénéfice de notre analyse, et modifions nos termes : l'oeuvre, objet-physique, sera symbole (ou symbolisant) et la valeur esthétique (ou Idée) sera symbolisé.. »

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