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L'art est-il évasion de la réalité ?

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« APPROCHE: L'artiste répondra par l'affirmative : l'a a pour but de nous faire oublier la médiocrité parfois insupportable du quotidien.

Le philosophe nous répondra aussi certainement par la négative : loin de nous plonger dans un monde d'illusions, l'art nous fait accéder à une réalité plus « vraie », plus « essentielle», plus ...

« réelle ». S'il est douteux que Zola ou Eluard aient voulu divertir leurs lecteurs de la cruauté du réel, on peut encore plus facilement porter le doute sur cette réalité à laquelle l'art nous donnerait accès.

Soit une chose est, soit elle n'est pas.

Si elle est, elle appartient à la réalité ; si elle n'est pas, elle n'appartient pas à la réalité.

Comment une réalité pourrait-elle être plus vraie qu'une autre ? Vers quoi l'art permettrait-il de s'évader, si ce n'est vers quelque chose de réel et qui existe bel et bien ? Il convient donc d'éclaircir, sinon le sens, du moins l'usage du concept de réalité. L'art nous donne l'occasion de le faire.

En effet, si l'artiste peut forger toute les chimères qu'il peut et que jamais je ne rencontrerai dans la vie quotidienne, il n'en demeure pas moins que ces chimères existent : je n'ai jamais croisé de licorne, et pourtant j'ai une idée très précise de ce qu'est une licorne.

De quelle réalité l'art st-il évasion ? Et s'il est véritablement évasion, permet-il d'accéder à autre chose qu'à la réalité ? [Introduction] On se représente en général l'artiste comme un marginal, vivant dans un monde plus imaginaire que réel et coupé des préoccupations quotidiennes de la plupart des gens.

On le craint, parfois, mais on l'envie, souvent.

Car l'art semble lui fournir un moyen efficace de s'évader de la monotonie et de la noirceur de notre environnement. L'art semble bien désigner une évasion de la réalité, mais pour donner accès, d'un autre côté, à un univers peutêtre plus riche et plus véridique. Mais les deux mondes sont-il si séparés que cela ? L'évasion est-elle définitive, ou bien désigne-t-elle seulement un détour permettant à celui qui s'y adonne de mieux comprendre les autres hommes ? La question est importante, puisqu'il y va du statut et de la fonction de l'art. [I.

L'art n'est qu'un moyen de fuir la réalité] [1.

L'art comme illusion] Si la réalité désigne ce qui est, alors il semble bien que l'art soit un moyen de s'en détourner.

Et dans une perspective essentialiste comme celle de Platon, cela n'est pas à son honneur : « Quel but se propose la peinture relativement à chaque objet ? Est-ce de représenter ce qui est tel, ou ce qui paraît tel qu'il paraît ; est-ce l'imitation de l'apparence ou de la réalité ? De l'apparence [...] » (La République).

L'art est doublement trompeur, parce qu'il imite une imitation.

Il est condamnable parce qu'il nous détourne de l'essence des choses et nous induit en erreur.

C'est pour-quoi Platon bannit les poètes de la cité. [2.

L'art comme échappatoire] Mais pourquoi l'artiste aurait-il besoin d'échapper à la réalité ? On le comprend si l'on confère à ce terme son sens plus commun d'environnement social.

La création artistique peut ainsi être conçue comme un moyen de fuir ce qui nous déplaît ou nous frustre, voire de donner une satisfaction détournée à des désirs qui ne parviennent pas à trouver une satisfaction dans le monde réel.

Aristote parle de « purgation de l'âme» ou de «catharsis» : lorsque l'on assiste à une pièce de théâtre représentant certaines passions de façon outrée, on purge en soi ces passions. Freud va plus loin à l'aide de la théorie psychanalytique.

Selon lui en effet, l'artiste est un «introverti qui frise la névrose» (Introduction à la psychanalyse), c'est-à-dire un homme animé de désirs d'origine sexuelle que la réalité ne saurait satisfaire à cause des tabous, des interdits, des codes sociaux, etc.

Freud montre alors qu'il se détourne de la réalité par la création artistique.

En se concentrant sur sa vie imaginative et en se donnant les moyens de l'incarner dans une oeuvre où chacun pourra se reconnaître, l'artiste supprime le refoulement de ses désirs inavoués et leur procure une satisfaction substitutive, détournée.

C'est le processus de « sublimation ». L'art permet donc de s'évader de la réalité au sens fort où il permet de ne pas tomber fou.

Mais Freud précise bien qu'après la sublimation, l'artiste «retrouve le chemin de la réalité ».

Il veut dire que l'artiste peut à nouveau, sans perturber l'ordre social, y retrouver sa place.

L'art a agi comme un défouloir.

Mais la création a-t-elle vraiment éloigné l'artiste des autres hommes ? Dans quel monde est-il allé se ressourcer, et comment a-t-il pu y puiser les ressources pour aimer et comprendre à nouveau la « réalité » des autres ? [II.

L'art permet d'accéder à la » vraie » réalité] [1.

L'art met au jour la réalité] Freud explique que dans la sublimation, l'artiste échange un but à l'origine sexuel et dérangeant contre un autre but, socialement valorisé.

Si bien que chacun peut se reconnaître dans l'incarnation de l'oeuvre finale.

Il faut donc que l'artiste ait saisi de la réalité des hommes quelque chose de commun.

L'art serait la mise au jour de l'essentiel, et loin. »

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