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L'absurde ?

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« INTRODUCTION Il semble que notre époque se soit inscrite sous le signe d'une absurdité générale, universelle et nécessaire.

Du Malthusianisme économique qui sévit en un monde où l'on regorge de café ou de blé sur un continent tandis que l'on meurt de faim dans l'autre, à « l'absurdisme » qui a pu sévir au moment de la libération dans certains essais 'philosophiques très à la mode à l'époque, ou de la discontinuité des formes plastiques (et singulièrement de l'art dit abstrait) aux dissonances d'une musique dodécaphonique (dite concrète), ou encore des essais d'une architecture fonctionnelle aux efforts pour instaurer des règlements anarchiques, il y a eu toute une gamme de phénomènes aisément observables où l'absurdité se retrouvait sous toutes les formes possibles et imaginables de l'art, de la science, de la religion, de la politique ou de la civilisation.

Dès lors ne serait-il pas fructueux de s'interroger sur le sens et la portée de l'Absurde ? C'est ce que l'on va tenter de faire en insistant particulièrement sur la nature, l'existence et la valeur de cette notion. 1.

NATURE DE L'ABSURDE 1.

Qu'est-ce que l'absurde ? C'est avant tout le faux, ou ce qui est, comme dit Goblot « très manifestement contraire à la raison ».

Ainsi, il n'y a pas de gaz permanent, mais un gaz permanent n'est pas en soi une absurdité.

Ce qui est contraire aux lois de la nature n'est pas nécessairement absurde.

L'absurde est ce qui ne peut se concevoir, mais encore faut-il que l'absurdité soit manifeste : une contradiction implicite ne devient une absurdité que par le raisonnement qui dégage les éléments contradictoires, et les fait apparaître tels en les rapprochant.

Dire que deux et deux font cinq est absurde, d'abord et avant tout parce que c'est faux. L'absurde, c'est le faux sens 2.

Il y a plus.

L'absurde, c'est ce qui est contradictoire, car il n'y a pas seulement dans l'absurdité une simple erreur. Dire que le cercle est carré n'est pas seulement faux, c'est surtout illogique, impossible, foncièrement contraire aux règles permanentes de la raison humaine.

Le faux sens de la version latine n'est pas toujours absurde, il est même très souvent plus logique que la véritable traduction.

Ainsi donc, l'absurde réside bien davantage dans la contradiction, comme on le voit dans cette idée d'une commune mesure entre la diagonale et le côté du carré : elle ne devient absurde que par la démonstration qui en révèle l'impossibilité (cf.

Goblot).

A cet égard, nous dirons que l'absurde, c'est le contre-sens. 3.

Toute fausseté n'étant pas une absurdité, il est trop facile d'appeler absurde ce qui est simplement contraire à l'opinion admise.

L'absurdité, dans les polémiques, sera tout simplement l'opinion de l'adversaire.

Une opinion de cette sorte est foncièrement inexacte; il ne faut se servir que très rarement du mot absurde, car l'absurdité pure et simple exige que l'erreur saute aux yeux; et cette fatuité apparaîtra, en mathématiques, dans la démonstration d'une proposition par de longs raisonnements.

La réduction à l'absurde, cet argument qui consiste à prouver la fausseté de la contradictoire (comme pour démontrer que la perpendiculaire est plus courte que toute oblique, on démontre qu'il est absurde de supposer une oblique plus courte que la perpendiculaire) illustre cette idée d'un système d'erreurs manifestes, de conséquences qui impliquent contradiction et se retournent contre les principes.

A cet égard, tout sophisme pourrait presque être appelé absurde ou « de l'absurde, disaient les Scolastiques, on peut tout déduire ».

Il est absurde, dans une toile, que la tête soit représentée par un balais vert ou le ventre par une boîte de conserves jaune d'or parce que c'est incompréhensible, dénué de sens...

Ainsi l'absurde, c'est le non-sens. II.

EXISTENCE DE L'ABSURDE 1.

A la question : l'absurde existe-t-il ? l'on est tenté de répondre spontanément par l'affirmative.

N'avons-nous pas donné tout un échantillonnage d'absurdité littéraires (lettrisme), musicales (facéties de Bela Bartok ou d'Eric Satie), plastiques (Picasso, les toiles faites avec de la boue par le peintre Dubuffet), architecturales (n'a-t-on pas l'exemple d'une maison dont le toit était formé par une piscine, ce qui avait le curieux avantage de procurer un très grand nombre d'infiltrations à tous les étages; ou bien un très grand nombre de pavillons dont toute la peinture était achevée, lorsque l'on s'aperçut que l'on avait oublié la tuyauterie), politiques (ces certificats de vie que des personnes existantes et en parfaite santé étaient obligées de fournir à l'autorité d'occupation), etc.

Cependant, l'on ne peut parler d'absurdité qu'à partir du moment où la contradiction s'articule à un principe ou une vérité démontrée et non avec une loi de la nature.

Car les lois de la nature ne sont que des faits généralisés : elles ne sauraient donc prévaloir contre les faits, puisqu'elles n'en sont que l'expression abrégée, et, dès lors, un fait nouveau qui semble contredire des lois anciennes ne doit nullement être taxé pour cela d'absurdité. 2.

'L'on peut dire de l'absurde qu'il n'existe jamais en fait, mais que sa réalité est essentiellement théorique; il existe en pensée ; c'est la pensée qui est absurde et non l'être.

En effet, pour que l'absurdité soit contrôlée il faut un jugement.

Et c'est par ce jugement qu'elle pourra se manifester.

Mais aussi, toute proposition dite absurde peut se défendre d'une façon très claire ou, du moins, apparemment très plausible.

N'y a-t-il pas là une grosse difficulté ? Le raisonnement passionnel ou les longues chaînes de déductions des déments, s'ils sont entachés d'un grand nombre de paralogismes, n'en demeurent pas moins, jusqu'à un certain point, compréhensibles, voire convaincants.

Au fond, à la limite, a-t-on jamais vu un acte, une pensée, ou un raisonnement totalement absurdes ?. »

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