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La vie moderne a-t-elle pour conséquence une diminution réelle de la véritable liberté de l'esprit ?

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La vie moderne a-t-elle pour conséquence une diminution réelle de la véritable liberté de l'esprit ?

On entend par vie moderne la vie que nous menons actuellement, celle de notre époque. La modernité est liée à l’industrialisation de nos sociétés, comme le montre le film de C. Chaplin, « Les temps modernes », qui relate avec humour les transformations sociales liées à l’industrialisation du travail, c’est-à-dire à l’introduction du travail à la chaîne (taylorisme). En conséquence, la vie moderne voit l’avènement des produits manufacturés, de l’automatisation, et donc l’amélioration du confort de vie grâce au développement de l’électroménager, de l’automobile, puis de l’électronique et aujourd’hui de l’informatique et des télécommunications. La vie moderne est désormais envahie d’outils, l’homme moderne est sur-équipé, et ses performances accrues. Si la vie moderne rend donc l’homme plus compétent, en revanche il semble qu’il soit aussi plus dépendant de ses multiples instruments dont il ne peut désormais plus se passer. Cette privation d’autonomie impacte-t-elle la pensée humaine ? La vie moderne aliène-t-elle l’homme en diminuant sa véritable liberté de l’esprit ?

 

  • 1ère partie : La vie moderne libère l’homme des contraintes serviles que la nature lui impose et libère son esprit.

 

  • 2ème partie : Mais la vie moderne créée sans cesse de nouveaux besoins et envahit l’esprit humain.
  • 3ème partie : La vie moderne peut encourager l’esprit humain à se développer librement.

 

 

« Introduction : On entend par vie moderne la vie que nous menons actuellement, celle de notre époque.

La modernité est liée à l'industrialisation de nos sociétés, comme le montre le film de C .

Chaplin, « Les temps modernes », qui relate avec humour les transformations sociales liées à l'industrialisation du travail, c'est-à-dire à l'introduction du travail à la chaîne (taylorisme).

En conséquence, la vie moderne voit l'avènement des produits manufacturés, de l'automatisation, et donc l'amélioration du confort de vie grâce au développement de l'électroménager, de l'automobile, puis de l'électronique et aujourd'hui de l'informatique et des télécommunications.

La vie moderne est désormais envahie d'outils, l'homme moderne est sur-équipé, et ses performances accrues.

Si la vie moderne rend donc l'homme plus compétent, en revanche il semble qu'il soit aussi plus dépendant de ses multiples instruments dont il ne peut désormais plus se passer. Cette privation d'autonomie impacte-t-elle la pensée humaine ? La vie moderne aliène-t-elle l'homme en diminuant sa véritable liberté de l'esprit ? 1ère partie : La vie moderne libère l'homme des contraintes serviles que la nature lui impose et libère son esprit. « C'est l'avènement de l'automatisation qui libérera l'humanité de son fardeau le plus ancien et le plus naturel, le travail, l'asservissement à la nécessité », écrit Hannah A rendt dans La condition de l'homme moderne.

On peut alors penser que l'homme moderne, qui n'est plus obligé de consacrer tout son temps et toute son énergie à la seule acquisition de ses moyens de subsistance via le travail a l'esprit d'autant plus libéré. En effet, comme l'indique A ristote en Métaphysique (livre Alpha, chap 2), le loisir est la condition sine qua non (= absolument nécessaire) de l'activité philosophique.

On comprend bien qu'un homme qui passe toute sa journée à travailler à la sueur de son front est trop fatigué pour réfléchir encore une fois rentré chez lui.

C 'est pourquoi la modernité qui soulage les hommes des tâches pénibles, les dispose davantage à développer leur pensée, leur réflexion, leur imagination. L'esprit et le corps sont liés dans un même être humain, mais pour que l'esprit soit véritablement libre, il faut qu'il ne soit pas aliéné au corps, c'est-à-dire soumis au corps et utilisé pour la seule satisfaction des besoins corporels.

A insi, Platon explique au livre X de La République, que la vraie nature de l'âme (c'est-à-dire la partie spirituelle de l'homme, qui est à l'origine de sa pensée) n'est révélée que lorsqu'elle est considérée pour elle-même, détachée du corps qui l'attache au sensible, c'est-à-dire à la réalité concrète, aux besoins vitaux, aux appétits les plus triviaux et aux intérêts pragmatiques.

Dans le Gorgias Platon conseille par la bouche de Socrate qu'il met en scène de faire taire les appétits corporels, en prodiguant les soins suffisants au corps afin de pouvoir se consacrer aux intérêts plus élevés de l'âme, qui sont le désir de vérité et la recherche du bien.

Ainsi, la modernité, en favorisant le confort et en assurant bien-être et sécurité aux individus, permet de reléguer la recherche de la satisfaction des besoins vitaux à un rang moins imposant, qui permet alors la libre activité de l'esprit. 2ème partie : Mais la vie moderne créée sans cesse de nouveaux besoins et envahit l'esprit humain. Pourtant, si avec la modernité, l'homme est de moins en moins soumis et contraint par les impératifs naturels biologiques dont l'automatisme le libère, ces impératifs se transforment en nécessité sociale, tout aussi asservissante et nécessaire. Hannah Arendt pense dans La condition de l'homme moderne que l'homme, « délivré des chaînes du travail », perd en même temps le sens de l'existence et oublie « les activités les plus enrichissantes » telles que la conversation, la recherche scientifique, la politique, les arts, la philosophie.

En effet, elle explique que les individus qui ne ressentent plus la pénibilité du travail n'apprécie plus leur force de production, et leur capacité à créer.

Au lieu de s'activer à autre chose, ils se laissent aller, et dépérissent.

Ils n'ont plus l'impression de gagner leur liberté, car elle leur semble acquise, et la notion d'effort, qu'il soit physique ou intellectuel disparaît au risque de voir les hommes sombrer dans un état encore plus animal qu'ils ne l'étaient. Pour A rendt, le travail, par ce qu'il est acte de production, et activité sociale, humanise l'homme, et est donc condition de la vivacité de l'esprit.

C'est en vivant avec les autres que les hommes, par un principe d'émulation, développe leur vie intellectuelle, au travers de la conversation, des débats d'opinion, de la recherche en commun, de la coopération et de l'échange.

Au contraire de cette dynamique, la vie moderne tend à déshumaniser l'homme, qui n'est plus en contact que de machines, qui agit toujours par outils interposés, que ce soit pour communiquer (téléphone, Internet) pour échanger (carte de crédit…), s'informer (multimédia…), pour agir (l'informatisation commande tout).

L'homme moderne devient un être perdu et soumis aux machines plus puissantes que lui, à l'instar de C harlot pris dans les rouages de la chaîne de montage de l'usine dans laquelle il est ouvrier.

L'homme moderne aujourd'hui n'a plus besoin de réfléchir car les machines le font pour lui.

Son esprit est donc endormi, car il n'est plus sollicité.

Même le « loisir » devient modernisé, et formaté par des normes sociales, des phénomènes de modes, des politiques moralisatrices, il ne permet plus la libre expression de l'esprit. La vie moderne à enivrer l'homme d'un désir insatiable de progrès et d'amélioration du confort matériel, et l'envahit de multiples besoins, qui deviennent nécessaires alors qu'ils étaient superflus auparavant.

A insi, l'homme satisfait d'avoir une machine à laver le linge, veut ensuite une machine à laver la vaisselle.

A ujourd'hui l'Internet « haut débit » ne suffit plus, on recherche le « très haut débit ».

L'homme moderne recherche le toujours plus « high-tech », et il est aliéné à de multiples désirs matériels qui sont autant d'entrave à la liberté de l'esprit. 3ème partie : La vie moderne peut encourager l'esprit humain à se développer librement. La vie moderne ne diminue pas nécessairement la liberté de l'esprit.

L'homme est toujours libre de son esprit, et vie moderne ou pas, les désirs qui peuvent l'entraver, sont toujours les même en tant qu'ils restent triviaux et subordonnés au corps.

Le remède donné par Platon dans Gorgias reste donc opérant : l'homme ne doit pas se livrer tout entier à ses passions, mais les subordonner à sa raison qui dompte la partie appétitive de l'âme et permet à sa partie rationnel de commander, et ainsi, à l'esprit d'agir librement.

Si la vie moderne peut éveiller chez l'homme de nouveaux appétits par les avancées techniques et scientifiques qu'elle a permises, tels que le désir de la vitesse, et le désir d'immortalité, par exemple, ce progrès peut avoir un versant bénéfique, en stimulant la recherche et le désir de progresser davantage. C'est parce qu'il se créer de nouveaux besoins que l'homme progresse.

Rousseau explique dans le Discours sur l'origine et les inégalités parmi les hommes que c'est en découvrant homme sa faculté de perfectionner que l'homme commence à progresser, à inventer, à transformer la nature à son avantage, et à chercher à devenir plus puissant, plus heureux, plus considéré de ses pairs.

La modernisation est donc liée à la perfectibilité de l'homme, elle témoigne de la vigueur de l'esprit humain, qui ne cesse de se déployer pour dépasser sans cesse sa condition initiale.

La vie moderne ne diminue donc nullement la véritable liberté de l'esprit, car elle la stimule sans cesse. Conclusion : La vie moderne, parce qu'elle libère l'homme des contraintes pénibles liées à la satisfaction de ses besoins vitaux (se procurer sa nourriture, assurer sa protection), grâce au développement technique qu'elle met en place, est en mesure de libérer davantage l'esprit humain, qui ne semble plus aliéné au corps (aux appétits corporels).

Toutefois, le danger de l'automatisation est de faire perdre à l'homme la conscience de son pouvoir créateur, et au lieu d'orienter son esprit, elle peut en anéantir au contraire toute stimulation.

En effet, la contrainte, qui implique la résistance, associée à la vie collective et solidaire que met en en œuvre le travail, maintiennent la conscience éveillée, et encouragent les hommes à affirmer avec plus de vigueur leur liberté.

Le confort de la vie moderne risque alors a contrario d'endormir l'esprit humain.

Néanmoins, même endormi, il n'en peut pas être diminué pour autant, et on peut espérer que la vie moderne, à l'inverse d'abrutir l'esprit, le stimule davantage encore en l'avivant par ses attraits, qui l'invitent à moderniser toujours plus, c'est-à-dire à créer, inventer, se dépasser.

C ar, en effet, le progrès des sciences et des techniques, l'automatisation et l'informatisation, sont bels et bien des produits de l'esprit humain.. »

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