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La vie est-elle concevable sans le langage ?

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« Au sens large, le langage apparaît comme un moyen d'expression et de communication, par l'usage de signes. Il peut donc être conçu comme appartenant aux animaux dits sociaux, comme les fourmis, les abeilles et les primates.

Mais au sens strict, le langage se définit par son caractère symbolique, qui permet de dissocier ce qui est exprimé de la réalité présente, et son caractère systématique, qui permet, à partir d'un nombre fini d'éléments, d'exprimer une infinité d'énoncés à partir de règles de combinaisons.

Par ces caractéristiques, on peut soutenir que le langage est propre à l'espèce humaine.

S'il semble donc aller de soi que la vie, prise au sens général de l'ensemble du vivant, ne va pas toujours de pair avec le langage, on peut se demander s'il est possible de concevoir une vie humaine sans cette faculté et les productions qu'elle permet.

Le langage est-il dans un rapport essentiel à la vie, est-il partie prenante de la définition même de la vie humaine, ou n'est-il qu'une faculté isolable, artificielle, qui s'ajoute à elle de manière contingente ? Nous nous interrogerons dans un premier temps sur ce que peut signifier une vie sans le langage, avant de penser le langage comme faculté première et fondamentale de la vie humaine.

On pourra alors se demander si le rapport de l' homme à sa propre vie peut être concevable sans le langage. 1° Une vie sans langage est-elle naturelle ou contre-nature ? Il semble bien à première vue que dans la mesure où l'absence de langage n'atteint pas les fonctions essentielles de la vie, il est possible de concevoir une vie sans langage : le cas des enfants sauvages, dont le plus célèbre est Victor de l'Aveyron, montre qu'un enfant qui n'a pas pu apprendre le langage peut atteindre une socialisation minimale et un rapport au monde suffisants à la satisfaction des besoins vitaux.

Une telle vie sans langage, qui apparaît comme un sorte de vie à l'état de nature, pourrait donc amener à penser que le langage est une institution artificielle, culturelle, qui n'a rien à voir avec la dimension naturelle de la vie.

Cependant, sous cette apparence naturelle, une telle vie peut être dite contre nature par rapport à la nature de l'homme : le biologiste Monod, dans Le Hasard et la Nécessité, pense l'évolution de l'espèce humaine à partir d'un cercle entre le développement du langage et celui du cerveau.

Le langage est le fruit de l'augmentation du volume cérébral, mais il en est aussi la cause, car il engendre l'exercice des facultés et crée un avantage sélectif : en ce sens, la vie humaine, même dans son sens purement biologique, n'est pas concevable sans le langage, puisque l'homme ne se serait pas développé tel qu'il est sans lui. 2° Le langage apparaît chez l'homme de manière nécessaire et soustend la vie humaine Rousseau, dans l'Essai sur l'origine des langues, pense l'origine du langage dans un rapport de nécessité avec la nature et la vie humaines.

Si le langage est propre à l'homme, c'est que contrairement aux animaux, l'homme n'est pas uniquement un être de besoins, qui peuvent être satisfaits sans langage, mais un être possédant des sentiments moraux : le langage naît pour exprimer la pitié ou la colère, l'amour ou la haine.

Il permet alors le développement de la pensée, au point qu'il n'est pas possible de penser sans langage.

On ne peut alors concevoir une vie sans langage car le langage n'est pas seulement le moyen d'exprimer une pensée préexistante, mais est la pensée elle-même.

C'est par son caractère symbolique qu'il permet de former des concepts et des idées générales, détachées de la perception sensible. Ces généralisations et catégories sont à la base de notre rapport au monde, tant pour la communication qu'elles permettent que pour accéder à la connaissance des choses et pouvoir agir sur elles. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), écrivain de langue française, est passé à la postérité en tant qu'auteur des Confessions et des Rêveries du promeneur solitaire et par là même comme un des précurseurs du romantisme.

Sa brouille avec les Encyclopédistes, le succès de La Nouvelle Héloïse l'ont fait paraître plus homme de lettres que philosophe.

Le succès de son opéra (Les Muses galantes) et de sa pièce Le Devin du village, ainsi que l'intérêt qu'il a toujours porté à la musique (il donne à l'Encyclopédie des articles sur la musique), l'ont fait fréquenter la meilleure société de son temps, alors que d'autres épisodes de sa vie, plus tardifs, l'ont fait passer pour un « ennemi du genre humain ». Cependant Du contrat social (1761) fait de Rousseau un des plus grands philosophes du XVIII siècle.

C'est déjà une sorte de dissertation philosophique répondant à la question de savoir « Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les moeurs » qui l'a rendu célèbre avec le Discours sur les sciences et les arts (1750).

Et c'est à nouveau pour répondre à une question mise au concours par l'Académie de Dijon (« Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes, et si elle est autorisée par la loi naturelle ») que Rousseau publie (mais cette fois sans être couronné) son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755).

C'est dans ce texte, qui dénonce l'inégalité sociale comme contraire à la loi naturelle, que Rousseau, réfléchissant sur le « besoin des langues » dans l'état de nature, déclare : « Le premier langage de l'homme, le langage le plus universel, le plus énergique, et le seul dont il eut besoin, avant qu'il fallût persuader des hommes assemblés, est le cri de la nature.

» On sait que Rousseau, de manière toute théorique, fait une description d'un état de nature supposé, qui aurait existé avant l'institution de la société.

Il imagine un temps antérieur où l'homme sauvage est « épars dans les bois parmi les animaux », et remarque qu'aucun progrès n'est possible, certes sans l'aiguillon de la nécessité, mais aussi. »

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