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La vérité est-elle toujours évidente ?

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« Analyse du sujet : C e sujet aborde un thème épineux en philosophie, à savoir celui de la vérité.

La vérité est en effet une notion délicate, très difficile à cerner et à définir, et dont l'usage diffère que nous nous trouvions dans la vie quotidienne ou dans le domaine des sciences.

En effet, la phrase « ceci est vrai » peut aussi bien signifier notre assentiment à une affirmation que l'aboutissement d'une démonstration rigoureuse. Il faut se méfier, dans un tel sujet, d'une tendance habituelle à tenir pour évidente une vérité parce que rétrospectivement elle nous apparaît comme évidente.

C ette impression d'évidence « d'après coup » tranche avec l'opacité dans laquelle on se trouve avant l'investigation.

Si l'on cherche la vérité, c'est qu'elle ne doit pas être si évidente, c'est qu'initialement nous nous trouvons dans un état de doute envers ce que nous tenions pour évident. La vérité est souvent définie comme une correspondance entre une proposition et la réalité.

En effet, la réalité n'est pas susceptible d'être jugée de vraie ou de fausse, elle est indubitablement, elle existe ; je ne peux pas dire « la table est vraie », c'est la connaissance de cette réalité traduite dans un langage qui est susceptible d'être jugée de vraie ou de fausse.

Si j'affirme « il pleut », la proposition sera vraie si, de fait, il pleut, fausse s'il ne pleut pas.

Une proposition évidente est toujours vraie, dès que je l'entends je la juge vraie, je n'ai pas besoin de recourir à l'expérience. M ais la vérité ne peut se limiter à cette définition, si je dis que 2 et 2 font 4, cela se fonde-t-il sur une correspondance ? 2+2 = 4 est une vérité qui n'a pas besoin du recours de l'expérience pour être tenue pour vraie.

S'agit-il pour autant d'une évidence, une vérité éternelle fondée sur une évidence interne ? Il semble que la vérité ne soit pas toujours de l'ordre de l'évidence, il y a des cas où manifestement elle ne l'est pas et où, au contraire, elle s'oppose à ce que nous tenions pour vrai, et donc à ce qui nous paraissait évident.

L'évidence peut donc être parfois un frein à une entreprise de recherche de la vérité. Problématisation : Toute la difficulté de ce sujet, ce qui fait son intérêt philosophique, prend corps dans les interrogations suivantes : y a-t-il des vérités évidentes, et quelles sont leurs statuts particuliers ? Doit-on se laisser leurrer par le sentiment de l'évidence qui nous pousse à prendre des affirmations comme allant de s o i ? P eut-on de droit fonder une recherche de la vérité sur cette lumière intérieure de l'évidence, l'évidence est-elle ou n'est-elle pas de l'ordre de la croyance ? 1.Les vérités évidentes. a) T out d'abord, l'évidence ne peut se définir sans l'intervention d'un jugement, je juge que ceci est évident et que par conséquent cela est vrai.

Il semble qu'alors toute évidence soit tenue pour vraie, mais que, par contre, tout ce qui est vrai n'est pas évident.

Il n'y a donc pas équivalence entre vérité et évidence, tout au plus implication.

L'évidence entraîne la vérité, A est évident donc A est vrai, mais la réciproque est fausse.

Il faudrait, de plus, ajouter que l'évidence implique non pas la vérité, mais le jugement que cela est vrai.

T out ce que je tiens pour évident ne l'est peut-être pas vraiment, et donc peut être faux.

C ela est important pour bien différencier les vérités évidentes des vérités qui, en dehors de toute preuve ou de toute démonstration, ne provoquent pas le jugement : c'est évident. b) Q uelque chose d'évident ne se démontre pas, autrement dit si je dis quelque chose d'évident je n'ai pas besoin d'en dire davantage pour susciter l'assentiment de mon auditoire.

O r, sur quoi peut se fonder ce phénomène de l'évidence ? c) Descartes dans les méditations métaphysiques prétend trouver des vérités indubitables, les vérités simples et premières que nous n'avons pas besoin de démontrer.

O r, le premier mouvement des méditations est le doute.

Je doute de tout ce que je tenais pour vrai, je mets en suspens le jugement sur ce que me délivrent les sens.

Descartes ne part pas de l'évidence mais, au contraire, du doute radical, et ce n'est qu'à l'issue de cette démarche qu'il faut avoir fait, dit-il, au moins une fois dans sa vie, qu'il parvient à trouver la première vérité, qui est le cogito, « je pense donc je suis » voilà la première vérité claire et indubitable.

Les vérités premières sont des vérités évidentes dont la valeur de vérité tient dans la clarté, et dans le bon sens de chacun.

Elles ne sont pas premières d'un point de vue chronologique mais son les vérités mises en nous par Dieu et dont découlent par la déduction toutes les autres vérités.

Descartes oppose l'évidence et la simple croyance par la clarté que la première nous délivre. 2.Il y a des vérités qui ne sont pas évidentes. a) b) A priori, les vérités qui sont issues d'une recherche ne sont pas évidentes.

A u contraire, la recherche scientifique contemporaine ne se satisfait pas de l'évidence.

Même ce qui semblait le plus évident, la transmission des forces par contact s'est trouvée avec la théorie de la gravité remise en question. O r, même pour ce qui est des vérités premières, l'évidence n'est pas toujours un indicateur de vérité.

La méthode cartésienne consiste à partir des évidences pour déduire de nouvelles idées.

La démarche est mathématique, mais les mathématiques discutent précisément le statut des prémisses.

Si j'établis un certain nombre d'opérateurs et la manière dont ils fonctionnent, et à partir de là je déduis, j'établis des prémisses arbitrairement.

La démarche mathématique consiste précisément à poser des axiomes qui parfois ne sont pas évidents.

Par exemple, le nombre imaginaire i a un carré négatif.

N o u s avons tous vu étant enfant qu'un carré est toujours positif, c e l a nous semblait évident, or les mathématiques peuvent supposer le contraire, et ce mystérieux nombre imaginaire permet d'expliquer des phénomènes physiques existants. 3.Peut-on distinguer l'évidence d'une habitude. a) b) c) Le sentiment d'évidence n'est pas toujours signe de vérité.

Pour Descartes, nous l'avons vu, les vérité « claires et distinctes » se distinguent des idées confuses.

Tenir pour évident une idée confuse, cela ne peut être que le fruit d'une mauvaise foi, ou bien, des idées que l'on n'a pas interrogées, pas mises en question. M ais on peut objecter que l'évidence peut être le fruit d'une habitude plus forte encore.

Hume, philosophe empiriste, oppose à la certitude de l'évidence la force de l'habitude.

Par exemple, si je dis « le soleil se lèvera demain », je crois que le soleil se lèvera demain car la répétition du soleil qui se lève provoque la croyance par habitude.

L'évidence ne serait qu'une forte habitude.

Il faut admettre que pour le cas de cette proposition Hume voit juste, le soleil un jour ne se lèvera plus, sa vie est limitée.

Pour reprendre un exemple évoqué plus haut, la croyance à la nécessité d'un contact pour transmettre une force, il nous apparaît toujours que, si un objet tombe, c'est que quelqu'un l'a poussé.

De même, la croyance en la causalité ( que tout événement est causé) pourrait être le fruit d'une habitude. O r précisément la causalité ne pourrait pas être tenue pour vraie si je n'avais pas un cadre a priori qui « transforme » une succession temporelle A puis B en A est cause de B (A et B étant deux évènements par exemple « j'approche le feu d'un morceau de cire, le morceau de cire fond »).

C 'est la critique que Kant adresse à Hume dans la Critique de la raison pure.

Mais que la causalité existe a priori, que le monde m'apparaît comme un enchaînement causal ne me dit pas que la causalité est vraie.

Je suis peut être prisonnier des schèmes de ma perception qui me fait tenir pour évident ce qui n'est peut être pas vrai. Conclusion : L'évidence ne peut fonder la vérité.

Il faut parfois lutter contre ce qui nous apparaît comme évident, avant examen, pour chercher le vrai qui dans sa réalité est peut-être insaisissable.

Bergson entend par exemple reconquérir la vérité en luttant contre notre pente naturelle, en faisant violence à ce qui nous apparaît comme évident.. »

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