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La science pénétre-t-elle au-delà des apparences ?

Extrait du document

« A.

— Kant, et, après lui, A.

Comte, ont délimité avec précision le domaine de la science.

Il n'y a de science que des phénomènes, a dit Kant; on pourrait dire aussi bien : il n'y a de science que des « apparences », puisque c'est le sens étymologique du mot « phénomène ». Kant: La révolution copernicienne Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle de Copernic.

Le savant polonais mit enfin l'astronomie sur la voie de la science moderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogea la Terre (héliocentrisme).

Kant compare le décentrement opéré par Copernic au sien propre: jusqu'alors, on a cherché à résoudre le problème de la connaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet.

Décentrons l'objet, replaçons au centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à la périphérie.

Ainsi, affirme Kant, nous pourrons savoir en quoi la connaissance consiste au juste et quelles en sont les limites. 1.

Les objets doivent se régler sur notre connaissance Kant veut réaliser en philosophie ce que Copernic a réalisé en astronomie.

Voyant qu'il ne pouvait réussir à expliquer les mouvements du ciel en admettant que les étoiles évoluaient autour du spectateur, Copernic chercha s'il n'aurait pas plus de succès en faisant tourner l'observateur lui-même autour des astres immobiles.

En prenant modèle sur cette révolution scientifique, la métaphysique aura plus de succès : au lieu de régler la connaissance sur la nature des objets, il faut tenter de supposer que les objets doivent se régler sur notre faculté de connaître.

« Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes » (Critique de la raison pure). 2.

Phénomènes et choses en soi Les phénomènes désignent ce qui apparaît dans l'espace et dans le temps et ce dont nous pouvons faire l'expérience.

Les choses en soi, ou noumènes, désignent les réalités en elles-mêmes.

Elles ne sont pas objets d'une expérience possible et nous ne pouvons en avoir de connaissance.

Une chose en soi ne peut être donnée dans l'intuition sensible ni être appréhendée par notre entendement.

La révolution kantienne tente d'assigner des limites à la raison humaine : nous ne pouvons connaître que des phénomènes ; il n'y a donc pas lieu de se perdre dans de vaines spéculations métaphysiques. Par suite, Kant et les positivistes rejettent du domaine de la connaissance le monde des « noumènes », des réalités en soi : l'absolu, le fond des choses est inaccessible.

« La science, dit Liard (Science positive et métaphysique), ne poursuit pas des entités insaisissables ; les forces dont elle donne les formules et dont elle calcule les relations ne sont pas des puissances cachées d'où sortiraient les phénomènes.

Les êtres ont un dedans et un dehors; par leur dehors, ils constituent l'objet de la science.

Nous ne les voyons et ne les parcourons qu'en surface, l'intérieur nous en est inaccessible.

» M.

Émile Picard parle un langage analogue : « Les seules choses dont nous ayons une connaissance certaine sont les phénomènes de conscience.

Ils peuvent se partager en deux groupes que nous rapportons au monde extérieur et au monde intérieur.

Le monde extérieur est ce qui parvient à notre connaissance à travers les sens ». On voit que les savants modernes n'ont plus, en général, Ies illusions des savants d'autrefois, qui espéraient que la science finirait par trouver le dernier mot des choses.

(Cf.

RENAN, l'Avenir de la science.) B.

— Mais, si la science positive ne s'occupe pas de l'au-delà des phénomènes, est-ce à dire que l'esprit humain ne puisse pas y pénétrer ? Montrer qu'il est possible, contrairement à l'affirmation des purs phénoménistes, d'atteindre la réalité des choses, et, dans une certaine mesure, de déterminer critiquement leur essence. a) D'abord, par l'expérience externe, la réalité objective est immédiatement perçue dans la sensation de contact et de pression. b) Ensuite, et surtout, l'introspection atteint en nous non seulement les phénomènes fugitifs, mais encore l'être stable et permanent qui en est le principe.

Elle nous fournit donc les principaux éléments dont se compose la connaissance de l'absolu, puisque c'est à elle que nous devons les idées d'être, de substance, de cause, de personnalité. Une science du réel demeure possible.

C'est à la métaphysique qu'il appartient de combler les lacunes de la science.. »

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