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Est-on fondé à dire que la science ne pénètre pas au delà des apparences ?

Extrait du document

« I.

— Kant, et après lui Auguste Comte, o délimité avec précision le domaine de la science.

Il n'y a d science que des phénomènes, a dit Kant ; on pourrait dire aussi bien : il n'y a de science que des apparences, puisque est le sens étymologique du mot phénomène. Auguste Comte dira à son tour : Il n'y a de science que du relatif, ce qui e une formule analogue.

L'étude des phénomènes et de leurs relations, tel est l'objet que se propose la science moderne.

Le savant est satisfait quand il a rattaché un fait à sa cause, c'est-à-dire à un autre fait qui en est la condition.

La loi est l'expression du rapport qui unit le phénomène conditionnant au phénomène conditionné. II.

— Par suite Kant rejette du domaine de la connais-le monde des "noumènes" ou des réalités en soi, de même que les positivistes déclarent que l'absolu ou le fond des choses est inaccessible, et que nous n'avons pour nous y porter et nous y diriger ni barque, ni voile, ni boussole.

Louis Liard, dans son livre La science positive et la métaphysique, a bien précisé la conception que les modernes se font de la science : « celle-ci ne poursuit pas des entités insaisissables ; les forces dont elle donne les formules et dont elle calcule les relations, ne sont pas des puissances cachées d'où sortiraient les phénomènes.

Les êtres ont un dedans et un dehors; par leurs dehors, ils constituent l'objet de la science.

Nous ne les voyons et ne les parcourons qu'en surface, l'intérieur nous en est inaccessible ». M.

Émile Picard parle un langage analogue : « Les seules choses dont nous ayons une connaissance certaine sont les phénomènes de conscience.

Ils peuvent se partager en deux groupes que nous rapportons au monde extérieur et au monde intérieur.

Le monde extérieur est ce qui parvient à notre connaissance à travers les sens ».

Les vérités scientifiques ont donc un caractère expérimental ; nous constatons les faits par l'observation et l'expérience et nous les expliquons en les rattachant les uns aux autres.

C'est ici qu'interviennent les théories, qui sont des spéculations de notre esprit sur les réalités extérieures, spéculations où il entre toujours quelque chose de subjectif. Les savants modernes, convaincus de la relativité des théories, n'ont plus, en général, les illusions des savants d'autrefois ou des demi-savants de nos jours, qui se figuraient ou qui se figurent encore que la science est destinée à résoudre progressivement les grandes énigmes de l'univers.

Renan, dans l'Avenir de la Science, espérait que les savants finiraient par trouver le dernier mot des choses.

C'est ce qu'on pourrait appeler l'illusion du scientisme ; c'est une illusion qui n'est plus celle de la science contemporaine. III.

— Est-ce à dire que, si la science est devenue modeste, l'esprit humain a renoncé définitivement à pénétrer au delà des apparences ? Évidemment non, et c'est pourquoi la métaphysique renaît toujours de ses cendres.

Peut-être faudrait-il élargir le concept un peu étriqué de science.

Il y a une science qui dépasse le pur phénomène, c'est la science philosophique.

Déjà la réflexion atteint en nous un être, et c'est sur le modèle de la seule réalité que nous connaissions directement par intuition que nous concevons plus ou moins toutes les autres réalités. L'introspection nous fournit les principaux éléments dont se compose la connaissance de l'absolu, puisque c'est à elle que nous devons les idées d'être, de substance, de personnalité. IV.

— Par les voies de la science, il est vraisemblable que nous n'atteindrons jamais le fond des choses.

C'est par la réflexion sur nous-même que nous pouvons seulement dépasser le monde des phénomènes pour atteindre l'être. Grâce à l'expérience interne, dans laquelle l'objet et le sujet, c'est-à-dire le phénomène et l'être, se confondent, une science du réel demeure possible.

C'est à la philosophie qu'il appartient de combler les lacunes de la science.. »

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