La science est-elle une représentation rationnelle de la nature ?
Extrait du document
«
[L'observation de la nature conduit l'homme de science
à dégager des lois mathématiques valables universellement.
Ces lois sont l'exacte représentation des phénomènes
tels qu'ils se produisent.]
Les lois mathématiques expliquent les phénomènes naturels
Au XVIIe siècle, avec Kepler, Galilée, puis Newton, la nature cesse peu à peu d'être considérée comme
l'oeuvre de Dieu.
Galilée est un savant du XVI ième siècle, connu comme le véritable fondateur de la physique moderne, et l'homme auquel l'Inquisition
intenta un procès pour avoir soutenu que la Terre tournait sur elle-même et autour du soleil.
Dans un ouvrage polémique, « L'essayeur », écrit en 1623, on lit cette phrase :
« La philosophie [ici synonyme de science] est écrite dans ce très vaste livre qui
constamment se tient ouvert devant nos yeux –je veux dire l'univers- mais on ne peut le
comprendre si d'abord on n'apprend pas à comprendre la langue et à connaître les
caractères dans lesquels il est écrit.
Or il est écrit en langage mathématique et ses
caractères sont les triangles, les cercles, et autres figures géométriques, sans lesquels il
est absolument impossible d'en comprendre un mot, sans lesquels on erre vraiment dans
un labyrinthe obscur .
»
Dans notre citation, la nature est comparée à un livre, que la science a pour but de déchiffrer.
Mais l'alphabet
qui permettrait de lire cet ouvrage, d'arracher à l'univers ses secrets, ce sont les mathématiques.
Faire de la
physique, saisir les lois de la nature, c'est d'abord calculer, faire des mathématiques.
Galilée est le premier à
pratiquer la physique telle que nous la connaissons: celle où les lois de la nature sont écrites sous forme
d'équations mathématiques, et où les paramètres se mesurent.
Pour un homme du vingtième siècle cette imbrication de la physique et des mathématiques va de soi, comme il
semble évident que nous devons mesurer et calculer les phénomènes observés.
Pourtant, c'est une véritable
révolution qui se manifeste dans ces lignes : elles signent la fin d'une tradition d'au moins vingt et un siècle.
La tradition inaugurée par Aristote, et que Saint Thomas a christianisé au treizième siècle.
Pour comprendre
la portée de cette révolution qui manifeste et renforce une véritable crise de civilisation, il faut d'abord
exposer la vision du monde et des sciences qui prédominait jusqu'à Galilée.
Koyré a magnifiquement résumé le changement du monde qui s'opère entre le XVI ième et le XVII
l'univers infini ».
ième
: on passe du « monde clos à
Pour les anciens, le monde était fini, comparable à une sphère, dont le centre était la Terre, immobile au
centre du monde, et la circonférence les étoiles fixes.
L'espace est non seulement fini, clos, achevé, mais
parfaitement ordonné.
De plus, les anciens séparaient ce monde en deux zones : le supralunaire (au-dessus de la Lune), et le
sublunaire (au-dessous de la Lune).
Ils croyaient que le monde supralunaire était parfait, immuable, car on
observe à l'oeil nu que le cours des astres est régulier, et toujours identique, et l'un ne peut voir aucun
accident, aucun changement à la surface des étoiles.
Par contre, sur Terre, tout change, tout se modifie
constamment : les choses apparaissent, se transforment et meurent.
Tout est dans un perpétuel
changement.
Notre monde était considéré comme celui de la génération et de la corruption, par opposition à
celui des astres.
C'est ainsi qu'on en arrivait à penser une hiérarchie et une imitation d'un monde à un autre.
Notre monde
imparfait et changeant tentait d'imiter le caractère incorruptible et parfait du monde des étoiles.
Par exemple,
si l'individu doit mourir, en se reproduisant il perpétue l'espèce.
L'individu meurt mais l'espèce est immortelle.
Se reproduire revient à tenter d'imiter, autant qu'il se possible, l'immortalité du monde supralunaire.
On a donc un monde orienté de façon absolue.
Non seulement la Terre est le centre du monde, mais chaque
chose a sa place naturelle, chaque élément son lieu naturel.
Ainsi la pierre est attirée par la terre, et y
retombera toujours si on la lance, ainsi le feu « monte » vers son lieu naturel, l'éther.
Cette vision du mode.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Nature et société sont-elles au même titre objet de science ?
- Est-il vrai de dire de la science qu'elle est par nature inachevable ?
- Comparez la vision de la Nature que nous apporte la science et celle que nous apporte l'art ?
- Nature et société sont-elles au même titre objet de science ?
- « L’art imite la nature » ARISTOTE