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La sagesse est-elle dans la soumission à l'ordre du monde ou dans la volonté de le transformer

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« La sagesse est-elle dans la soumission à l'ordre du monde ou dans la volonté de le transformer ? INTRODUCTION.

- Tout naturellement, cherchant à satisfaire ses désirs et à réaliser ses rêves, l'homme, dans la mesure même de ses capacités physiques et morales, entreprend de domestiquer la nature et de s'en rendre maître. Il lui faut des échecs répétés pour que, déçu, il renonce à une lutte inégale et se résigne à se contenter du possible.

Si, au lieu de s'abandonner à l'entraînement naturel, il avait réfléchi comme il convient au sage, se serait-il donné tant de peine et n'aurait-il pas accepté ses conditions d'existence ? La sagesse est-elle... 1.

La sagesse est avant tout dans la soumission à l'ordre du monde.

— On pourrait faire valoir en faveur de cette réponse des arguments d'autorité et l'exemple des sages qui manifestent une sereine indifférence à l'égard des événements extérieurs : qu'on se rappelle les maximes d'Épictète, le Si fractus illabatur orbis d'Horace...

Nous ne nous arrêterons qu'aux arguments de raison. D'abord le sage éprouve du respect pour l'ordre du monde parce qu'il y voit la manifestation d'un vouloir qui le dépasse; soit que, professant un panthéisme plus ou moins explicite, il reconnaisse à la nature certains attributs de la divinité; soit que, comme les chrétiens, il voie dans tout ce qui arrive une volonté providentielle qu'il accepte et adore. Ensuite, à la différence du vulgaire, le sage garde son esprit fixé sur la fin morale de l'homme, fin qu'on peut atteindre dans une hutte de primitif aussi bien sinon mieux que dans l'appartement climatisé d'un immeuble muni de tous les conforts.

Axé sur l'essentiel, il ne se laisse pas hypnotiser par l'accessoire et ne laisse pas les moyens prendre, dans ses appréciations, la place de la fin. C'est pourquoi la sagesse s'oppose à un acharnement trop passionné dans les entreprises ayant pour but la transformation de l'ordre du monde.

Le sage cherche plutôt à se transformer lui-même et, dans la mesure on il en a la charge, ses semblables.

Or, cette transformation consiste précisément à se détacher de tout ce qui est terrestre pour s'attacher aux valeurs supérieures. 2.

Cependant, loin de la condamner, la sagesse approuve la volonté de transformer le monde.

— En effet, cette transformation peut être un moyen pour l'homme d'atteindre plus facilement sa fin d'homme.

Celui qui prononcerait contre elle une condamnation absolue oublierait que nous ne sommes pas de purs esprits, des anges. Or, comme nous en avertit PASCAL, « qui veut faire l'ange fait la bête ». Normalement le sage veut donc pour lui-même, comme conditions de la sagesse, un certain bien-être et des conditions de vie qui supposent la mainmise sur les forces naturelles : on ne pense pas en effet quand l'estomac crie famine; le manque du nécessaire au lieu de détacher des choses matérielles en rend le désir plus violent... Serait-il par impossible parvenu à un tel degré de détachement qu'il ne ressentirait plus les besoins qu'éprouve le commun des mortels, le sage voudrait pour les autres et en vue de leur progrès moral une amélioration de leur existence matérielle et par conséquent une transformation du monde. CONCLUSION.

- Ainsi nous répondons affirmativement aux deux membres Je l'alternative, car ils ne sont pas exclusifs l'un de l'autre.

Il n'est personne d'ailleurs qui ne se soumette à l'ordre du monde et qui en même temps ne travaille plus ou moins à le transformer : sans alléguer ici le mot de BACON, « on ne commande à la nature qu'en lui obéissant », tous pouvons observer qu'il est des forces cosmiques devant lesquelles l'ingénieur le plus audacieux s'arrête impuissant; d'autre part, le sage e plus passif fait bien subir au monde quelque transformation pour se nourrir, se vêtir et se loger.

La différence est plutôt dans les attitudes ;t les intentions : ce qui distingue le sage, c'est un certain respect religieux de l'ordre cosmique, la maîtrise de la volonté de puissance qui entraîne les grands actifs, souvent grands agités, qui transforment le Monde, et la subordination de tous ses efforts à la fin morale qui est la fin dernière de l'homme. On ne commande à la nature qu'en lui obéissant. BACON (Novum Organum) Les lois de la nature sont strictement déterminées.

Il n'est pas possible de les enfreindre.

Nous ne pouvons qu'y obéir. Cela ne signifie néanmoins pas que nous soyons soumis à la nature.

Le projet technique consiste à utiliser les lois de la nature pour notre utilité.

Ainsi, en obéissant aux lois de la nature, on peut la commander.

La liberté n'est pas dans l'absence de contrainte mais dans l'utilisation raisonnée de ces contraintes.. »

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