La réalité se réduit-elle à ce que nous percevons ?
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RAPPEL DE COURS: PERCEPTION & REALITE
La perception nous semble causée par un objet extérieur ; par
exemple, le soleil est cause de notre perception d'un disque lumineux
et chaud.
Pourtant, cette croyance est critiquée par les sceptiques :
rien, dans la perception, ne nous garantit l'existence d'un objet
extérieur correspondant.
Hume affirme que la perception est une
réalité en soi, qu'on ne peut considérer comme l'effet d'un objet
indépendant de la perception.
En toute rigueur, l'objet n'existe que
dans la perception, et nous n'avons aucun moyen de sortir des
perceptions pour établir l'existence d'un monde objectif distinct de
nos perceptions.
Une raison sceptique doit entretenir un doute sur
l'existence objective du monde.
Berkeley va plus loin en niant l'existence d'un monde matériel (sa
philosophie se nomme « immatérialisme »), et affirme que l'existence
se réduit au fait d'être perçu, toutes nos perceptions se focalisant
en l'esprit de Dieu, qui garantit ainsi la vérité de nos connaissances,
sans référence aucune à un objet matériel.
La perception est dans
l'esprit, non dans l'objet.
Cela contredit la croyance commune en l'existence indépendante
des objets de nos perceptions.
Aussi, si la valeur scientifique de la
perception peut être mise en doute, il faut lui accorder une valeur
pratique : nous guider dans la vie quotidienne et nous procurer une
relation esthétique au monde.
De fait, l'aïsthésis, mot grec d'où vient
« esthétique », désigne notre perception sensible du monde.
Introduction :
L'expérience du rêve peut susciter en nous un étonnement à propos de ce qui est réel : il semble bien relativiser ce
que l'on perçoit comme réel.
Pourtant, la définition traditionnelle du réel est contenue dans les objets que nous
percevons.
Mais n'est-ce pas trop réducteur puisque notre conscience peut faire advenir des représentations
oniriques, réelles en elles-mêmes ? Il est difficile de fonder ce qui outrepasse la perception sensible.
Mais est-ce à
dire pour autant que ce que nous percevons pas n'existe pas ? La perception du réel semble alors s'enraciner dans
le sujet percevant, de sa capacité et sa motivation à percevoir.
N'est-ce pas lui qui construit le réel ? La perception
ne devient-elle pas alors qu'une possibilité pour lui d'appréhender le réel ?
Développement :
[ I) OUI ] Exister, c'est avant tout être perçu.
[ A) parce que ] Les objets sont des combinaisons de perceptions sensibles.
De quelles choses disons-nous qu'elles existent ? Nous disons que ce crayon existe, que cette main existe...Or que
sont ces objets, sinon des combinaisons de perceptions corporelles ?
Øex) une main, c'est une certaine forme et une certaine composition de couleurs qui sont perçues par la
vue, et certaines sensations du toucher.
Ø cf) Merleau-Ponty dans Phénoménologie de la perception : on prétend connaître la composition d'un
appartement qu'à partir de la situation du corps percevant.
Quand on parle d'un appartement, ce sont les
différentes parois et les différents angles perçus tour à tour par ma vue conditionnée par la situation corporelle de
ma tête.
[ B) parce que ] La connaissance de ce qui existe ne peut se faire au-delà du champ expérimental.
Quel autre critère avons-nous de l'existence des choses ? Une chose qui ne serait ni vue, ni entendue, ni sentie, ni
touchée, ni goûtée ne serait absolument rien pour nous :le fait qu'elle existe ou qu'elle n'existe pas ne ferait aucune
différence pour nous.
Ø cf) Kant dans Critique de la raison pure : la connaissance, la prise de conscience des choses extérieures
à l'homme dépend de la perception sensible de ces choses dans le champ expérimental ; au-delà de celui-ci, nous
tombons dans les représentations inconditionnées, voire dans les représentations dogmatiques.
[ Transition ] On ne peut donc qualifier de « réel » que ce que nous pouvons sentir par nos sensations conscientes.
Pourtant si les objets ne sont que nos perceptions, disparaissent-ils quand nous ne les percevons pas ? Autrement
dit, est-ce que l'existence des objets dépend de notre perception sensible et individuelle ? Ce que je ne perçois
n'existe-t-il pas pour autant dans la mesure où, si je suis amené à les découvrir, ils peuvent me surprendre ?
[ II) OUI, mais ] Exister, c'est pouvoir être perçu et aussi percevoir.
[ A) parce que ] Réduire le réel à la perception sensible momentanée est trop radical
Si les objets n'existent que dans la mesure où ils sont perçus, ils cessent d'exister quand personne ne les regarde.
Pourtant, la table devant moi est-elle détruite quand je ferme les yeux ? Une telle position est peu crédible car je.
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