Aide en Philo

La puissance du langage peut-elle être redoutable ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet Le langage, c'est l'ensemble des signes qui permettent aux hommes (on peut parler certes d'un langage animal, mais il ne s'agit pas d'un langage articulé élaboré et fin tel que les hommes le connaissent) de communiquer entre eux.

La puissance du langage, c'est son pouvoir, ce qu'il fait et ce qu'il est capable de faire, dans ses différents usages.

Ces usages peuvent en effet être simplement communicatifs et informatifs, mais ils peuvent aussi avoir vocation à dominer – que l'on pense par exemple à l'usage politique de l'art rhétorique.

On parle également du pouvoir blessant du mot, de leur pouvoir d'envoûtement : il semble bien que l'on ne puisse réduire la puissance du langage à la simple communication informative. Proposition de plan I.

Le langage comme mode de communication neutre Il convient en premier lieu de donner une définition aussi complète que possible des fonctions essentielles du langage, afin de ne pas courir le risque de le réduire à un moyen de domination redoutable et de dégager les mécanismes de base qui permettraient de rendre compte de cette domination et d'expliquer son existence. Alain « Nous passons tous par cette expérience décisive, qui nous apprend en même temps la parole et la pensée.

Nos premières idées sont des mots compris et répétés.

L'enfant est comme séparé du spectacle de la nature, et ne commence jamais par s'en approcher tout seul ; on le lui montre et on le lui nomme.

C'est donc travers l'ordre humain qu'il connaît toute chose ; et c'est certainement de l'ordre humain qu'il prend l'idée de lui-même, car on le nomme, et on le désigne lui-même, comme on lui désigne les autres.

L'opposition du moi et du non-moi appartient aux théories abstraites ; la première opposition est certainement entre moi et les autres ; et cette opposition est corrélation ; car en l'autre je trouve mon semblable qui me pense comme je le pense.

Cet échange, qui se fait d'abord entre la mère et l'enfant, est transporté peu à peu aux frères, aux amis, aux compagnons.

Ces remarques sont pour rappeler qu'en toutes les recherches sur la nature humaine, il faut se tenir très près de l'existence collective, si naturelle à tout homme, et en tout cas seule possible pour l'enfant.

» Chomsky, Le langage et la pensée « Il est important de comprendre quelles propriétés du langage frappaient le plus Descartes et ses disciples.

La discussion de ce que j'ai appelé « l'aspect créateur de l'utilisation du langage » tourne autour de trois observations importantes.

La première est que l'utilisation normale du langage est novatrice, en ce sens qu'une grande part de ce que nous disons en utilisant normalement le langage est entièrement nouveau, que ce n'est pas la répétition de ce que nous avons entendus auparavant, pas même un calque de la structure quel que soit le sens donné aux mots « calque » et « structure » de phrases ou de discours que nous avons entendus dans le passé.

C'est un truisme, mais un truisme important, souvent oublié et bien des fois nié au cours de la période behaviouriste de la linguistique, durant laquelle on proclamait presque universellement qu'on peut représenter la connaissance qu'a une personne du langage comme une réserve de modèles (patterns) appris par une constante répétition et un minutieux entrainement, l'innovation n'y étant tout au plus qu'un problème d'« analogie ».

On peut tenir pour acquis, cependant, que le nombre de phrases de la langue maternelle qu'on comprendra immédiatement sans aucune impression de difficulté ou d'étrangeté est astronomique.

Le nombre de modèles sous-tendant notre utilisation normale du langage et correspondant à des phrases douées de sens et facilement compréhensibles atteint également un ordre de grandeur supérieur au nombre de secondes dans une vie humaine.

C'est en ce sens que l'utilisation du langage est novatrice.

» II.

Le pouvoir du langage ; le langage comme moyen de domination On peut alors envisager le coeur du problème : le caractère redoutable du langage ; il faudra définir les modes de fonctionnement de la domination (par quoi passe-t-elle ? envoûtement ? brio technique ? exploitation de l'ignorance de ceux à qui on s'adresse ?) et observer les cadres dans lesquels cette efficace redoutable du langage peut se manifester (contexte politique, contexte de domination d'une personne sur une autre... Gorgias, Eloge d'Hélène « Le discours est un tyran très puissant ; cet élément matériel d'une extrême petitesse et totalement invisible porte à leur plénitude les oeuvres divines : car la parole peut faire cesser la peur, dissiper le chagrin, exciter la joie, accroître la pitié.

(...) Dès lors, quelle raison empêcher qu'Hélène aussi soit tombée sous le charme d'un hymne, à cet âge où elle quittait la jeunesse ? Ce serait comme si elle avait été enlevée et violentée (...).

Car le discours persuasif a contraint l'âme qu'il a persuadée, tant à croire aux discours qu'à acquiescer aux actes qu'elle a commis. C'est donc l'auteur de la persuasion, en tant qu'il est cause de contrainte, qui est coupable ; mais l'âme qui a subi la persuasion a subi la contrainte du discours, aussi est-ce sans fondement qu'on l'accuse.

» III.

La relation du langage à l'homme On pourra alors cerner les limites de cette idée d'une efficace redoutable du langage, en montrant que cette. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles