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La politique doit-elle tenir compte de la morale ?

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« Interrogez-vous d'abord sur les rapports qui existent entre la politique et la morale avant même de chercher à savoir si les deux dimensions s'opposent.

La politique doit-elle réaliser la morale ? Doit-elle donner à la société des institutions qui lui permettent de conduire les citoyens à la morale ? Chez les philosophes grecs comme Platon ou Aristote, la politique ne peut pas se concevoir sans la morale (c'est d'ailleurs en raison de cette liaisons nécessaire que Platon considère que les philosophes doivent devenir rois ou que les rois doivent être philosophes mais c'est essentiellement parce qu'il reste marqué par le scandale de la condamnation de Socrate , cf.

Lettre VII).

La politique doit être une extension de la morale dans le droit, les lois, les tribunaux, les institutions.

Mais en même temps, les exigences de la morale sont parfois en contradiction avec les réalités de la politiques.

Le bon politicien n'est pas toujours quelqu'un de moral et pourrait même aller jusqu'à dire que des principes rigides dans ce domaine sont comme une entrave à ses projets.

A ce titre, une lecture de quelques textes du Prince de Machiavel vous sera très utile.

(Vous trouverez sur le site quelques morceaux choisis dans la rubrique " textes ".) Alors qu'est-ce qu'une société dans laquelle la morale et la politique s'opposent ? En politique, la fin justifie-t-elle les moyens ? Le champ politique doit-il faire abstraction de la morale pour être efficace ? [Pour exercer un pouvoir efficace, les gouvernants ne peuvent souvent pas s'embarrasser de considérations morales.

Pour conquérir et conserver le pouvoir, tous les moyens sont bons.

La «raison d'État» ne s'embarrasse pas de morale.

Un prince qui fait preuve de faiblesse court à sa perte.] « Aussi est-il nécessaire au prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon.

» MACHIAVEL En 1513, Machiavel, diplomate originaire de Florence, achève la rédaction du « Prince ».

Suite à un bouleversement politique à Florence, il avait été contraint d'abandonner ses fonctions et de se retirer.

Il profita de cet exil pour rédiger une sorte de traité expliquant à un chef politique la façon de sauvegarder son pouvoir et même d'accéder à la gloire. L'idée d'un tel ouvrage, constitué par des conseils adressés à un prince, n'était pas neuve en elle-même.

Il existait déjà de nombreux « miroirs des princes » et Machiavel s'insère donc dans une tradition.

Mais il rompit avec l'usage et provoqua le scandale par la manière dont il aborda le problème.

On vit en lui une nouvelle incarnation de Satan et, aujourd'hui encore, quelques commentateurs continuent de le considérer comme un « apôtre du mal ». Le discours humaniste du temps, que récuse Machiavel, s'inspirait des moralistes latins et notamment de Cicéron.

Pour ce dernier et ceux qui se rattachaient à sa pensée au XV ième, la gloire du chef reposait sur une bonne gestion allant de pair avec une conduite vertueuse, cad conforme aux exigences de la morale. Machiavel s'inscrit en faux contre cette thèse.

Le souci premier du Prince doit être de conserver son pouvoir et même de l'accroître à l'occasion.

Si les hommes étaient bons, il pourrait le faire sans jamais s'écarter des grands principes moraux universellement admis.

Mais les hommes sont pour la plupart méchants quand on ne les force pas à être bons.

En conséquence, le Prince sera vertueux, au sens courant du terme, si le contexte le permet, et il ne le sera pas si la situation le lui impose.

En cas de nécessité, il pourra faire des entorses aux grands principes.

Il lui sera loisible d'agir contre la parole donnée, contre la charité, contre l'humanité (le respect de l'homme) et même contre la religion.

La fin justifie les moyens. Cette idée est exprimée en plusieurs endroits du « Prince » et de « Discours sur la première décade de TiteLive », et, en particulier, dans le chapitre XV du « Prince » : «Car qui veut entièrement faire profession d'homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d'autres qui ne sont pas bons.

Aussi est-il nécessaire au Prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon, et d'en user ou n'user pas selon la nécessité.

». Après avoir, dans les premières pages du « Prince », envisagé les différentes formes de gouvernement, Machiavel décide de centrer son propos sur la situation qui peut paraître la plus précaire, celle d'un prince nouveau et qui a été mis en place par une armée étrangère.

Quels principes doit mettre en oeuvre ce prince pour se conserver et pour conserver son pouvoir ? Le « Prince » tout entier se propose de répondre à cette question. Machiavel pense que l'on peut tirer des leçons de l'histoire.

En étudiant le comportement des grands hommes, en analysant les causes de leurs échecs ou de leurs succès, il est possible de dégager les principes sur. »

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