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Kant: Politique et morale

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La raison (...) énonce en nous son veto irrésistible : Il ne doit y avoir aucune guerre ; ni celle entre toi et moi dans l'état de nature, ni celle entre nous en tant qu'Etats, qui bien qu'ils se trouvent intérieurement dans un état légal, sont cependant extérieurement (dans leur rapport réciproque) dans un état dépourvu de lois - car ce n'est pas ainsi que chacun doit chercher son droit. Aussi la question n'est plus de savoir si la paix perpétuelle est quelque chose de réel ou si ce n'est qu'une chimère et si nous ne nous trompons pas dans notre jugement théorique, quand nous admettons le premier cas, mais nous devons agir comme si la chose qui peut-être ne sera pas devait être, et en vue de sa fondation établir la constitution (...) qui nous semble la plus capable d'y mener et de mettre fin à la conduite de la guerre dépourvue de salut vers laquelle tous les Etats sans exception ont jusqu'à maintenant dirigé leurs préparatifs intérieurs, comme vers leur fin suprême. Et si notre fin, en ce qui concerne sa réalisation, demeure toujours un vœu pieux, nous ne nous trompons certainement pas en admettant la maxime d'y travailler sans relâche, puisqu'elle est un devoir.

« La raison (...) énonce en nous son veto irrésistible : Il ne doit y avoir aucune guerre ; ni celle entre toi et moi dans l'état de nature, ni celle entre nous en tant qu'États, qui bien qu'ils se trouvent intérieurement dans un état légal, sont cependant extérieurement (dans leur rapport réciproque) dans un état dépourvu de lois - car ce n'est pas ainsi que chacun doit chercher son droit.

Aussi la question n'est plus de savoir si la paix perpétuelle est quelque chose de réel ou si ce n'est qu'une chimère et si nous ne nous trompons pas dans notre jugement théorique, quand nous admettons le premier cas, mais nous devons agir comme si la chose qui peut-être ne sera pas devait être, et en vue de sa fondation établir la constitution (...) qui nous semble la plus capable d'y mener et de mettre fin à la conduite de la guerre dépourvue de salut vers laquelle tous les États sans exception ont jusqu'à maintenant dirigé leurs préparatifs intérieurs, comme vers leur fin suprême.

Et si notre fin, en ce qui concerne sa réalisation, demeure toujours un vœu pieux, nous ne nous trompons certainement pas en admettant la maxime d'y travailler sans relâche, puisqu'elle est un devoir. Emmanuel Kant, Métaphysique des mœurs, Première partie : Doctrine du droit. I - LES TERMES DU SUJET On peut relever dans le texte quelques notions clés : A - LE DEVOIR Il est ici question d'un impératif de la raison qu'il faut distinguer du fait (c'est-à-dire ici des conflits ou guerres qui peuvent régner entre individus ou États). B - LA PAIX Elle est ce vers quoi doivent tendre toutes nos actions.

Elle signe ainsi la fin au sens d'achèvement d'un état de guerre où règnent des relations antagonistes et violentes entre les États. C - LA FIN Le terme doit être entendu ici comme ce vers quoi l'homme tend, la finalité de ses actions, comme un idéal qui est au principe de celles-ci. II - L'ANALYSE DU PROBLÈME L'analyse de Kant repose sur l'opposition du fait et du devoir, de la théorie et de la pratique. Elle fait valoir que la paix est l'horizon de l'histoire : les conflits armés que l'on observe ne doivent en aucun cas nous conduire à renoncer à cet idéal. Dès lors, cet idéal apparaît comme ce qui doit guider de façon inconditionnelle nos choix et nos actions, et déterminer sur le plan politique la constitution la plus conforme à cette fin suprême. III - UNE DÉMARCHE POSSIBLE A - LES ETAPES DE L'ARGUMENTATION 1) "La raison [...] chercher son droit". Kant énonce ici un constat : la suppression de la guerre, celle qui règne à l'état de nature entre individus ou celle qui affecte les Etats -qui sont d'ailleurs les uns à l'égard des autres dans une situation comparable à l'état de nature puisqu'il n'existe aucune instance régulatrice pour régler les conflits- est un impératif de la raison. En effet, si la sphère du droit peut se développer, c'est à la seule condition de faire de cet impératif, le principe des décisions et des actions dans le domaine politique sur le plan des nations et sur le plan international. La raison est ici présentée comme une voix ("énonce") qui dicte un refus de la guerre à laquelle la conscience ne saurait se soumettre. 2) "Aussi la question [...] vers leur fin suprême." Kant tire une première conséquence de ce constat initial sur le plan politique : au lieu de s'interroger sur la réalité effective de la paix, il faut (c'est un impératif moral) agir comme si cette paix devait se réaliser et établir la constitution, c'est-à-dire l'ordre des lois le plus conforme à l'établissement et à la réalisation de la paix perpétuelle. Que les états se soient jusqu'ici davantage préoccupés d'établir leur hégémonie au prix de l'extension de la violence, ne. »

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