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La poésie et le caractère poétique du langage ?

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« Termes du sujet: LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.

2) Tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).

Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines. On peut définir le langage comme un système de signes ordonnés suivant des règles.

Il est une spécificité humaine dans la mesure où il comporte des caractéristiques propres absentes de la communication animale, en particulier sa plasticité et son caractère articulé, qui rendent possible une infinité de combinaisons à partir d'un nombre réduit d'éléments. CARACTÈRE (n.

m.) 1.

— Signe distinctif servant à reconnaître un objet.

2.

— (Lato) Propriété (FREGE distingue les caractères du concept et les propriétés de l'objet).

3.

— (Psycho.) Ensemble des propriétés d'un individu.

4.

— Caractérologie : classification ou étude des caractères au sens 2.

5.

— Caractéristique : a) Art de bien représenter les pensées par des signes ; pour LEIBNIZ, la caractéristique universelle est une écriture servant au raisonnement (— algèbre universelle).

b) Caractère spécifique. La poésie est précisément cet art dont la recherche est de dire ce qui ne peut pas être dit dans le langage de la prose.

Elle se bat avec l'ineffable : entreprise chimérique qui en fait toute la beauté et la difficulté.

Aussi est-il dans l'essence de la poésie d'être obscure, mystérieuse, insaisissable.

Par le langage poétique, nous vivons l'aventure, l'alchimie du verbe.

Nommer une réalité, c'est nous la faire étudier dans ce qu'elle a de plus beau, telle que nous ne l'expérimenterons jamais. Mais la poésie dépasse, transcende le langage, elle n'est possible que parce que le langage lui-même est, en son essence, poétique, c'est-à-dire symbolique, métaphorique.

Tout signifiant est au fond une métaphore et renvoie non pas au signifié mais à un autre signifiant.

Ainsi en va-t-il d'expressions comme « mettre les voiles »... Le langage est aussi hypostasiant, c'est-à-dire qu'il présente la matérialité du signe comme étant l'idéalité du signifié, il fait vivre la présence du signe comme étant la présence de la signification.

Autrement dit, le langage donne l'être, fait vivre l'irréel comme le réel. Il suffit parfois de nommer une chose, une ville ou un pays, par exemple, pour que le nom devienne réalité : « Le nom de Parme, une des villes où je désirais le plus aller depuis que j'avais lu La Chartreuse, m'apparaissant compact , lisse, mauve et doux, si on me parlait d'une maison quelconque de Parme dans laquelle je serais reçu, on me causait le plaisir de penser que j'habiterais une demeure lisse, compacte, mauve et douce, qui n'avait de rapport avec les demeures d'aucune ville d'Italie, puisque je l'imaginais seulement à l'aide de cette syllabe lourde du nom de Parme où ne circule aucun air, et de tout ce que je lui avais fait absorber de douceur stendhalienne et du reflet des violettes » (« Du côté de chez Swann »). L'essence du langage est donc d'être métaphorique.

Le sens ne se confond pas avec le signe.

Un langage sans métaphore impliquerait l'univocité absolue des signifiants.

Un tel langage existe mais il est artificiel : c'est le langage mathématique.

Le sens s'y confond avec le signe.

Autrement dit, le signe est entièrement dégagé de la métaphore ou du symbole, il devient entièrement adéquat à son sens.

La science a besoin d'un tel langage.

Mais dans la langue ordinaire, un langage absolument adéquat à son sens est une simple platitude. Mais que le langage soit par essence poétique ne signifie pas qu'il faille renoncer à tout effort de clarification tant il reste vrai que « ce qui se conçoit bien doit pouvoir s'énoncer clairement ». La poésie n'est pas seulement un genre littéraire, elle fait partie de la vie.

Elle implique qu'il y ait comme un reflet du monde infini qui comprend la conscience dans le monde fini qu'elle comprend.

Il semble que le langage soit dans son essence même poétique comme reflet de l'infini dans le fini.

Cette hypothèse est d'ailleurs étayée par le fait que toute communauté humaine trouve la racine de sa spiritualité dans une mythologie, et que toute mythologie est poétique ne serait-ce que par l'effort de refléter l'infini dans des images.

Et, le langage prosaïque n'est qu'une dégradation utilitaire et vulgaire du langage poétique originel. L'étymologie de la poésie renvoie à la « poiêsis », l'action de faire.

On peut penser que le poète accomplit l'acte premier, celui qui rend l'action possible, l'acte d'engendrer le sens, de révéler la profondeur du monde.. »

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