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ARISTOTE: «La poésie est plus philosophique et d'un caractère plus élevé que l'histoire...»

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« Thème 346 ARISTOTE: «La poésie est plus philosophique et d'un caractère plus élevé que l'histoire...» L'histoire n'est que le récit de faits particuliers. «La poésie est plus philosophique et d'un caractère plus élevé que l'histoire; car la poésie raconte plutôt le général, l'histoire le particulier.

» Aristote, Poétique (ive siècle av.

J.-C.). • L'histoire désigne à la fois les faits eux-mêmes et le récit, la description, des faits.

Mais ces deux sens du mot histoire sont indissociables puisque l'on ne peut appréhender les faits historiques qu'à travers un discours tenu sur eux.

Toute histoire dépend de la philosophie de l'histoire que l'on adopte pour la comprendre. • Pour Aristote, l'histoire est peu philosophique car il voit en elle un simple recueil de faits particuliers.

Presque une simple chronologie qui présente une succession d'actions singulières, sans penser les liens qui les unissent.

Le fait qu'Aristote considère le discours historique comme non philosophique indique qu'il considère l'histoire comme simplement contingente (il s'est passé telle chose, mais il aurait aussi bien pu se passer le contraire).

Il n'y a donc pas pour lui de science de la mise en ordre des faits. La poésie est, pour lui, plus philosophique et plus rationnelle, parce qu'elle permet de s'élever au-dessus du particulier, et de parler de la nature humaine en général. C’est au chapitre IX de la « Poétique » qu’Aristote, contre l’enseignement de Platon, assigne à l’art (en particulier à l’épopée et à la tragédie), un caractère philosophique qu’il récuse à l’histoire.

Ainsi déclare-t-il que « La poésie est plus philosophique que la chronique.

» La thèse d’Aristote est étrange pour un lecteur moderne.

Nous pensons l’histoire en termes de science de rigueur alors qu’ Aristote n’y voit que le récit servile des faits tels qu’ils se sont produits.

C’est la fiction même, la construction poétique qui confère à la poésie sa supériorité sur l’histoire : « La différence est que l’un dit ce qui a eu lieu, l’autre ce qui pourrait avoir lieu ; c’est pour cette raison que la poésie est plus philosophique et plus noble que la chronique : la poésie traite plutôt du général, la chronique du particulier.

» Ce n’est pas l’écriture en vers ou en prose qui donne à l’œuvre poétique son caractère (une chronique écrite en vers reste une chronique), mais le type de rapport au réel qui se fait jour dans l’œuvre. La chronique (l’histoire) s’en tient aux faits tels qu’ils se sont passés, aussi invraisemblables et illogiques qu’ils soient. En ce sens aussi, d’après Aristote, elle a très peu à nous apprendre, car les faits rapportés auraient tout aussi bien pu se produire autrement.

La chronique reste immergée dans la sphère de la contingence, du possible, du hasard.

Elle ne peut donc pas nous éclairer sur ce qui nous entoure. A l’inverse, la poésie ne s’en tient pas à la réalité, mais en produit, grâce à la fiction, une intelligence.

Elle ne traite pas du particulier, du contingent, mais du général.

« Le général, c’est le type de chose qu’un certain type d’homme fait ou dit vraisemblablement.

» L’intrigue proposée par le poète n’est pas un pur caprice imaginatif, ni un simple récit des faits : c’est une intelligence de l’action.

La fiction vise à dégager la cohérence, la vraisemblance ou la nécessité d’une action.

Tel type de personnage, placé dans tel type de situation devra logiquement se conduire de la façon décrite.

C’est la mise à jour de cette logique que le poète effectue, alors que le chroniqueur est astreint à décrire les hasards et les interférences qui peuvent perturber cette cohérence. Par exemple, Sophocle décrira dans « Antigone » non pas le caractère des héros, Antigone et Créon, mais ce que leurs types de convictions les amèneront à faire.

Le souci politique de Créon le poussera à interdire à celui des frères d’Antigone qui s’est battu contre la ville d’être enterré, et à accorder une sépulture à l’autre.

La piété religieuse et familiale d’Antigone la conduit à juger tyrannique et injuste l’édit de Créon.

La pièce décrit alors la logique d’un affrontement inévitable.

La force d’une telle œuvre (et aussi bien d’Œdipe) provient du fait que le lecteur y reconnaît des schèmes, une logique à l’œuvre dans d’autres situations, et que cette reconnaissance permet une meilleure compréhension de la réalité.

Si l’on préfère, la fiction, la mise en intrigue, épure l’histoire réelle ou supposée telle de ses scories contingentes, pour en dévoiler la pure logique. Par suite, si la conception de l’histoire qui est celle d’Aristote s’éloigne considérablement de la nôtre, il en va de prime abord de même pour sa conception de l’art.

L’intérêt premier de l’œuvre ne vient pas de l’étude psychologique des caractères, de l’étude des personnages.

L’unité de l’œuvre provient de ce qu’elle représente l’unité d’une action. « L’unité de l’œuvre ne vient pas, comme certains le croient, de ce qu’elle a un héros unique.

Car il se produit dans la. »

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