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Y a-t-il un langage poétique ?

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« Termes du sujet: LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.

2) Tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).

Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines. Introduction On a coutume de distinguer entre plusieurs usages du langage, voire plusieurs types de langages : langage ordinaire, langage scientifique, langage philosophique.

Ne devrait-on pas, dans le même ordre d'idées, se demander si ce travail sur la langue qu'est la poésie donne lieu à un type de rapport au langage et à des formes d'expression si spécifiques qu'il faille parler d'un « langage poétique » à part entière ? A ce compte, on aurait à se demander si ce « langage » n'est qu'un usage second, voire accessoire de la langue.

A moins qu'il faille voir au contraire dans la poésie la forme primitive ou la virtualité la plus haute du langage.

Ce sont bien, en tout cas, la nature et les fonctions du langage qui se trouvent mises en jeu par une telle réflexion. I - La poésie devant la linguistique 1- Conception instrumentale de la langue et fonction esthétique du langage Quel statut la poésie peut-elle bien avoir pour une science du langage ? Si la linguistique, comme nous invite à le penser M.

Martinet, ne peut que présupposer que son objet est la langue, mais réduite au rang d'instrument de communication, elle pourra difficilement voir dans la poésie autre chose qu'une activité marginale, l'exercice difficilement explicable d'une « fonction esthétique » de la langue, fonction elle-même inessentielle par rapport à celle, « centrale », de la transmission d'informations. 2 - Détermination positive de l'usage poétique du langage Le biais par lequel la linguistique peut cependant tenter d'approcher l'objet déroutant qu'est la poésie est celui de l'examen du rapport entre son et sens, signifiant et signifié.

C'est ainsi qu'un linguiste comme Jakobson croit cerner la spécificité de l'usage poétique du langage — ce qu'il appelle la poéticité — en marquant qu'y prédomine le souci du rythme, de la musicalité de la langue.

La poésie serait donc avant tout travail sur le signifiant : « la poéticité se manifeste en ceci, que le mot est ressenti comme mot et non comme substitut de l'objet nommé » (Huit questions de poétique, traduction M.

Derrida, Seuil, 1977, p.

46). La fonction émotive ou expressive met l'accent sur les sentiments ou les émotions de l'émetteur : « Centrée sur le sujet, elle vise à une expression directe de l'attitude du sujet à l'égard de ce dont on parle.

» (R.

Jakobson, Essais de linguistique générale, Seuil, p.

214). On note l'importance des interjections, marquées par des points d'exclamation : « Hélas ! je suis arrivé trop tard...

» ou « Super, tu as vu ce ciel bleu ! » La fonction impressive ou conative met l'accent sur le destinataire.

Le message exprime la volonté d'agir sur lui. Il s'agit de le convaincre, de le persuader, de l'émouvoir ou de le commander : « Allez vite ! Dépêche-toi ! » « [Cette fonction] trouve son expression grammaticale la plus pure dans le vocatif et l'impératif.» [Op.

cit., p.

216). Le vocatif, dans les langues à déclinaisons comme le latin, est le cas employé pour s'adresser directement à quelqu'un, ou à quelque chose.

En français, il est indiqué parfois par le «ô» : «ô jeunes gens ! quelle leçon ! Marchons avec candeur dans le sentier de la vertu ! » (Beaumarchais, La Mère coupable, V, 7). La fonction référentielle prédomine lorsque la situation ou la réalité désignée par le message est l'élément essentiel de l'acte de communication.

Ainsi, lorsque je dis : « le train est en retard », je me contente de transmettre. »

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