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La philosophie nous éloigne-t-elle du monde ?

Publié le 15/02/2023

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« La philosophie nous éloigne-t-elle du monde ? Intro : La philosophie, ou amour de la sagesse en grec, a deux visées principales : la connaissance, permettant d’éviter des erreurs dues à notre ignorance ou à l’emprise d’une illusion ; et le Salut dans son sens strict, consistant en une conduite de vie bonne et droite.

L’emploi de la philosophie pour atteindre ces objectifs présuppose donc une volonté de nous éloigner de notre nature, et de ne pas se laisser conduire aveuglément par notre perception du monde, alors parfois considérée comme trompeuse.

Or, la philosophie nous mènerait aussi de cette façon, paradoxalement, à une appréhension plus « vraie », plus « exacte » de ce monde qui est le nôtre. On peut donc se demander si la philosophie a plutôt tendance à nous éloigner du monde, ou au contraire à nous en rapprocher. Dans quelle mesure la philosophie nous détourne-t-elle de la réalité ? Dans quelle mesure, au contraire, guide-t-elle notre regard vers un univers inaccessible au premier abord, pourtant alors dépouillé de tout ésotérisme ? Enfin, quelle est alors la véritable visée de l’attitude philosophique ? I.

La philosophie qui détourne : A l’aube de l’âge d’or de la philosophie, dans la cité d’Athènes, les sophistes, ancêtres des philosophes, étaient tenus pour responsables de tous les malheurs de la cité.

En effet, leurs modes de pensée nouveau, diffusé parmi les citoyens contre rétribution, étaient vus par la plupart comme sources d’incertitudes et de discorde, nous éloignant du monde réel et des problèmes de la cité par le biais du logos.

Ces inculpations, portées alors sur SOCRATE, dénotaient une défiance du plus grand nombre envers des rhéteurs corrompus ou corrupteurs, qui soit ne cherchaient par les leçons qu’ils donnaient que des avantages pécuniaires, soit se fourvoyaient simplement sur le caractère vrai des choses, plongeant alors par leurs paroles leurs auditeurs dans un obscurantisme profond.

Ainsi, SOCRATE, en tant que « philosophe roi » pour reprendre l’expression de PLATON, se distinguait en une « élite », mis alors en marge par partie de son entourage, l’éloignant du monde de la cité d’Athènes. En effet, la philosophie, qui d’usage allait à l’encontre des modes de pensée traditionnels, transmis de génération en génération, avait alors une dimension dérangeante, voire inquiétante.

On préférait alors, pour comprendre le monde qui nous entoure, les explications fournies par les mythes, du grec muthos, qui désignait à l’origine, au même titre que le logos, la parole.

Ceux-ci avaient pour visée de nous expliquer les causes des divers phénomènes naturels par le biais de récit ayant lieu au temps primordiaux de notre univers.

Les hommes tentaient alors de répondre à la question « pourquoi », plus qu’à la question « comment », pour se sentir disposer d’un savoir aux bases pourtant fragiles, et appréhender la réalité immanente via les interprétations des divers phénomènes physiques par nos passions, plus que par notre raison.

Le fait de penser que le monde n’était pas ce qu’il semblait être faisait alors craindre aux citoyens un éloignement de cette réalité à laquelle ils croyaient être confrontés, pourtant fondée sur des certitudes fallacieuses. De nombreux philosophes grecs, en outre, nous ont proposé de nous éloigner du monde sensible, au nom de la sagesse.

PLATON par exemple, disciple de SOCRATE, propose un système philosophique basé sur ce qu’il nomme l’Hypothèse des idées, supposant l’existence d’une réalité transcendante, purement intelligible, dans laquelle se trouveraient les essences de toutes choses, réalité sans laquelle on ne pourrait saisir aucun « concept » (il s’agit ici d’un anachronisme, puisque ce terme n’a été employé pour la première fois qu’au XVIIIème siècle) de la réalité immanente que l’on expérimente sans cesse par nos sens.

Ici, le philosophe affirme qu’un rocher par exemple, n’est un rocher que parce qu’il existe dans cette réalité parallèle, un rocher semblable qui possède toutes les caractéristiques qui font d’elle ce qu’un homme peut nommer un rocher.

Cette philosophie nous incite donc à n’étudier le monde qu’en passant par cette réalité parallèle que l’on nommera noosphère plusieurs siècles plus tard, nous menant alors à penser que le monde intelligible réel est inatteignable pour le commun des mortels. Ainsi, la philosophie pourrait nous mener au premier abord à nous éloigner de la réalité immanente dans la promesse d’une supposée clairvoyance sur le monde qui nous entoure. II – La philosophie qui rapproche du monde réel : Pour autant, PLATON, majoritairement à travers les supposées paroles de son maître condamné à mort sur l’autel de l’obscurantisme, tente aussi de réhabiliter l’attitude philosophique et la remise en cause des supposés savoirs dont les citoyens ont hérité, en opposant le muthos au logos, qui avaient jusque-là la même signification.

Il donne alors au muthos la connotation péjorative que l’on lui connait de nos jours, désignant alors des savoirs infondés, ne faisant appel à aucune argumentation et ne souffrant aucune remise en question.

Les critiquant de manière virulente, il affirme que ces mythes nous détournent de la réalité, nous éloignent du monde, leur attribuant une place privilégiée dans ce qu’il nomme la doxa, désignant l’ensemble des dogmes inhérents à une communauté. En effet, les mythes font plus appel aux passions qu’à la raison pour expliquer les phénomènes naturels dont nous sommes chaque jour témoins, puisqu’ils mettent en scène des hommes et des héros auxquels les citoyens auront tendance à s’identifier.

Par conséquent, PLATON incite pour nous permettre de nous approcher de la vérité, de ne pas céder aux préjugés et à la doxa inhérente au contexte spatio-temporel dans lequel nous nous trouvons. Pour ce faire, il emploie l’exemple du Mythe de la Caverne, récit de son invention, dans lequel il pose les décors de la façon suivante : Des personnes se trouvent dans une caverne, tournées vers le fond de celle-ci, attachées depuis leur plus tendre enfance de façon qu’ils ne puissent ni tourner la tête, ni se lever. Derrière eux, en-dehors de la caverne, se trouve une route bordée de palissades, sur laquelle défilent des porteurs d’objets.

Dans le ciel, un objet incandescent diffuse sa lumière de façon que les objets portés par la procession voient leurs ombres projetées sur le fond de la caverne, sous les yeux des prisonniers.

Ici, les ombres, simples reflets des objets véritables portés par les porteurs, représentent la doxa, les préjugés, faux ou non, auxquels sont soumis les prisonniers, incapables de voir quoi que ce soit d’autre depuis leur naissance. Dans ce récit, par la suite, un des prisonniers parvient à se défaire de ses chaînes et, titubant, tombant souvent, arrive finalement au-dehors de la caverne.

Au bout de son court mais périlleux voyage, il voit enfin le monde extérieur, et la lumière éblouissante de cet objet incandescent, représentant la vérité.

Alors, le prisonnier affranchi, heureux, peut enfin pleinement jouir de sa liberté et des connaissances qu’il a engrangées.

Par le biais de ce récit, PLATON présente donc la philosophie comme le seul moyen d’approcher la vérité, et de mieux appréhender le monde réel..... »

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