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La perception est-elle active ou passive ?

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« Analyse du sujet : Par « perception », on entend le phénomène par lequel des données sensibles nous sont transmises par les sens.

La perception, c'est le ressenti physique d'un phénomène qui nous est extérieur et touche notre sensibilité. Une attitude est dite « active » lorsqu'elle implique une action volontaire (même si cette volonté est inconsciente) de la part du sujet ; dire de la perception qu'elle est « active » signifierait donc que le sujet percevant commet l'acte volontaire de percevoir. A l'inverse, une attitude est dite « passive » lorsque l'agent de l'action de percevoir est extérieur au sujet qui perçoit.

Percevoir serait, en ce sens, recevoir un donné extérieur, être l'objet d'une action qui trouve son origine à l'extérieur du sujet. Problématique : Je ne peux ressentir des sensations volontairement : éprouver des sensations, c'est recevoir un donné extérieur que j'éprouve par le biais de mes sens, mais la sensibilité n'a rien de volontaire. Pour autant, percevoir, ce n'est pas simplement ressentir de façon sensible : c'est également porter un jugement sur ce ressenti.

Ainsi, si certes, la sensibilité est passive, la perception mobilise une faculté liée à la volonté.

En déduire le caractère actif de la perception serait aller un peu vite en besogne, et il serait plus raisonnable de considérer qu'en tant que mixte de sensation et de jugement, la perception est un mélange d'activité et de passivité. L'on pourrait même aller jusqu'à dire que percevoir, ce n'est ni simplement recevoir, ni agir, mais, bien plus, c'est une façon d'être au monde, un mode d'existence.

Je perçois, donc je suis. Proposition de plan : 1.

Le « donné » de la perception : Qu'est ce qui m'est « donné » lorsque je perçois ? Est-ce la chose perçue elle même ? N'est-ce pas plutôt un signal sensible ? Ou, enfin, est ce ma propre sensibilité que j'éprouve à l'épreuve d'éléments extérieurs ? Quoi qu'il en soit, percevoir, c'est recevoir grâce à mes sens, que j'en sois ou non conscient. Il nous vient des pensées involontaires, en partie de dehors par les objets qui frappent nos sens, et en partie audedans à cause des impressions (souvent insensibles) qui restent des perceptions précédentes qui continuent leur action et qui se mêlent avec ce qui vient de nouveau.

Nous sommes passifs à cet égard, et même quand on veille, des images (sous lesquelles je comprends non seulement les représentations de figures, mais encore celle des sons et d'autres qualités sensibles) nous viennent, comme dans les songes, sans être appelées.

La langue allemande les nomme fliegende Gedanken, comme qui dirait des pensées volantes, qui ne sont pas en notre pouvoir, et où il y a quelquefois bien des absurdités qui donnent des scrupules aux gens de bien et de l'exercice aux casuistes et directeurs des consciences.

C'est comme dans une lanterne magique qui fait naître des figures sur la muraille à mesure qu'on tourne quelque chose au-dedans.

Mais notre esprit, s'apercevant de quelque image qui lui revient, peut dire : halte-là, et l'arrêter pour ainsi dire.

LEIBNIZ 2.

La perception est un mixte d'activité et de passivité : Percevoir, c'est certes recevoir de données de l'extérieur par la médiation de mes sens.

Mais la sensibilité n'est pas seulement media, elle est également filtre.

Percevoir, c'est donc organiser en fonction de ma raison et de mon expérience ces données extérieures.

La perception possède donc un aspect actif dans sa passivité apparente. C'est un lieu commun de dire que nous avons cinq sens et, à première vue, chacun d'eux est comme un monde sans communication avec les autres.

La lumière ou les couleurs qui agissent sur l'oeil n'agissent pas sur les oreilles ni sur le toucher.

Et cependant on sait depuis longtemps que certains aveugles arrivent à se représenter les couleurs qu'ils ne voient pas par le moyen des sons qu'ils entendent.

Par exemple un aveugle disait que le rouge devait être quelque chose comme un coup de trompette.

Mais on a longtemps pensé qu'il s'agissait là de phénomènes exceptionnels.

En réalité le phénomène est général.

Dans l'intoxication par la mescaline', les sons sont régulièrement accompagnés par des taches de couleur dont la nuance, la forme et la hauteur varient avec le timbre, l'intensité et la hauteur des sons.

Même les sujets normaux parlent de couleurs chaudes, froides, criardes ou dures, de sons clairs, aigus, éclatants, rugueux ou moelleux, de bruits mous, de parfums pénétrants.

Cézanne disait qu'on voit le velouté, la dureté, la mollesse, et même l'odeur des objets.

Ma perception n'est donc pas une somme de données visuelles, tactiles, auditives, je perçois d'une manière indivise avec mon être total, je saisis une structure unique de la chose, une unique manière d'exister qui parle à la fois à tous mes sens.

MERLEAU-PONTY. »

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