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La passion est-elle nécessairement une aliénation ?

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« Y a-t-il un lien absolu entre passion et aliénation ? Le passionné est-il un aliéné ? Pourquoi la passion serait-elle "nécessairement" une aliénation ? Le terme "nécessairement" est un terme très fort en philosophie.

Il désigne ce qui est et qui ne peu pas ne pas être.

Ce terme sous-entend qu'il est obligatoire qu'une passion soit une aliénation, et que la raison n'a aucune force pour empêcher cet asservissement de l'individu.

Or, pour Descartes (par exemple, dans le Traité des passions de l'âme), cette nécessite ne devrait pas pouvoir être, puisque la raison permet à l'homme d'être libre et autonome, et non soumis aux passions.

Il dira même: "Il n'y a point d'âme si faible, qu'elle ne puisse étant bien conduite acquérir un pouvoir absolu sur ses passions".

Le rationalisme proclame l'absolue maîtrise de la volonté sur les élans passionnels.

Mais cette toute-puissance de la raison n'est- elle pas une illusion, un fantasme ascétique ? L'homme face aux passion, n'est-il pas un roi nu, un souverain sans sceptre ? La passion ne peut pas être une fatalité (Spinoza, Éthique).

Quel que soit le pouvoir des passions, l'homme n'est pas condamné à les subir, à se laisser emporter par elles.

Il doit essayer de comprendre leur force pour pouvoir leur échapper.

Cela permet de passer d'une nécessite extérieure (on subit la passion), à une nécessité intérieure (l'action par la passion). 1.

Description de l'état passionnel L'étymologie peut nous aider à définir le terme de « passion ».

Il nous vient du verbe « patior », qui signifie « souffrir », « éprouver », « endurer », « supporter », et du substantif « passio », qui désigne la « souffrance » et la « maladie ».

La « passion » serait donc, au sens premier, un état de souffrance et de dépendance, d'attente passive. Nous retrouvons cette acception dans notre verbe « pâtir », et dans « la passion de J .

C.

», expression qui évoque l'ensemble des épreuves endurées par le Christ jusqu'à son supplice et à sa mort.

Nous verrons que la « passion » a également été considérée par divers auteurs comme une « maladie de l'âme », nécessitant la recherche de « remèdes ».

Mais le concept a évolué ; la psychologie et la psychanalyse, définissent aujourd'hui la passion comme un état affectif qui se manifeste par un attachement exacerbé, exclusif et durable à un objet, au point de dominer la personnalité du sujet et de déterminer son comportement.

Précisons des points de la définition. • Il s'agit donc d'un attachement exacerbé : ce sentiment se singularise par son intensité, sa vivacité particulière ; • Il est exclusif : il exige du sujet une allégeance unique à un objet (érigé en absolu, voire réifié et fétichisé) et efface de ses préoccupations tout ce qui n'est pas lui.

Tout autre désir est relativisé, refoulé vers un statut subalterne ; • Il est durable : contrairement à d'autres phénomènes psychiques (émotion, tendance, pulsion), la concentration de l'intérêt et de l'énergie du sujet passionné s'inscrit dans une certaine permanence ; • Enfin, il oriente la personnalité et le comportement du sujet : l'irruption de la passion (le « coup de foudre ») marque une rupture dans l'équilibre intérieur et la conduite de la personne ; tout le fonctionnement psychique et psychosomatique du sujet s'en ressent : émotions, sentiments, désirs, et même besoins. 2.

Ma passion, ma prison. A.

La passion comme notion : la passion vient du terme latin « patior », qui signifie « subir », « être contraint ». Cette notion désigne un obstacle à ma liberté et à ma santé morale et intellectuelle.

Elle est une « aliénation », au sens strict de « folie », car le passionné ne se possède plus lui-même : il appartient à sa passion, qu'elle soit politique ou amoureuse, par exemple. Dans la passion amoureuse en particulier, le moi n'est bien souvent plus maître de lui-même.

Il est entièrement soumis à l'objet de sa passion.

Ainsi, dans « Phèdre », Hippolyte se considère-t-il à son tour comme le captif et comme la proie de celle qu'il aime.

Dans cette forme d'amour, autrui fascine, il envoûte, il possède un empire absolu sur le passionné.

L'amoureux est placé sous la dépendance d'une autre volonté que la sienne : il aliène sa liberté. Mais l'amour passionné n'est pas la seule figure de la passion aliénante.

Les passions, quelles qu'elles soient, avarice, ambition ou concupiscence, provoquent des comportements irrationnels, incohérents et parfois frénétiques qui font songer à un délire, à une folie.

A la suite des stoïciens, on est tenté d'assimiler le passionné à un aliéné et la passion à une maladie de l'âme. B.

Un phénomène condamné par la tradition : la passion paralyse en effet la clairvoyance et elle entrave l'instrument classique de la liberté, la raison.

Elle introduit un combat entre ma volonté rationnelle et mes désirs, elle produit un déchirement de moi-même, une guerre intestine qui m'ôte la maîtrise de moi-même.

C'est pour cela qu'elle est condamnée dans la tradition chrétienne comme dans la tradition platonicienne.

La philosophie est alors chargée de la soigner.

Son remède souverain est l'exercice de la raison.

Grâce à cette dernière, je suis capable de me libérer des troubles que les passions suscitent en moi, et je peux atteindre l'ataraxie.

Bien plus, la raison est celle de mes facultés qui est le plus en mon pouvoir, elle doit donc me permettre de me gouverner moi-même et de recouvrer une certaine liberté. 3.

Ma passion, ma réalisation.. »

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