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La méthode expérimentale

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« Qu'est-ce que la méthode expérimentale ? Analyse du sujet : - - Le terme de méthode nous invite à réfléchir sur un processus réglé et ordonné vers un but, sur une dynamique. La méthode est ici expérimentale, c'est-à-dire qu'il faut définir (« Qu'est-ce que ») ce terme par lequel on désigne une certaine manière de découper dans le champs de l'expérience, en tant que contact avec la réalité, un mode spécifique de cet accès au réel : le mode scientifique.

C 'est cette modalité de la connaissance qu'il faut dégager et développer. Enjeu = identifier quelle méthode d'expérience convient à la science.

En quoi cette démarche constituerait-t-elle le fondement de la « scientificité » d'un énoncé ? Il convient d'emblée de remarquer que, en dépit de ce que l'étymologie peut suggérer, le caractère expérimental de cette méthode en question n'est pas strictement redevable à l'expérience au s e n s large (= contact sensible avec le réel).

A u contraire, l'expérimentation est méthodologiquement tributaire d'une certaine théorie ; en conséquence, ce qu'il faut définir, c'est le rapport de cette théorie avec la démarche scientifique et à quel moment de l'expérimentation intervient-elle (antérieure de sorte que les expériences ne sont jamais innocentes et donc subjectives ou bien postérieures de sorte que la science est vouée à progresser par tâtonnement au gré des faits collectés ?) Problème : la méthode expérimentale est-elle une vérification, preuve rétrospective d'une théorie déjà construite ou bien fonctionne-t-elle davantage comme induction, production d'énoncés tirés de l'expérience ? Q uelle place assigner à l'expérience dans la production d'énoncé scientifique ? Est-elle première (principe méthodologique directeur, point de départ commandant toute recherche) ou bien postérieure (procès par lequel la science observe le donné qui validera ou non les prédictions de la théorie) ? 1- UN REJET DE LA DÉDUCTION FORMELLE a) Abandon de la méthode déductive La méthode expérimentale constitue une promotion radicale du monde sensible qui accède ainsi au statut d'objet connaissable alors qu'il nous est donné comme mouvant, relatif à nous et multiforme.

En cela, elle est d'abord rejet de la déduction qui fait peu (voire p a s ) d e c a s de l'expérience sensible. Descartes, dans sa fameuse analyse du morceau de cire, rejète les données de l'observation sensible au profit de la seule déduction par l'entendement des qualités premières.

La méthode, régressant du complexe au simple est métaphysique et purement mentale. b) constitution de l'objectivité factuelle derrière le vécu de la sensation A u contraire, la méthode expérimentale, au lieu de partir des principes, procède à l'inverse.

Il s'agit d'objectiver le réel , c'est-à-dire d'abstraire un cas particulier du divers (au lieu de postuler une nature simple).

Il y a ainsi opération de synthèse : immobilisation, sélection, simplification.

La réalité sensible se trouve ainsi unifiée autour du corps percevant selon une dialectique où la technique joue le rôle de médiation : elle permet la reproductibilité de l'expérience en extériorisant la sensation (la rendant présentable à tous) sous l'aspect objectif de la mesure.

A insi pour Galilée, l'abstraction mathématique n'est pas coupée des faits mais elle s'opère dans le concret, est présente dans la réalité perçue, à condition qu'on objective le perçu en le généralisant, c'est-à-dire en simplifiant les objets d'expérience.

Enjeu : unité de la multiplicité sensible n'est pas détachée et d'essence purement mentale, mais elle est hic et nunc dans les phénomènes.

Il s'agit par la méthode expérimentale d'idéaliser les phénomènes afin de les ramener à leur type mathématique qui sera ensuite formalisé en une loi que les faits auront à charge de valider. Transition : On voit cependant, que l'observation n'est pas gratuite car, comment s'opère la simplification ou idéalisation des phénomènes si ce n'est par un schéma préalable et postulé ? [exemple : Galilé : la nature est écrite en langage mathématique = présupposé ontologique sans lequel aucune expérimentation ne peut advenir] Conséquence : La méthode expérimentale est-elle rigoureusement inductive ? 2- UNE INVESTIGATION ACTIVE DU MONDE DES PHÉNOMÈNES a) questionner la nature pour s'en faire instruire L'expérience n'est pas essentiellement passive (réception sensorielle) mais est construite a priori selon des principes.

C ette structuration préalable est clairement mise en évidence par Kant : une expérimentation (telle celle de Galilée et T oricelli) est toujours un problème posé à la nature de sorte que les théories scientifiques sont moins le résultat de l'expérimentation que e qui la structurent.

La méthode expérimentale est donc comparable au travail du juge qui au contraire d'une « élève prêts à entendre tout ce que le maître veut […] contraint les témoins à répondre aux questions qu'il leur soumet » b) Il n'y a pas d'observation innocente Bachelard : « l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisent l'esprit à réfléchir avant de regarder […] il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments [… ) O r les instruments ne sont que des théories matérialisées.

Il en ressort des phénomènes qui portent de toutes parts la marque théorique ». La méthode expérimentale, dans son usage d'instruments de mesure ou simulation, réalise la théorie en même temps qu'elle idéalise le phénomène : le fait expérimental n'est donc pas un fait empirique mais un fait théorique de sorte que les atomes et les molécules n'ont aucune réalité observable indépendamment de la théorie atomique si bien que l'observateur ne possédant pas cette théorie n'observe finalement rien. Transition : La méthode expérimentale est précisément méthodique en ce qu'elle ne doit rien au hasard : elle est toujours, selon les mots de Popper, « chargée de théorie ». Mais si toute expérimentation est déjà tributaire d'une théorie, cela signifie-t-il en dernière instance que les objets de la connaissance se trouvent pré-constitués par la méthode expérimentale (dont ils ne seraient que la projection) de sorte que la correspondance entre données expérimentales et proposition théorique ne débouche pas sur une vérité ( = garantie ontologique que la nature répond bien à la question posée) mais sur un accord conventionnel ? Que vaut le langage scientifique ainsi constitué ? doit-on accorder à Bachelard que l'expérimentation est toujours factice au sens où elle produirait elle-même son phénomène ? 3- LA MÉTHODE EXPÉRIMENTALE COMME MISE À L'ÉPREUVE OU CONTRÔLE DES THÉORIES Le contrôle par les faits n'est pas un critère de certitude : il s'agit d'une mise à l'épreuve de la théorie qui est telle que le propre d'une théorie scientifique est moins d'être vérifiée par l'expérience, confirmée, que d'être susceptible de se soumettre à un contrôle expérimentale. A utrement dit, la méthode expérimentale est gage de scientificité d'une proposition théorique pour autant qu'elle est facteur de falsifiabilité (P opper). A insi, même conventionnelle, l'expérimentation vise à montrer en quoi une théorie fonctionne : toute formelle que puisse être une théorie, elle n'accède au statut de science qu'à partir du moment où des observations viennent donner un contenu probant à ses prévisions. La méthode expérimentale est ainsi une technique rationnelle de production de la preuve.. »

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