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La mémoire suffit-elle à l'historien ?

Extrait du document

« Termes du sujet: MÉMOIRE: 1.

— Faculté de se souvenir ; ensemble des fonctions psychiques par lesquelles nous pouvons nous représenter le passé comme passé ; BERGSON distingue la mémoire-habitude qui naît de la répétition d'une action et s'inscrit dans le corps, de la mémoiresouvenir qui, coextensive à la conscience, en retient tous les états au fur et à mesure qu'ils se produisent.

2.

— Faculté gén.

de conserver de l'information.

3.

— Au sens concret, désigne tout ce qui est capable de conserver de l'information, et, en part., les organes des ordinateurs ayant cette fonction. Introduction Il n'est pas rare d'entendre des parents reprocher à leur enfant une mauvaise note en histoire en affirmant que cette discipline « n'est qu'une question de mémoire, qui est la science des ânes ».

Mais s'il est effectivement possible d'aborder l'histoire de cette façon, l'historien, lui, ne travaille pas comme un âne ; s'il a affaire de façon privilégiée à la mémoire, ce n'est pas seulement comme à une faculté psychologique particulièrement développée.

Par son travail, c'est la mémoire d'un peuple qui s'exprime et vit. Se demander si la mémoire suffit à l'historien, c'est ainsi réfléchir au sens même de ce travail et à ses conditions de crédibilité.

Nous préciserons tout d'abord les raisons pour lesquelles on peut affirmer que la mémoire est essentielle pour l'historien ; nous nous interrogerons ensuite sur les causes de son insuffisance ; nous nous demanderons enfin si cette insuffisance n'est pas en fait le résultat d'une compréhension trop étroite de la notion de mémoire. 1.

La mémoire essentielle Lorsque l'on évoque le métier d'historien, on ne se demande pas directement si la mémoire « lui suffit» : le rôle de cette dernière semble tellement évident et massif qu'on admet souvent tacitement qu'il est suffisant. L'histoire commence avec le refus d'oublier La place de la mémoire dans l'activité de l'historien est liée aux sources mêmes de cette discipline : l'histoire commence lorsqu'un peuple contrecarre le processus naturel d'oubli permanent du passé et veut en conserver le souvenir de façon exacte. La mémoire vise l'exhaustivité À cela s'ajoute un aspect quantitatif : l'histoire tend souvent vers l'érudition.

L'augmentation et la précision de la mémoire semblent être le tout de l'activité de l'historien.

La mémoire suffit à l'historien dans la mesure où il n'a jamais fini de l'enrichir ou de l'explorer, en allant vers des détails de plus en plus minutieux dont la synthèse jettera une lumière neuve sur les structures globales. Le refus de l'idéologie On peut enfin dire que la mémoire doit suffire à l'historien dans la mesure où il entend être fidèle aux faits et ne pas introduire d'idéologie dans son étude. II.

La mémoire insuffisante Et cependant l'historien, s'il doit se distinguer du chroniqueur, ne peut tout à fait se contenter de se rapporter à la mémoire. Accumuler et organiser Il faut d'abord remarquer que l'historien ne se contente pas d'accumuler des faits nombreux, de constituer une mémoire immense.

Son discours doit être cohérent, et les faits ne s'ordonnent pas d'eux-mêmes.

Si la mémoire ne doit pas être un fatras inexploitable, l'historien doit passer par un travail d'intelligence, de patience et de perspicacité. Instruments et méthodes L'historien n'est pas non plus simplement un érudit, détenteur d'une immense culture : c'est un scientifique qui doit posséder une compétence technique dans le maniement d'outils et de méthodes, qu'il s'agisse de la datation d'un document, de son authentification, de la confrontation d'archives ou de l'établissement d'un protocole d'enquête. Mémoire collective et mythes Enfin, on dit souvent que la mémoire est «subjective» et peu fiable.

L'historien doit en effet adopter un regard critique à l'égard de la mémoire collective, qui souvent déforme les faits, occulte une partie du passé (l'histoire officielle est toujours celle des vainqueurs). L'historien ne peut se contenter de la mémoire comme s'il s'agissait d'un réservoir contenant les faits eux-mêmes.

Il doit contribuer à épurer la mémoire pour la distinguer de la mythologie. CITATIONS: "Dans la mémoire le souvenir est présent et le passé se perpétue.

Il n'est jamais tout à fait passé...

La mémoire est affective et soude les groupes...

c'est elle qui fait de la communauté une habitation, un lieu où l'on peut s'installer." "L'histoire, en revanche, s'impose une démarche scientifique ...

elle s'impose de prendre une certaine distance à l'égard de l'événement, de traiter les actions et les faits avec le recul nécessaire à l'objectivité ...

" "Quand la mémoire parle elle n'argumente pas, elle rappelle." P.

Canivez, Eduquer le citoyen coll.

Optiques.

pages 113 - 114.

Hatier. "Les travaux des historiens nous apprennent que les mémoires collectives sont des reconstructions affectives partielles, partiales, voire largement mythiques." Pratique de la philosophie, Hatier page 225. "La lutte de l'homme contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l'oubli".

Milan kundera (ibidem page 285).. »

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