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La guerre peut-elle être juste ?

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« Si l'on définit la guerre simplement comme un conflit entre des individus, on peut constater, selon Hobbes, qu'elle caractérise l'état de nature, état de "guerre de tous contre tous", où "l'homme est un loup pour l'homme" (Léviathan).

En effet, en cherchant à préserver sa vie, et donc à accumuler des biens, l'homme entre nécessairement en concurrence et en conflit avec les autres hommes.

Cette compréhension de la guerre repose donc sur une anthropologie, qui conçoit l'homme comme un être fondamentalement animé par le désir de persévérer dans son être (survivre et bien vivre).

Une anthropologie différente ne peut-elle être envisagée, et avec elle une autre conception de la guerre (qui ne concevrait pas la guerre comme étant naturelle) ? Si la guerre existe et règle les rapports des hommes à l'état de nature, peut-on dire qu'elle soit juste ou injuste ? La guerre peut-elle légitimement être définie comme un conflit entre individus ? C'est plutôt un conflit entre des États.

Si on prend comme définition du juste ce qui est conforme aux lois, la guerre semble être juste quand elle répond à la préservation, à la défense de l'équilibre de l'État, d'un pays.

Mais si elle paraît légitime, est-elle aussi juste dans le sens de moralement juste ? Qu'est-ce que la justice ? Si c'est simplement la conformité aux lois d'un État, ne risque-t-on pas de tomber dans le relativisme ? Ne faut-il pas alors concevoir un droit international ? Quels seraient alors le modèle et les principes qu'il faudrait utiliser pour l'élaborer ? Ne peut-on pas, à la lumière de ce nouveau critère du juste et de l'injuste, trouver une manière de distinguer les guerres justes (qui défendraient une "juste cause") de celles qui ne le sont pas ? La question posée par l'intitulé a plusieurs sens : - Est-ce que la cause du déclenchement d'une guerre peut être juste ? - Mais ne faut-il pas aussi se demander si la guerre peut être menée de manière juste (dans le traitement des prisonniers, des civils.) ? Comment peut-on justifier une guerre ? Ou peut-il y avoir des guerres menées au nom de la justice ? Peut-être y at-il une distinction à faire entre la fin et les moyens.

Un but de guerre peut être désigné comme juste (par exemple, aider un peuple à se libérer de l'oppresseur).

Par contre la guerre comme moyen peut être disqualifiée, et jugée nécessairement injuste (meurtres, mort de civils, etc.).

Peut-on juger la guerre à partir de son but, de son efficacité ? Certaines fins ne justifient-elles pas l'usage de certains moyens, dans la mesure où ceux-ci sont seuls susceptibles d'être efficaces ? Ou doit-on condamner toute guerre, et tout recours à la violence ? Qu'est-ce qu'on disqualifie lorsque l'on condamne la guerre ? La violence et la mort.

Or la politique et le pouvoir en dehors même de l'état de guerre n'administrent-ils pas la mort et la violence : brutalités policières, abandon des exclus...

? Quels sont les rapports entre la politique et la guerre ? Sont-elles intrinsèquement liées ? Ainsi que Clausewitz, grand théoricien de la guerre, a pu la formuler : "La guerre, c'est la politique continuée par d'autres moyens", et ainsi que Michel Foucault a pu reprendre en l'inversant cette formulation : "La politique, c'est la guerre continuée par d'autres moyens" (dans Il faut défendre la société).

Pourquoi la guerre, qui répond à des besoins stratégiques des États (influence, expansion, défense du territoire etc.), a-t-elle besoin d'être accompagnée d'une justification en termes de juste et d'injuste ? Et peut-on intégrer la guerre dans la notion de droit positif ? Prenez garde à ne pas commettre l'erreur traditionnelle des interlocuteurs de Socrate.

Interrogés sur la définition d'une notion abstraite, ils répondent exclusivement grâce à des exemples.

Ne croyez pas donner une réponse suffisante à cette question en opposant des guerres justes (la lutte contre le nazisme durant la Seconde Guerre mondiale) à des guerres injustes (la conquête de l'Espagne par Napoléon). Interrogez-vous plutôt sur l'existence d'un critère de jugement suffisant pour justifier ou condamner des actes de guerre.

Vous pouvez soutenir, à l'instar d'Alain, que la guerre est une éclipse complète de la justice, car elle fait disparaître tous les rapports juridiques et éthiques.

Il est également possible de reprendre la thèse majeure de l'ouvrage de Hegel, la raison dans l'histoire, selon laquelle toute guerre, quelles que soient les atrocités qui y sont commises, est justifiée par un dessein secret de la raison.

Cette dernière use en effet paradoxalement des guerres comme d'un outil pour créer un ordre politique rationnel entre les hommes. En guise d'introduction, il serait tout d'abord utile de distinguer « juste » de « légitime ».

Ce qui est juste, c'est ce qui est conforme à la justice, à l'équité, mesuré et proportionné.

Ce qui est légitime, c'est ce qui est fondé en droit, ce qui est juridiquement fondé, consacré par la loi ou reconnu conforme au droit. Cependant, comment parler de « guerre juste » quand les deux termes semblent avoir une connotation opposée? I- La reconnaissance d'un recours possible à la force. Selon l'article 2 § 4 de la Charte des Nations Unies : « les membres de l'Organisation s'abstiennent dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies ». Ainsi l'idée de guerre, tant dans son acceptation commune que dans le droit, tend à être rejetée.

C'est ce à quoi se sont employées nombre d'organisations internationales, en particulier depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Malgré cela, cette même Charte reconnaît la possibilité d'un recours à la force dans certains cas.

La guerre pourrait donc être juste, selon un certain nombre de préalables. 1) Doctrine classique et réadaptation à l'époque actuelle. St thomas d'Aquin exige trois conditions: l'auctoritas principis : la guerre ne peut relever que de la puissance publique sinon elle est un crime (s'oppose à la décision individuelle); causa justa : la cause juste, et enfin intentio. »

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