La guerre est-elle inéluctable, inévitable ?
Extrait du document
«
[La guerre est inéluctable, car elle est un effet de la nature humaine.]
La guerre est un fait humain irréductible
La nature a doté l'homme d'une intelligence fabricatrice.
Au lieu de lui
fournir des instruments, comme elle l'a fait pour bon nombre d'espèces
animales, elle a préféré qu'il les construisît lui-même .
Or l'homme a
nécessairement la propriété de ses instruments, au moins pendant qu'il
s'en sert.
Mais puisqu'ils sont détachés de lui, ils peuvent lui être pris ; les
prendre tout faits est plus facile que de les faire.
Surtout, ils doivent agir
sur une matière, servir d'armes de chasse ou de pêche, par exemple ; le
groupe dont il est le membre aura jeté son dévolu sur une forêt, un lac,
une rivière ; et cette place, à son tour, un autre groupe pourra juger plus
commode de s'y installer que de chercher ailleurs.
Dès lors, il faudra se
battre.
[...] Mais peu importent la chose que l'on prend et le motif qu'on
se donne : l'origine de la guerre est la propriété, individuelle ou collective,
et comme l'humanité est prédestinée à la propriété par sa structure, la
guerre est naturelle." BERGSON
Les instruments humains sont détachés de l'homme et peuvent lui être
arrachés.
La guerre est, dès lors, naturelle: elle est liées aux besoins
humains.
Quelle est l'origine de la guerre ? La propriété.
Peu de concepts complexes, comme c'est le cas dans presque tous les
textes de Bergson; ici, par exemple, la notion bergsonnienne d'"intelligence
fabricatrice" est presque la seule à devoir être expliquée avec un soin
particulier (sans négliger, bien entendu, les autres termes, comme propriété).
On s'efforcera, dans l'analyse
des étapes de la pensée de Bergson, de montrer clairement que ce sont les conditions naturelles s'imposant à
l'homme qui conduisent à la guerre.
Guerre et passions (Hobbes)
"Premièrement si nous considérons combien il y a peu de différence entre la force et la sagesse des hommes
faits et avec quelle facilité le moindre, soit qu'il le soit en esprit ou en force, ou en toutes ces deux choses,
peut entièrement abattre et détruire les puissants, puisqu'il ne faut pas beaucoup de force pour ôter la vie à
un homme: de là nous pouvons conclure que les hommes, considérés dans l'état de nature, doivent s'estimer
égaux et quiconque ne demande point davantage que cette égalité doit passer pour un homme modéré [...]
D'ailleurs, puisque nous voyons que les hommes sont portés par leurs passions naturelles à se choquer les uns
les autres, chacun ayant bonne opinion de soi, et ne voulant pas voir ce qu'un autre a de bon, il s'ensuit de
toute nécessité qu'ils doivent s'attaquer les uns les autres par des paroles injurieuses ou par quelque autre
signe de mépris et de haine, laquelle est inséparable de toute comparaison, jusqu'à ce qu'à la fin ils en
viennent aux mains pour terminer leur différend, et savoir qui sera le maître par les forces du corps.
Davantage, considérant que les appétits et les désirs de plusieurs hommes les portent tous à vouloir et à
souhaiter une même fin, laquelle quelquefois ne peut être ni possédée en commun ni divisée, il s'ensuit que le
plus fort en jouira tout seul, et qu'il faudra décider par le combat qui sera le plus fort.
Ainsi la plus grande
partie des hommes, sans aucune assurance d'avoir le dessus, néanmoins soit par vanité, soit par des
comparaisons, soit par passion, attaque ceux qui sans cela seraient contents d'être dans l'égalité de nature
[...]
Nous voyons donc qu'à cette inclination naturelle qu'un chacun a d'offenser un autre, on doit encore ajouter
le droit d'un chacun sur toutes choses, lequel fait qu'un homme attaque avec le même droit avec lequel un
autre lui résiste, et que par ce moyen les hommes vivent dans une perpétuelle méfiance, tâchant de se
prévenir et de se surprendre.
L'état des hommes dans cette liberté naturelle est l'état de guerre: car la guerre
n'est autre chose que le temps dans lequel la volonté et l'effort d'attaquer et de résister par force est par
paroles ou par actions suffisamment déclaré.
Le temps qui n'est pas la guerre, c'est ce qu'on appelle la paix.”
Hobbes, "Du corps politique”.
Ce texte se situe à l'opposé, par exemple, de la thèse des stoïciens.
En effet, pour Cicéron, les conflits
interindividuels exigeaient le retour aux principes d'une concorde inscrite dans la nature des choses.
En
revanche, pour Hobbes, la guerre des hommes à l'état de nature provoque le recours à cet artifice pacifiant
qu'est L'État.
Dans un premier temps, Hobbes mous montre comment, dans l'état de nature où les hommes.
»
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