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La Fontaine avait beaucoup de goût pour les lectures et discussions philosophiques. Il lisait, s'il faut l'en croire, Platon; il discutait le système de Descartes; il s'engouait, grâce à son ami Bernier, de la philosophie de Gassendi, etc. Dans quelle me

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Il y a lieu, tout d'abord, d'éviter une méprise. Ne pas confondre philosophie et morale. La nature de la morale de La Fontaine n'en fait pas un philosophe. On n'est pas nécessairement un philosophe parce qu'on dit : « La raison du plus fort est toujours la meilleure — Ne forçons pas notre talent — Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. » Ces conseils ne deviennent de la philosophie que s'ils font partie d'un système de morale organisé par une réflexion originale.  Cela dit, il y a dans les Fables deux sortes d'intérêt proprement philosophique. Tout d'abord, sans lien et sans méthode, au hasard de ses curiosités, La Fontaine a tiré le sujet de certaines de ses fables vers la discussion de problèmes proprement philosophiques. Un animal dans la lune est le prétexte d'une discussion sur les illusions des sens, l'Horoscope sur l'astrologie, la Souris métamorphosée en fille sur la métempsycose; le Discours à Mme de La Sablière est une assez longue discussion sur la théorie cartésienne de l'âme des bêtes, etc.

Plan. — I. Les discussions proprement philosophiques dans les Fables. — II. Explication de ces curiosités philosophiques. — III. La philosophie générale des Fables. — IV. Philosophie d'ailleurs instinctive et non réfléchie et dont La Fontaine s'est repenti.

« La Fontaine avait beaucoup de goût pour les lectures et discussions philosophiques.

Il lisait, s'il faut l'en croire, Platon; il discutait le système de Descartes; il s'engouait, grâce à son ami Bernier, de la philosophie de Gassendi, etc.

Dans quelle mesure, selon vous, peut-on trouver dans les Fables un intérêt philosophique ? Il y a lieu, tout d'abord, d'éviter une méprise.

Ne pas confondre philosophie et morale.

La nature de la morale de La Fontaine n'en fait pas un philosophe.

On n'est pas nécessairement un philosophe parce qu'on dit : « La raison du plus fort est toujours la meilleure — Ne forçons pas notre talent — Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras.

» Ces conseils ne deviennent de la philosophie que s'ils font partie d'un système de morale organisé par une réflexion originale. Cela dit, il y a dans les Fables deux sortes d'intérêt proprement philosophique.

Tout d'abord, sans lien et sans méthode, au hasard de ses curiosités, La Fontaine a tiré le sujet de certaines de ses fables vers la discussion de problèmes proprement philosophiques.

Un animal dans la lune est le prétexte d'une discussion sur les illusions des sens, l'Horoscope sur l'astrologie, la Souris métamorphosée en fille sur la métempsycose; le Discours à Mme de La Sablière est une assez longue discussion sur la théorie cartésienne de l'âme des bêtes, etc.

Que valent ces discussions ! La Fontaine y a mis ses qualités de bonhomie, de bon sens et d'esprit.

Mais il n'a pas pu y mettre la précision et la profondeur qu'il n'avait pas ; la valeur de ses arguments est médiocre; ils ne prennent quelque valeur que si on les complète et les précise en les rattachant à une philosophie dont La Fontaine était plus ou moins bien informé, celle de Gassendi.

L'agrément de ces discussions tient en partie à ce qu'elles sont inattendues, à ce qu'elles contribuent à l'agréable variété des Fables. Par surcroît il y a bien, dans l'ensemble des Fables, non pas seulement des conseils dispersés de morale pratique, mais encore un certain système de morale générale, une philosophie de la vie.

Ce système n'a pas été prémédité, organisé par un effort de réflexion méthodique.

Il n'est d'ailleurs jamais explicite; les Fables se contentent de le suggérer.

Nous avons déjà parlé de cette « philosophie de la nature » que La Fontaine suit plus ou moins instinctivement.

Il n'aime ni l'effort ni la contrainte; il est attiré par toutes les joies de la vie, depuis les plus charmantes et les plus légitimes : Errer dans un jardin, s'égarer dans un bois, Se coucher sur des fleurs, respirer leur haleine, Ecouter- en rêvant le bruit d'une fontaine... jusqu'aux plus dangereuses ou aux plus coupables, le jeu « perte des républiques », les amours passagères pour des « Philis » peu recommandables.

Mais il pense en même temps que les erreurs et les excès ne sont pas la condamnation des plaisirs ; l'expérience, une longue expérience humaine et un « instinct de nature » nous font clairement comprendre comment il faut en user pour être heureux; et il importe plus d'être heureux que de souffrir pour un idéal de vertu austère, chagrine et fort inutile à l'humanité.

La Fontaine a d'ailleurs suivi cette philosophie par la pente de sa nature plus que par conviction ferme et délibérée.

En vieillissant, il a été mécontent d'elle et de lui, tourmenté de remords; et après bien des résolutions vaines et des rechutes, il a fini, à la veille de sa mort, par se convertir à la piété la plus austère. De cette philosophie morale instinctive il n'y a pas d'autre explication à donner que le caractère même de La Fontaine.

Mais le goût de La Fontaine pour les problèmes directement philosophiques abordés dans les Fables peut être clairement expliqué.

Malgré son goût de la solitude et de la rêverie, il a toujours vécu dans les milieux mondains qui étaient ceux de ses protecteurs et protectrices et où l'on aimait, outre les vers galants et les portraits ou maximes, à discuter de Descartes ou même de Platon.

Surtout Mme de La Sablière était une femme savante, d'ailleurs fort intelligente et curieuse de toutes les sciences.

Chez elle La Fontaine s'est lié avec le voyageur Bernier qui publia un Abrégé de la philosophie de Gassendi dont La Fontaine a certainement subi l'influence. Plan.

— I.

Les discussions proprement philosophiques dans les Fables.

— II.

Explication de ces curiosités philosophiques.

— III.

La philosophie générale des Fables.

— IV.

Philosophie d'ailleurs instinctive et non réfléchie et dont La Fontaine s'est repenti.. »

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