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La finitude de la vie humaine lui ôte-t-elle son sens ?

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« La vanité de toute existence humaine. «Un temps pour vivre, un temps pour mourir [...] Vanité des vanités, tout est vanité.» Ancien Testament, livre de l'Ecclésiaste (IVe-III e siècle av.

J.-C.). • Dans l'Ecclésiaste, la vanité de la vie ne vient pas seulement de sa brièveté, mais aussi du caractère vide de l'existence: ce qui nous paraît positif est compensé par du négatif, pour arriver à une somme nulle («un temps pour rire, un temps pour pleurer»); ce qui nous paraît singulier et unique est en fait l'expérience commune des hommes, cyclique comme les saisons, et passagère comme elles.

Dans ce cadre, l'homme ne peut trouver de sens véritable dans son existence ici-bas, et doit s'en remettre à Dieu. • Il y a, selon le mot de Pascal, une «disproportion» de l'homme fini face au monde infini, qui est non seulement spatiale, mais aussi temporelle.

L'existence humaine, encadrée entre la naissance et la mort, ne vaut rien face à l'éternité.

Mathématiquement, le fini divisé par l'infini tend vers zéro.

Ainsi la vie s'annule dans l'infini du temps. L'immortalité de l'âme permet de donner son sens à l'existence. «Maintenant que nous savons que l'âme est immortelle, il n'y a pas pour elle d'autre moyen d'échapper à ses maux et de se sauver que de devenir la meilleure et la plus sage possible.» Platon, Phédon (Ive siècle av.

J.-C). • La vanité de la vie d'ici-bas impose, si l'on veut pouvoir fonder le sens de l'existence humaine, de dissocier entre deux modalités d'existence: le corps d'un côté, l'âme de l'autre.

C'est ce que fait Platon.

Distinguer le corps et l'âme permet de distinguer entre l'aspect fini (limité) de l'existence humaine, et son aspect infini, qui lui permet de participer à l'éternité du temps. • Il ne faut donc pas craindre la mort, mais il faut craindre que l'âme parte mal éduquée vers l'au-delà, car elle risque alors d'errer indéfiniment au lieu de parvenir rapidement à la contemplation heureuse des Idées éternelles.

Cette conception de l'au-delà indique que la seule activité qui ait un sens dans la vie est l'éducation et la recherche de la sagesse, c'est-à-dire la philosophie. C'est la finitude de l'existence humaine qui donne son sens au temps. «L'homme n'est rien d'autre que sa vie.» Sartre, L'Existentialisme est un humanisme (1946). • Les conceptions religieuses et platonicienne supposent d'admettre qu'il y a un au-delà de la vie, et que ce que l'on fait ici-bas y aura une traduction. • Pour Sartre, «l'existence précède l'essence», c'est-à-dire qu'il n'y a pas de «nature humaine», ni de caractère individuel, et encore moins de Providence divine, qui prédéterminerait ce que nous faisons ici-bas.

L'homme est fondamentalement libre et se définit lui-même par ses choix et par ses actes. En ce sens il «n'est rien d'autre que sa vie»: le sens de sa vie et la direction qu'il doit y suivre ne peut pas lui être donné à partir d'autre chose que cette vie même. • Une telle conception tend aussi à renverser le rapport entre existence et temps: dans les deux premières parties, on admettait que le temps préexistait à l'existence humaine, qui risquait en quelque sorte de se noyer dans son caractère infini.

Mais s'il n'y a pas d'au-delà de l'existence humaine, le temps lui-même est en quelque sorte produit par la subjectivité de l'homme.

Exister ne serait donc pas «entrer dans» le temps, mais, inversement faire advenir le temps. Nous sommes condamnés à être libres (Sartre). « Dostoïevsky avait écrit : « Si Dieu n'existait pas, tout serait permis ».

C'est là le point de départ de l'existentialisme [...].

Autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est libéré.

Si, d'autre part, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite.

Ainsi, nous n'avons ni devant nous, ni derrière nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses. Nous sommes seuls, sans excuse.

C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre.

» SARTRE.. »

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