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La fin de la vie humaine est-elle le bonheur ?

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« AIDE DU PROF DE L'ELEVE: Il semble évident d'affirmer que nous recherchons tous le bonheur.

En effet, qui pourrait vraiment souhaiter être malheureux ou ne vivre que des événements empreints de tristesse et de peine.

Le bonheur semble ainsi être la fin de la vie humaine.

Vous pouvez, sur ce point, lire attentivement les premières pages de la Politique d'Aristote, texte dans lequel il montre comment le bonheur est le but de l'existence de chacun.

Toutefois, il faudrait se demander si l'idée selon laquelle la fin, le but de l'existence humaine est le bonheur, ne laisse pas de côté une dimension essentielle de l'homme.

Dans les premières pages des Fondements de la métaphysique des mœurs, Kant nous dit la chose suivante : " Dans la constitution naturelle d'un être organisé, c'est à dire d'un être conformé en vue de la vie, nous posons en principe qu'il ne se trouve pas d'organe pour une fin quelconque, qui ne soit du même coup le plus propre et le plus accommodé à cette fin.

Or, si dans un être doué de raison et de volonté la nature avait pour but spécial sa conservation, son bien-être, en un mot son bonheur, elle aurait bien mal pris ses mesures en choisissant la raison de la créature comme exécutrice de son intention.

Car toutes les actions que cet être doit accomplir dans cette intention, ainsi que la règle complète de sa conduite, lui auraient été indiquées bien plus exactement par l'instinct, et cette fin aurait pu être bien plus sûrement atteinte de la sorte qu'elle ne peut jamais l'être par la raison; et si à une telle créature la raison devait par surcroît échoir comme une faveur, elle n'aurait dû lui servir que pour faire des réflexions sur les heureuses dispositions de sa nature, pour les admirer, pour s'en réjouir [...], mais non pour soumettre à cette faible et trompeuse direction sa faculté de désirer et pour se mêler gauchement de remplir les desseins de la nature " Il s'attache à montrer que la nature a donné à l'homme la raison.

Ainsi, si la nature ne fait rien en vain, cela signifie que la fin de l'existence humaine est de faire usage de sa raison.

Ainsi, la fin de l'existence humaine n'est pas le bonheur, mais un bon usage de la raison.

Est-ce à dire alors que l'homme n'a pas à se préoccuper de son bonheur ? Kant distingue alors le bonheur et la dignité au bonheur : la fin de notre existence n'est pas d'être heureux mais de nous rendre digne d'être heureux, c'est à dire d'atteindre le bonheur éventuellement en nous comportant comme dans hommes dignes, c'est à dire en faisant usage de cette faculté qui est notre spécificité à savoir la raison, même s'il se peut, parfois, que suivre sa raison soit contraire à notre bien être.

Par exemple, quand nous faisons notre devoir, quand nous agissons bien moralement, cela peut aller à l'encontre de nos désirs, mais justement, nous ne sommes pas des bêtes mais des hommes. Problématique: Tous les hommes désirent le bonheur, mais ils n'agissent pas tous dans le but explicite d'y parvenir. Certains le considèrent même comme une illusion.

Il est vrai que la tâche est difficile, car il faut commencer par philosopher sur la vraie nature de la béatitude humaine. Déjà Pascal observait: "tous les hommes recherchent d'être heureux, cela sans exception; quelques différents moyens qu'ils y emploient, ils tendent tous à ce but".

Aussi, le bonheur, point focal de toute existence humaine, ne semble pas nous être dû de droit, mais paraît procéder d'une insatiable recherche d'un "mieux et plus d'être", d'une inlassable maturation spirituelle.

Mais, qu'est-il? Dans une acception classique, un état de complète satisfaction remplissant et submergeant toute la conscience.

Mais, le problème est de savoir s'il nous est possible d'atteindre un tel état? Si cette félicité est bien la fin dernière et suprême de l'exister humain? Et, si le bonheur n'est pas une entité aporique, une invention chimérique, une vue de l'esprit irréalisable? Dans bonheur, il y a heur, c'est-à-dire ce qui m'arrive, l'avènement: du bien ou du mal; ce peut être bonheur; mais ce peut être aussi malheur.

S'il y a bon dans bonheur, c'est qu'il y a Bien, et s'il y a Bien, c'est qu'il y a vertu.

Comment lier vertu et bonheur? Si tous les hommes désirent le bonheur, il leur est difficile de déterminer avec une certitude complète ce qui pourrait les rendre heureux.

Le plus souvent, ils entendent par « le bonheur » la satisfaction absolue et s'imaginent que seule la possession de ce qui leur manque pourrait les combler. Lorsque Saint-Just affirmait : « Le bonheur est une idée neuve en Europe », il voulait sans doute souligner par là que, dans les démocraties, tous les obstacles au bonheur du corps social, qu'ils soient économiques ou social, pouvaient être levés.

On constate toutefois que si les progrès scientifiques et techniques et plus généralement l'oeuvre civilisatrice ne sont pas sans valeur dans la quête du bonheur, car ils permettent la satisfaction des besoins et des goûts de l'homme, un plus grand développement de ses talents et de sa personnalité, ils n'impliquent pas le bonheur.

On peut se demander, dès lors, si le bonheur n'est pas, pour chacun de nous, un idéal de l'imagination irréalisable et s'il constitue la véritable destination de l'humanité.. »

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