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La curiosité a-t-elle des limites ?

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« Problématique : Au sens général, la curiosité désigne un certain comportement à l'égard de l'inconnu.

L'enfant qui ne connaît rien du monde, ayant peu d'expérience, est ainsi le curieux par excellence et ne cesse de demander le pourquoi de tout ce qui le surprend.

Ainsi, la curiosité n'a de limites que celles que constitue l'étendue de mon ignorance : plus je grandis et vieillis, plus j'apprends et ce faisant, de moins en moins de choses me semble curieuses.

Ainsi, la curiosité n'a pas de limites (seule l'omniscience pourrait y mettre un terme).

Toutefois, la curiosité peut-elle s'étendre à absolument tout ce qui nous intrigue ou nous surprend ? Cette question car la curiosité est aussi intéressée et témoigne d'un appétit de savoir qui n'en fait pas le strict équivalent de l'étonnement philosophique.

Du coup, ce type de curiosité (provoqué moins par l'admiration que par la cupidité de satisfaire un penchant) ne doit-elle pas être limitée ? Jusqu'où est-elle légitime (permise) ? 1- LA CURIOSITÉ EN TANT QU'ÉTONNEMENT FACE A L'INCONNU NE SAURAIT AVOIR DE LIMITES a) curiosité signale notre ignorance … La curiosité est un état psychologique provoqué par des phénomènes inattendus ; est curieux, ce qui est intriguant, « bizarre » et qui donc, suscite notre intérêt par son caractère inhabituel : nous sommes incapables d'en rendre compte immédiatement. En ce sens la curiosité est désir de connaître : une chose m'étonne (car elle est curieuse, étrange) et suscite en moi le désir de vouloir l'expliquer, en donner la cause ou le pourquoi.

Comme désir, elle signale un manque, une béance à combler : elle nous invite donc à faire effort de science. b) … et nous amène à chercher à connaître C'est pourquoi Aristote fait de l'étonnement, du fait d'être frappé par quelque chose d'inattendu, surprenant, le moteur de la connaissance : « L'homme a naturellement la passion de connaître et la preuve que ce penchant existe en nous c'est le plaisir que nous prenons aux perceptions des sens.

Indépendamment de toute utilité spéciale, nous aimons ces perceptions pour elles-mêmes »(Incipit de la Métaphysique) Ainsi l'amour désintéressé de la perception montre que l'homme est naturellement curieux, qu'il aime connaître.

Du coup, la curiosité n'a pas de limites : seul un dieu, omniscient pourrait n'être pas curieux. Transition : La curiosité n'a pas de limite : à moins de tout savoir, de connaître le pourquoi de chaque chose, la curiosité demeure en chacun et ne peut être épuisée. Cependant, il s'agit là d'une curiosité désintéressée (proche parente de l'étonnement philosophique).

Or est-ce le cas de toute curiosité ? [cf.

le voyeurisme qui est une forme de curiosité : ici l'appétit se porte sur des détails (de la vie privée de particuliers le plus souvent) qui n'ont aucun enjeu philosophique] De plus, étant sans limite, ne risque-t-elle pas de provoquer une inquiétude inutile au sens où, ne pouvant rendre compte du pourquoi de chaque chose, je me trouverais alors insatisfait (sentiment négatif de privation) ? [Cf.

les enfants qui veulent toujours savoir le pourquoi du pourquoi et ceci, jusqu'à ce qu'un « parce que c'est comme ça » autoritaire les fasse taire !] 2- LA CURIOSITÉ DOIT CEPENDANT NE PAS SE DISPERSER DANS SA QUÊTE D'EXPLICATION ET DE CONNAISSANCE (= DOIT DONC AVOIR DES LIMITES) a) qu'est-ce qu'une curiosité illimitée ? Une curiosité illimitée = désir de savoir que ne contient aucune borne ; or une limite n'est pas seulement ce qui contraint, elle est aussi ce qui opère une distinction en circonscrivant une chose.

Ainsi, les grecs pensait la limite d'une chose comme son accomplissement, comme sa perfection.

La limite pose une borne, c'est-à-dire une fin, télos. Du coup, illimitée, la curiosité n'a dès lors plus de point où se satisfaire : elle est démesure. b) L'orgueil De plus, poser que la curiosité est illimitée revient à supposer que toute chose peut de droit être soumise à un examen critique.

En effet, la curiosité n'est pas nécessairement provoquée seulement par des choses intrigantes ; elle tient aussi à une certaine manière d'appréhender le réel.

Ainsi l'esprit curieux peut questionner ce qui semble aller de soi pour tous les autres. C'est pourquoi elle est défaut pour le christianisme : elle est fortement lié à l'orgueil.

Le curieux s'enquérant du pourquoi de tout exacerbe les puissances de la raison contre l'humilité de la foi.

En effet, chercher à tout connaître, ne poser aucune borne à l'investigation scientifique ou examen rationnel = faire preuve de superbe, démesure.

La curiosité doit être mesurée au sens où elle ne doit pas surestimer les pouvoirs de la raison. Ainsi Kant pose des limites à notre connaissance en montrant que le pourquoi ultime des choses (l'être en soi, ou essence supra-sensible) est vaine chimère ; vouloir étendre la curiosité au-delà des limites de toute expérience possible = vanité, cela exige un acte de foi (croyance comme fürwahrhalten) et donc renoncement à la rationalité scientifique. c) le curieux n'est pas le studieux De plus, une curiosité illimitée est un désir qui s'égare : se voulant science totale et complète, comment ne peut-elle disperser la recherche de celui qui en est sujet? ainsi, la curiosité doit avoir des limites au sens où la connaissance doit être méthodique et réglée.

La curiosité = dilettantisme et non œuvre de science.

La curiosité doit. »

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