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Succès et limites de l’analyse condillacienne

Publié le 12/03/2022

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ou du moins se résignent, à la monarchie selon la Charte. Après 1830, quelques-uns d’entre eux retrouvent leur place à l’institut, à l’Académie des sciences morales et politiques reconstituée par Louis-Philippe. Précisons que l’idéologie n’a jamais été une « école » qui aurait eu ses dogmes et ses chefs, ses hérétiques et ses exclus. Tout au plus pourrait-on parler d’un groupe peu homogène caractérisé d’abord par la fréquentation du salon de Mme Helvétius à Auteuil, puis par l’appartenance à l’institut national, où la classe des sciences morales et politiques comportait une section : « Analyse des sensations et des idées », titre qui pourrait fort bien caractériser l’idéologie. En étaient membres dès l’origine : Volney, Garat, Guinguéné, Destutt de Tracy, Laromiguière, Degérando. Ces auteurs avaient des formations très diverses : juridiques, médicales, théologiques, mais ils n’ignoraient rien des grands débats de leur temps (politiques, juridiques, scientifiques) . Les autres sections de l’institut comprenaient nombre d’idéologues ou de membres proches de l’idéologie. Que faut-il entendre sous ce terme ? Écartons d’emblée la signification vague et péjorative devenue courante de nos jours. Cette acception méprisante n’est pas due à Napoléon, comme on le croit encore souvent, mais elle apparaît très tôt, au moins dès 1802 {Le Génie du christianisme de Chateaubriand). Le mot même d’idéologie est une création de Destutt de Tracy dans un mémoire lu à l’institut en 1796. Il désignait ainsi une « analyse de l’entendement » selon la méthode de Condillac. Ce dernier avait d’ailleurs hésité sur le nom qu’il convenait de donner à la méthode analytique appliquée à l’origine des idées : «Je la nommerai métaphysique pourvu que vous ne la confondiez pas avec la science première d’Aristote... Je la nommerai psychologie si je connaissais quelques bons ouvrages sous ce titre » {Cours d’études).. Le terme nouveau permettait d’éviter à la fois celui de métaphysique, très décrié depuis le xvnF siècle, et celui de psychologie qui semblait impliquer une théorie métaphysique de l’âme. Nous n’avons pas à revenir ici sur la pensée de Condillac. Il n’est d’ailleurs pas d’idéologue qui n’ait remis en cause telle ou telle de ses thèses. C’est par simplification qu’on a pu parler d’école de Condillac : l’idéologie pourrait se définir moins comme un condillacisme qu’une discussion permanente du condillacisme. En tous domaines — philosophique, littéraire et scientifique —, l’extension de l’idéologie et de la méthode analytique condilla-

« Succès et limites de l'analyse condillacienne Au moment du 18 Brumaire, la production philosophique, voire scientifique, est dominée par un groupe de républicains libéraux connus sous le nom d'idéologues ( ou « ldéologistes » comme ils s'appelaient souvent eux-mêmes).

Formés sous l'Ancien Régime, parfois même déjà bien connus comme Volney, ils adhèrent en 1789 aux idées révolutionnaires, participent aux premières réformes libérales ; le 9 Thermidor sauve quelques­ uns d'entre eux de la guillotine, et ils retrouvent leur liberté d'expression sous le Directoire et sous le Consulat.

Dans une opposition plus ou moins déclarée sous l'Empire, ils se rallient,. »

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