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Analyse linéaire : le dernier feu Les vrilles de la vigne

Publié le 02/04/2024

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« ANALYSE LINEAIRE : Colette, les vrilles de la vigne : le dernier feu Allume, dans l'âtre, le dernier feu de l'année ! Le soleil et la flamme illumineront ensemble ton visage.

Sous ton geste, un ardent bouquet jaillit, enrubanné de fumée, mais je ne reconnais plus notre feu de l'hiver, notre feu arrogant et bavard, nourri de fagots secs et de souches riches.

C'est qu'un astre plus puissant, entré d'un jet par la fenêtre ouverte, habite en maître notre chambre, depuis ce matin... Regarde ! Il n'est pas possible que le soleil favorise, autant que le nôtre, les autres jardins ! Regarde bien ! car rien n'est pareil ici à notre enclos de l'an dernier, et cette année, jeune encore et frissonnante, s'occupe déjà de changer le décor de notre douce vie retirée ... Elle allonge, d'un bourgeon cornu et verni, chaque branche de nos poiriers, d'une houppe de feuilles pointues chaque buisson de lilas... Oh ! les lilas surtout, vois comme ils grandissent ! Leurs fleurs que tu baisais en passant, l'an dernier, tu ne les respireras, Mai revenu, qu’en te haussant sur la pointe des pieds, et tu devras lever les mains pour abaisser leur grappe vers ta bouche...

Regarde bien l'ombre, sur le sable de l'allée, que dessine le délicat squelette du tamaris : l'an prochain, tu ne la reconnaîtras plus... Et les violettes elles-mêmes, éclosent par magie dans l'herbe, cette nuit, les reconnais tu ? Tu te penches, et comme moi tu t'étonnes ; ne sont-elles pas, ce printemps ci, plus bleues ? Non, non, tu te trompes, l'an dernier je les ai vues moins obscures, d'un mauve azuré, ne te souviens-tu pas ? ...

Tu protestes, tu hoches la tête avec ton rire grave, le vert de l'herbe neuve, décolore l'eau mordorée de ton regard...

Plus mauves ...

non, plus bleues...

Cesse cette taquinerie ! Porte plutôt à tes narines le parfum invariable de ces violettes changeantes et regarde, en respirant le philtre qui abolit les années, regarde comme moi ressusciter et grandir devant toi les printemps de ton enfance... INTRODUCTION : Colette (1873-1954) est une grande figure de la littérature du XX° siècle.

Elle a mené de multiples carrières (comédienne, journaliste…) et une vie aussi riche que libre.

Mariée très jeune, elle découvre la vie parisienne grâce à son époux qui la guide dans ses premiers pas d’écrivaine, mais s’attribue la paternité des œuvres ainsi créées.

Les Vrilles de la Vigne sont un recueil publié par Colette en son nom propre (sous le pseudonyme Colette Willy), alors qu’elle prend ses distances par rapport à son époux et entame une vie nouvelle et libre d’artiste de music-hall. « Dernier feu » appartient à un cycle de trois textes poétiques dédiées à sa compagne d’alors, Missy, qui l’aide à se consoler des déceptions engendrées par son époux.

Dans ce texte en prose poétique, la narratrice évoque avec émotion l’arrivée du printemps dans le jardin.

Nous pouvons nous demander comment la narratrice célèbre-t-elle avec lyrisme la puissance du printemps ? PLAN : Lignes 1 à 10 : la narratrice célèbre la puissance féconde du soleil qu’elle oppose à la lumière Lignes 11 à fin : Une complicité partagée face à la nature ANALYSE LINÉAIRE : Allume, dans l'âtre, le dernier feu de l'année ! Le soleil et la flamme illumineront ensemble ton visage.

Sous ton geste, un ardent bouquet jaillit, enrubanné de fumée, mais je ne reconnais plus notre feu de l'hiver, notre feu arrogant et bavard, nourri de fagots secs et de souches riches. « Allume… le dernier feu de l’année ! » 1ère phrase -> injonction initiale ton visage , ton geste, + je , notre feu d’hiver, notre chambre (ligne d’après) 1ère et 2ème personne du s , 1ère personne du pluriel , CL du corps « Allume » « feu » « flamme» « illumineront » « ardent » « jaillit » « fumée » un ardent bouquet notre feu arrogant et bavard je ne reconnais plus notre feu CL du feu / de la lumière Métaphore + personnification Négation partielle Justifie le titre de la nouvelle, introduit le lecteur dans un climat de tendre intimité la nouvelle prend la forme d’un discours au présent adressé à l’être aimé + Climat d’intimité éloge du feu éloge du feu suprématie accordée au soleil, annonciateur du printemps C'est qu'un astre plus puissant, entré d'un jet par la fenêtre ouverte, habite en maître notre chambre, depuis ce matin... un astre plus puissant La fenêtre ouverte Périphrase expression Le soleil, l’astre, habite en maître Notre chambre 1ère personne du pluriel comparaison implicite avec le soleil L’exterieur n’est plus danger : L’hiver est ici comme un moment de repli alors que l’arrivée du printemps est une ouverture au monde Feu de la nature = soleil en opposition avec le feu humain il est décrit comme l’hôte L’espace de la chambre définit l’intimité des 2 amantes Regarde ! il n’est pas possible que le soleil favorise, autant que le nôtre, les autres jardins ! Regarde bien ! Regarde Impératif 2e personne du singulier Regarde ! … les autres jardins ! Regarde bien ! Exclamations qui reviennent, répétition Invitation à la contemplation. Dimension poétique dans un texte en prose.+ traduit l’importance du regard de Missy mais aussi du lecteur +l’adv intensif il n’est pas possible que Mode impersonnel favorise Négation + subjonctif exprime l’intonation, comme une réplique à haute voix. Émotion perceptible d’admiration et de surprise partagée. ⇨ Dimension poétique qui invite à la contemplation. les personnages sont passifs, contemplent les actions de la Nature.+ Colette montre une indignation amusée Insiste sur une lumière unique et exceptionnelle car rien n’est pareil ici à notre enclos de l’an dernier, et cette année, jeune encore et frissonnante, s’occupe déjà de changer le décor de notre douce vie retirée… car Conj de coordination ici déictique notre Pronom poss + 1ère pers du pluriel Cette année démonstratif Dévoile progressivement les raisons de l’admiration, mise en scène du regard Nous transporte aux côtés de la narratrice Colette et Missy possèdent ensemble ce jardin -> le jardin est une forme de vie commune renforçant leur lien Comme si elle se présentait à nos yeux Elle allonge, d’un bourgeon cornu et verni, chaque branche de nos poiriers, d’une houppe de feuilles pointues chaque buisson de lilas… Bourgeon, poiriers, houppe de feuilles, buisson de lilas.... »

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