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La culture remplace-t-elle la nature ?

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« Ici on vous demande de préciser le lien entre la nature et la culture.

En un sens, la culture, au sens large, c'est l'ensemble des processus qui permettent à l'homme de dépasser sa condition naturelle et son animale. N'est-ce pas le signe de sa liberté ? La culture marque donc un passage, un abandon de la nature.

Nous nous arrachons à la nature car alors nous nous en séparons et nous abandonnons une manière simplement une manière animale de vivre.

Mais ce passage ne signifie pas nécessairement un oubli de la nature.

On ne voit pas comment on pourrait complètement mettre de côté l'instinct, etc.

Mais si la culture permet d'aller au- delà de la nature, elle s'exerce sur elle, elle suppose donc un lien (pensez à la discipline, à la technique, au travail). Voire même, elle peut trouver dans ce lien avec la nature un certain épanouissement, certaines ressources, voire certains modèles. Alors que la nature d'un être se transmet par hérédité, la culture se communique par héritage.

L'organisation raffinée de la ruche, par exemple, ne constitue nullement une culture.

Le comportement complexe des abeilles est strictement déterminé, en effet, par leur structure biologique.

Les abeilles dont parle Virgile dans les Géorgiques se comportaient exactement comme celles d'aujourd'hui.

Sans doute les êtres vivants sont-ils soumis à l'évolution qui transforme très lentement les espèces au cours de millions d'années, mais seul l'homme a une histoire, car seul il est à la fois un inventeur et un héritier de culture.

Il crée des langues, des outils, des religions, des oeuvres d'art, transmettant ce patrimoine – par la parole et l'écriture – aux générations suivantes, qui n'exercent à leur tour leur faculté d'invention qu'à partir de ce qu'elles ont reçu. Dans les Pensées d'un biologiste, Jean Rostand exprime fort bien cette distinction fondamentale entre l'hérédité biologique et l'héritage culturel : « De jeunes fourmis isolées de la fourmilière refont d'emblée une fourmilière parfaite.

Mais de jeunes humains séparés de l'humanité ne pourraient reprendre qu'à la base l'édification de la cité humaine.

La civilisation fourmi est inscrite dans les réflexes de l'insecte [...].

La civilisation de l'homme est dans les bibliothèques, dans les musées et dans les codes ; elle exprime les chromosomes humains, elle ne s'y imprime pas.

» La culture est un produit de la raison L'ordre de la culture est celui de la raison et de la liberté.

Il se distingue de l'ordre de la nature, qui est celui de l'instinct et de la nécessité.

L'état de nature est pour les hommes un état de guerre générale de tous contre tous.

Et sur le plan éthique, l'état naturel ou le comportement naturel est un état de guerre contre la vertu, la prédominance de l'instinct, de l'immoralité, de la perversion et du mal.

Tout état où règnent l'anarchie, l'absence de loi coercitive et contraignante, état que l'on peut définir comme naturel est un état injuste et brutal.

L'homme ne peut vivre que dans un état politique et civil.

Le genre humain se doit à luimême, pour sa propre dignité et sa propre destination, d'être raisonnable, de s'arracher à l'état de chaos et de désordre, état naturel que nous portons tous en nous-mêmes, mais que nous devons dépasser.

L'humanité, par sa raison, est destinée à une fin commune, à savoir l'avancement et le progrès du bien.

Le seul comportement moral de la personne individuelle ne peut y suffire.

Tous les hommes doivent concourir à l'avènement d'une république universelle fondée sur des lois de vertu.

La fin dernière que la nature a impartie à l'espèce humaine est donc la culture, à savoir une formation spirituelle, une élévation du goût, de l'intelligence, de la personnalité aux dimensions de l'universel.

"Produire dans un être raisonnable cette aptitude générale aux fins qui lui plaisent (donc en sa liberté) est la culture." La culture interdit l'inceste Lévi-Strauss voit dans l'interdiction de l'inceste la règle qui marque le passage de la nature à la culture.

Tout ce qui obéit à une règle relève de la culture Dans ces conditions, le système des valeurs, des règles sociales, des conduites apprises dans chaque groupe social a quelque chose d'accidentel, de contingent.

Il y a autant de cultures, de civilisations, qu'il y a de sociétés distinctes.

Tandis que ce qui est universel, propre à tous les hommes, révèle leur nature, tout ce qui appartient à la culture porte la marque du divers et du relatif.

Il y a plusieurs religions, plusieurs formes d'art, plusieurs systèmes politiques, etc.

Ce sont les cultures qu'il convient d'opposer à la nature.

Les lois naturelles appartiennent à la modalité du nécessaire : on ne saurait s'y soustraire, elles sont universelles.

Les règles sociales, les rites dont chaque culture fait obligation à l'individu, sont contingentes, varient avec les civilisations.

Ce sont des normes de conduite édictées par le groupe et auxquelles il arrive que l'individu désobéisse.

Aussi Lévi-Strauss, dans Les Structures élémentaires de la parenté (1949), nous propose-t-il ce critère pour distinguer l'étage de la culture et celui de la nature : « Posons donc que tout ce qui est universel chez l'homme relève de l'ordre de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier. Où finit la nature ? Où commence la culture ?. »

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