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La culture est-elle la négation de la nature ?

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« On oppose usuellement la nature - tout ce qui est en nous par hérédité biologique, les caractéristiques léguées par nos ancêtres du fait même de notre naissance - et la culture - tout ce que nous trouvons autour de nous du fait de notre appartenance à une société : coutumes, habitudes alimentaires, techniques et institutions, etc.

On qualifie d'autre part de « naturel » ce à quoi nous sommes habitués : comme l'écrit Pascal (Pensées, 93), la nature ne serait-elle pas «une première coutume» et, inversement, la culture ne serait-elle pas la nature de l'homme? 1.

La nature comme envers de l'humanité Lévi-Strauss situe la frontière entre ces deux ordres dans le langage articulé : « imaginez que nous tombions sur des êtres vivants qui possèdent un langage, aussi différent du nôtre qu'on voudra, mais qui serait traduisible dans notre langage, donc des êtres avec lesquels nous pourrions communiquer », nous y verrions l'expression d'une culture; d'ailleurs : « un enfant apprend sa culture parce qu'on lui parle : on le réprimande, on l'exhorte, et tout cela se fait avec des mots » (Entretiens avec Lévi-Strauss par Georges Charbonnier, 1969). Le culturel serait un ensemble d'informations non génétiques qui se transmettraient de génération en génération par le biais de moyens de communication externes.

Paul Ricœur (Nature et Liberté, 1962) voit dans ce type de démarche une définition par opposition : à chaque conquête de l'humanité - institution, outil, langage - la nature se découvre comme un envers.

Elle est «violence dans l'homme » (contre l'institution), «spontanéité dans le vivant » (contre la production technique et l'utilisation d'outils) et «existence brute et muette des choses » (contre le monde des signes et du langage). 1) L'homme est un être de culture. Si l'homme a une origine animale, il n'en diffère pas moins qualitativement des animaux.

Quiconque étudie le phénomène humain est frappé par l'ampleur extraordinaire des progrès psychiques de l'humanité au cours des quarante ou cinquante derniers millénaires.

Ces progrès s'expliquent par l'apparition chez l'homme de trois faits absolument nouveaux dans l'histoire de l'évolution des espèces : (a) La découverte et l'utilisation d'outils ; (b) la réalisation par la collectivité d'un patrimoine social accumulé et transmis de génération en génération ; (c) l'acquisition du langage et la genèse de la pensée (a) L'outil. « Ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains.

En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d'outils: or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs. Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres.

C'est donc à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plus utile, la main.

Aussi, ceux qui disent que l'homme n'est pas bien constitué et qu'il est le moins bien partagé des animaux (parce que, dit-on, il est sans chaussures, il est nu et n'a pas d'armes pour combattre), sont dans l'erreur.

Car les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer pour un autre, mais ils sont forcés, pour ainsi dire, de garder leurs chaussures pour dormir et pour faire n'importe quoi d'autre, et ne doivent jamais déposer l'armure qu'ils ont autour de leur corps ni changer l'arme qu'ils ont reçue en partage.

L'homme, au contraire, possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours loisible d'en changer et même d'avoir l'arme qu'il veut et quand il le veut.

Car la main devient griffe, serre, corne, ou lance ou épée ou toute arme ou outil. Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir.

» ARIST0TE L'outil est un intermédiaire entre l'homme et la nature, il est un prolongement du corps anatomique.

A la différence des animaux, les hommes ne sont plus tributaires de leur propre capacité organique.

Leur possibilité d'action sur la nature se trouve ainsi considérablement agrandie.

Sans doute, l'usage d'outils est-il propre à des animaux.

Ainsi, par exemple, les singes peuvent contre leurs ennemis, se servir de pierres ou prendre tout ce qu'ils peuvent trouver qui a une force percutante.

Mais ces outils ne sot pas fabriqués, ils ne sont pas mis en réserve ou préparés.

Ils sont fournis par la Nature et utilisés dans l'urgence du moment.

Certains hominidés sont aussi capables de fabriquer des outils, d'emmancher deux bambous, par exemple.

Mais ces outils ne sont pas perfectionnés.

On peut affirmer que l'outil qui existe à l'état rudimentaire chez les animaux devient un caractère distinctif de l'espèce humaine. « Dès qu'il est tant soit peu développé, le travail ne saurait se passer de moyens déjà travaillés.

Dans les plus anciennes cavernes on trouve des instruments et des armes de pierre.

A côté des coquillages, des pierres, des. »

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