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La culture est-elle élitiste ?

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« « Je me méfie toujours du grand nombre, aussi bien lorsqu'il applaudit que lorsqu'il siffle.

L'acquiescement du vulgaire ne va qu'à la vulgarité.

» (A.

Gide) Novembre 1869, Gustave Flaubert publie son roman intitulé « L'éducation sentimentale ».

Celui-ci est mal accueilli, décrié par l'opinion populaire qui n'en achètera que quelques centaines d'exemplaires.

Quelques années auparavant, ce furent les pièces de théâtre de Marivaux qui ne trouvèrent pas la consécration, victimes de l'imperméabilité du public face au style innovateur de l'écrivain.

Environ deux siècles plus tard, la finale de la première saison de « Loft Story », précurseur des émissions de télé réalité, rassemble plus de onze millions de téléspectateurs devant leur poste tandis que la production hollywoodienne à gros budget « Batman : The Dark Knight » se place en tête du Box Office de l'année 2008, passant la barre ahurissante du milliard de dollars de recette totale en battant tous les records d'entrées.

Il est flagrant que la qualité de ces différentes productions culturelles est considérablement inégale et pourtant, indépendamment de l'époque, la masse choisit le plus souvent d'accorder son intérêt au parti qui est à première vue le plus médiocre.

André Gide, fortement concerné par cet état de faits, déclare: « Je me méfie toujours du grand nombre, aussi bien lorsqu'il applaudit que lorsqu'il siffle. L'acquiescement du vulgaire ne va qu'à la vulgarité.

» Selon cet auteur français du XXème siècle, il est préférable de ne pas se fier à l'avis de la communauté car dans beaucoup de cas celui-ci n'est que le reflet de l'ignorance.

Pour lui, l'éducation et la connaissance étant le privilège de minorités, il est dans la logique de mettre en relation l'approbation de la collectivité avec la sous-culture.

Mais est-il vraiment nécessaire d'être aussi méfiant vis-à-vis du grand nombre et des jugements qu'il émet ? Est-il exact que l'accès à la compréhension d'un produit culturel de valeur et la possibilité de l'apprécier dans sa globalité sont des privilèges exclusivement réservés aux personnes cultivées ? En d'autres termes, la position du groupe désigne-t-elle toujours ce qui est de mauvais goût ? Enfin, la politique clairement élitiste que soutient André Gide est-elle véritablement objective et surtout révélatrice de la réalité ou n'est-elle qu'une conséquence des différentes épreuves auxquelles il a été confronté tout au long sa vie ? Dans les lignes qui suivent, nous allons orienter notre réflexion sur ces différentes interrogations en nous appuyant sur des exemples concrets qui nous permettront d'illustrer au mieux nos propos. Avant tout, il est certainement trop catégorique d'affirmer que les opinions forgées par la masse attraient forcément au vulgaire. Même si certains exemples notoires ne pouvant être ignorés illustrent en tous points les dires de l'auteur, il arrive que la majorité fasse preuve de beaucoup de sensibilité, qu'elle réussisse à capter ce qui rend une production culturelle remarquable et l'apprécie en tant que telle.

L'exemple du film allemand intitulé « La vie des autres » le démontre bien.

Ce film d'auteur empreint d'émotion qui se déroule dans un contexte historique bien précis a été primé à de nombreuses reprises, salué par la critique unanime et a connu un succès planétaire.

Pourtant, ce genre de production n'entre pas dans la catégorie des films dont l'unique but est d'appâter la masse, où l'action est omniprésente et où les discours sont démagogues et vides de toute profondeur intellectuelle.

Bien au contraire, il tente de faire passer des messages, d'amener le spectateur à réfléchir en lui faisant ressentir une foule d'émotions. C'est justement cet aspect qui constitue un point intéressant dans le jugement du grand nombre. Effectivement, celui-ci aura une tendance plus prononcée à se fier à son ressenti, ses sentiments alors que les élites resteront dans une dynamique très académicienne, analysant et interprétant chaque détail simplement afin de considérer si l'œuvre vaut la peine de se voir attribuer une appréciation de qualité. D'autre part, les spectacles n'ont-il pas surtout pour but premier de plaire et de divertir ? Leur définition ne doit pas se réduire à la recherche de l'excellence et de la technicité, comme le clamait Molière à propos du théâtre. Le succès rencontré de son vivant par l'auteur des « Précieuses ridicules » auprès d'un très large public et la reconnaissance critique qui lui a été témoignée semblent démontrer que la masse a également la faculté de jauger de la qualité de ce qui lui est présenté. Enfin, il faut souligner qu'André Gide portait sans doute un regard subjectif sur l'importance de se méfier des. »

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