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La culture affranchit-elle l’homme de la nature ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet Il existe en philosophie une opposition traditionnelle entre nature et culture.

La culture désigne en général deux choses différentes : un ensemble de formes de pensée et de vie créées par l'homme, éventuellement propre à une communauté particulière (on parlera, par exemple, des cultures africaines), d'une part, et d'autre part une sorte de raffinement personnel, dû à une bonne connaissance des productions culturelles de l'homme (c'est le sens du mot dans l'expression « avoir une grande culture »).

La nature peut aussi avoir deux sens : elle est ce qui existe de non transformé par l'homme (les forêts, les lacs...) ; et d'autre part, et notamment en philosophie, elle ne se définit pas par rapport au monde humain transformé, mais par rapport à l'ensemble de la réalité, et elle renvoie à ses mécanismes spontanés.

Avec cette définition, l'homme peut être considéré comme un être naturel, soumis à des lois biologiques et physiques qui conditionnent son comportement (un homme qui vit en ville au milieu des ordinateurs est toujours sujet à la douleur, a toujours besoin de dormir, etc.) Le verbe employé ici, affranchir, à un sens très fort : elle s'applique au maître qui décide de rendre la liberté à un esclave, comme si la nature réduisait l'homme en esclavage et comme si la culture était le moyen d'échapper à cet esclavage.

La question porte sur la réalité effective d'un tel affranchissement, et non sur sa possibilité. Quel lien poser entre nature et culture ? Faut-il considérer qu'elles s'opposent et s'excluent l'une l'autre ? Dans ce cas il faut choisir, préférer un état à un autre, et le sujet semble considérer un avènement de la culture au détriment de la nature.

Il faudra alors définir les modalités et les implications d'un pareil avènement. Pourtant, l'opposition entre nature et culture va-t-elle de soi ? Il semble hasardeux d'affirmer que là où la culture advient, la nature disparaît.

C'est d'autant plus vrai si l'on prend la nature dans le second sens que nous avons proposé.

Alors nature et culture peuvent cohabiter, au lieu de s'exclure.

Cela permet une réponse plus nuancée à la question : non seulement il ne peut plus être question d'un affranchissement pur et simple, mais encore, il y a à penser les conditions et les bénéfices d'un rapport complexe entre l'homme, la nature et la culture. Références utiles : Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage. Malson, Les Enfants sauvages. Textes à utiliser : Hobbes, Léviathan. Hobbes décrit un état naturel de l'homme, état terrible et violent où tous sont en guerre contre tous, que la civilisation, et en particulier l'organisation politique, pourra permettre de corriger. « [Il ne se trouve dans cet état de guerre] pas de connaissance de la face de la terre, pas de computation du temps, pas d'arts, pas de lettres, pas de société, et ce qui est le pire de tout, la crainte et le risque continuel d'une mort violente ; la vie de l'homme est alors solitaire, besogneuse, pénible, quasi-animale et brève.

(...) Cela suffit comme description de la terrible condition où l'homme est effectivement placé par la pure nature, avec cependant la possibilité d'en sortir, possibilité qui réside partiellement dans les passions et partiellement dans sa raison ». Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. « Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu'ils se bornèrent à coudre leurs habits de peau avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs (...) en un mot tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvrages qu'un seul pouvait faire, et qu'à des arts qui n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d'un commerce indépendant : mais dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre ; dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.

». »

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