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« La création des hypothèses est, selon un auteur contemporain, la fonction même de la pensée ». Montrer ce qu'il faut entendre par là ?

Extrait du document

« VOCABULAIRE: CRÉER / CRÉATION (n.

f.) 1.

— (Lato) Toute production, avec l'idée d'une nouveauté de son objet (création du monde, d'une route, d'une oeuvre d'art).

2.

— Dans la tradition judéo-chrétienne, acte par lequel Dieu donne naissance au monde : en ce sens, la Création est création à partir de rien (creatio ex nihilo).

3.

— Apparition de quelque chose qui ne résulte pas des données : en ce sens, on a tendance à faire de toute création une création ex nihilo, quelque chose de mystérieux ; c'est pourquoi les matérialistes préfèrent employer le terme de production qui implique un processus matériel (ainsi dit-on production littéraire pour création littéraire).

4.

— Invention.

5.

— Création continuée : pour les cartésiens, action identique à la création initiale par laquelle Dieu conserve le monde dans l'existence.

6.

— Créativité : faculté de créer, de produire des idées nouvelles ; disposition qui pousse à l'invention. HYPOTHÈSE: Proposition posée pour opérer un ensemble de déductions. Vendryès, dans son livre sur L'acquisition de la Science s'attache en une dernière partie à observer le mécanisme de la pensée.

Autrement dit, il se préoccupe de saisir l'activité psychologique qui, entre autre chose, a élaboré la connaissance. Il remarque alors que la création des hypothèses apparaît comme caractéristique de l'intelligence. Si nous prenons le mot hypothèses au sens large, nous lui trouvons comme synonyme : supposition.

Dès lors, si créer des hypothèses est la fonction même de la pensée, il faut admettre que nous pensons dans la mesure où nous supposons, spéculons, calculons.

Qu'est-ce à dire, sinon que la pensée, dans ses manifestations habituelles, élargit le domaine de ses constatations, prévoit ce qu'elle ne perçoit pas, supplée ses ignorances par des vues théoriques? En somme, généraliser, amplifier, raisonner, réduire l'inconnu au connu, créer des catégories : voilà quelle serait l'activité type de la pensée.

Nous ne pouvons dire a priori si cette conception suffit à définir son objet, mais il est certain que la pensée ne devient elle-même que dans la mesure où, en effet, elle étend, simplifie, organise : toutes choses qui ne vont pas sans supposition, sans affirmation hypothétique. Pour étudier cette activité mentale sous différents aspects, nous pouvons nous proposer trois attitudes caractéristiques de la pensée : a) l'adaptation volontaire, b) la connaissance, c) la création proprement dite. A) Certes, l'aspect le plus courant de l'adaptation semble être le fruit d'une activité automatique ou plus exactement d'une réceptivité : s'adapter c'est alors prendre passivement des habitudes, participer inconsciemment à l'esprit de la collectivité dans laquelle nous vivons, en un mot subir l'influence du milieu et agir à l'unisson.

Cependant, même dans ses formes élémentaires, l'adaptation implique de notre part certaines décisions, c'est-à-dire un minimum d'effort volontaire et de conscience : par exemple, nous nous faisons une idée, une représentation du cadre dans lequel nous avons à vivre.

Or cela même est de l'ordre de la création d'hypothèses, de suppositions.

A ce niveau on dira que nous généralisons volontiers, nous jugeons autrui d'après nous-mêmes, ou encore d'après l'impression qu'il nous fait.

Au fond, nous ne saisissons qu'un aspect des choses, mais déjà nous les pensons dans leur totalité, cherchons dans le passé une garantie de l'avenir, admettons par hypothèse une extension du présent.

Si bien que l'effort d'adaptation correspond à une systématisation par analogie; et le système de nos représentations n'est autre chose qu'un ensemble plus ou moins cohérent de suppositions. B) Dans le domaine de la connaissance proprement dit, le rôle des hypothèses est plus facile encore à mettre en évidence. Cette fois il s'agit d'une construction méthodique, mais qui n'en déborde pas moins notre expérience : la marche réglée de la pensée qui cherche à connaître ne pourrait se concevoir sans la représentation d'un but et de mécanismes supposés. Grandes hypothèses et hypothèses particulières jalonnent les progrès de la science comme l'histoire de la philosophie.

La création des hypothèses correspond alors souvent à une fonction intuitive qui précède la marche discursive de la pensée. C) En ce qui concerne la création, dans quelque domaine qu'elle s'exerce, il s'agit de faire exister un objet qui n'est pas encore.

A l'intuition, à la généralisation, au raisonnement amplificateur, se mêle, si l'on veut, une forme particulière de l'imagination.

Le créateur déborde le plan de l'actualité : il n'utilise son présent que comme un moyen destiné à faire être ce qui n'est encore que projet.

On, peut donc saisir ici encore la construction d'un schéma par lui-même hypothétique, lequel se développe grâce à une série de suppositions diverses, dont toutes ne se révèlent pas également valables. Par cette rapide esquisse, nous voyons qu'au fond la création d'hypothèses est une autre façon de nommer l'activité inventive de l'esprit.

Pour s'adapter, pour connaître, pour créer, l'homme ne peut se contenter d'enregistrer passivement ses impressions : en ce sens la formule à examiner est valable.

Peut-être ce qu'elle peut avoir de surprenant, c'est l'emploi même du mot hypothèse : ce terme, en effet, semble avoir été réservé, en général, à l'activité cognitive de l'entendement. Mais si l'on admet que le plan normal de la pensée se développe au niveau des prévisions, des généralisations, des tentatives de toutes sortes, on doit reconnaître que ce qui fait la valeur de l'esprit humain est bien, en effet, l'effort pour aller au-delà de ce qui lui est donné, par un travail original au cours duquel sont créées les hypothèses.. »

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