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La conscience fait-elle de nous des sujets libres ?

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La notion de conscience est une invention, ou une découverte (comme l’on voudra), tardive dans l’histoire de la philosophie. Sa première occurrence à titre de concept philosophique a lieu dans le Livre I de l’Essai sur l’entendement humain de Locke (1690). Deux acceptions en caractérisent son opérativité en des domaines distincts de l’application de la réflexion philosophique : il y a d’une part la conscience au sens de conscience morale (la bonne conscience, la direction de conscience, etc.), et d’autre par la conscience au sens de la connaissance de soi. Nous qualifierons une telle acception d’ “ épistémique ” (episteme signifiant la connaissance en grec – on la retrouve dans la formation du terme ‘épistémologie’, par exemple). Bien que la dimension morale de la conscience paraisse être en relation immédiate avec la notion de liberté (la liberté est en effet pour partie l’affaire de la morale, et peut-être la plus importante), nous privilégierons par la suite cette seconde caractérisation de la notion de conscience, et ce sur la base du simple fait que la liberté suppose d’être sue comme telle, c’est-à-dire éprouvée consciemment par le sujet comme une connaissance de soi, pour que ce dernier soit dit libre – il n’y aurait en effet aucun sens à dire d’un sujet qu’il est libre s’il s’ignore l’être, et qui plus est s’il s’ignore pouvoir l’être (ceci aura son importance par la suite (point I)). Dans une certaine mesure, il est possible de dire de la conscience dans son sens moral qu’elle est un dérivé de la conscience épistémique, sa transposition du domaine de la connaissance à celui de la pratique ; et donc la conscience, au sens de la connaissance de soi, d’être plus fondamentale.

« Incipit : La notion de conscience est une invention, ou une découverte (comme l'on voudra), tardive dans l'histoire de la philosophie.

Sa première occurrence à titre de concept philosophique a lieu dans le Livre I de l'Essai sur l'entendement humain de Locke (1690).

Deux acceptions en caractérisent son opérativité en des domaines distincts de l'application de la réflexion philosophique : il y a d'une part la conscience au sens de conscience morale (la bonne conscience, la direction de conscience, etc.), et d'autre par la conscience au sens de la connaissance de soi.

Nous qualifierons une telle acception d' “ épistémique ” (episteme signifiant la connaissance en grec – on la retrouve dans la formation du terme ‘épistémologie', par exemple).

Bien que la dimension morale de la conscience paraisse être en relation immédiate avec la notion de liberté (la liberté est en effet pour partie l'affaire de la morale, et peut-être la plus importante), nous privilégierons par la suite cette seconde caractérisation de la notion de conscience, et ce sur la base du simple fait que la liberté suppose d'être sue comme telle, c'est-à-dire éprouvée consciemment par le sujet comme une connaissance de soi, pour que ce dernier soit dit libre – il n'y aurait en effet aucun sens à dire d'un sujet qu'il est libre s'il s'ignore l'être, et qui plus est s'il s'ignore pouvoir l'être (ceci aura son importance par la suite (point I)).

Dans une certaine mesure, il est possible de dire de la conscience dans son sens moral qu'elle est un dérivé de la conscience épistémique, sa transposition du domaine de la connaissance à celui de la pratique ; et donc la conscience, au sens de la connaissance de soi, d'être plus fondamentale. Thèmes : Procédons à l'analyse thématique de la structure de l'énoncé afin d'en dévoiler les présupposés.

Trois thèmes principaux servent, de manière évidente, à son organisation : (i) la conscience : la notion de conscience, dans son acception fondamentale, c'est-à-dire épistémique, se définit par deux propriétés que sont l'altérité et la réflexivité.

D'une part, la conscience est présence à soi sur le mode du savoir, un savoir de soi-même.

Mais, d'autre part, précisément, ce même savoir de soi s'apparente à une relation à soi-même comme à un autre.

Dans l'acte de conscience (con-science), il y a savoir (-science) de soi comme présence à soi, avec (con-) soi, sorte de coprésence réflexive dans une unité qui serait celle de la conscience ; (ii) la subjectivité : la transition du terme “ sujet ” qui figure dans l'énoncé à la subjectivité qui, elle, est un concept abstrait, n'est bien sûr pas neutre.

Elle procède en quelque sorte à l'objectivation de la notion de sujet pour en faire un objet d'investigation, un terme à étudier.

Il s'agit par cette opération linguistique (transformation du nom en concept abstrait) de signaler que l'énoncé la contient déjà implicitement en tant que, dans ce dernier, la notion de sujet apparaît comme étant prédicable d'un ensemble d'individus indéterminés (le “ nous ” de l'énoncé).

Aussi, à même l'énoncé, la notion de sujet est déjà celle de son concept abstrait dans “ nous ” participerions comme autant de termes individuels d'un prédicat général.

Ainsi que cela doit déjà se laisser pressentir, la possibilité de faire du sujet une prédicat abstrait, et à terme un concept objectif dont il s'agira de déterminer les propriétés, est intimement liée à la notion de conscience telle que nous l'avons présentée, notion dans laquelle le sujet entre justement dans une relation à soimême (réflexivité) comme à un autre objectif ; (iii) la liberté : ce n'est pas tant d'une tentative de définir la liberté qu'il s'agit ici, mais plutôt de savoir si cette dernière peut légitimement figurer au nombre des propriétés attribuables au sujet, ou comme nous le disions, à la subjectivité.

Pour l'on puisse dire de “ nous ”, comme appartenant au concept de sujet, que “ nous ” sommes des “ sujets libres ”, il faut bien évidemment que la liberté soit parmi les propriétés qu'il est possible de nous attribuer (or, cela ne va pas si facilement de soi qu'il y paraît). Problème : Une fois éclairés les différents termes qui interviennent dans l'intitulé de l'énoncé à titre de thèmes notionnels, reste à en articuler la structure.

A nouveau, celle-ci n'est pas immédiatement apparente (d'où l'importance de l'analyse quasi linguistique).

La question est celle de l'existence, ou non, d'une relation de causalité efficiente de la conscience sur la subjectivité.

En d'autres termes, le problème consiste à se demander s'il existe une relation de cause à effet entre la conscience et la liberté du sujet, à savoir : celle-là provoque-t-elle, ou plutôt implique-t-elle, la liberté du sujet, c'est-à-dire la possibilité d'attribuer la propriété de liberté à la subjectivité ? L'emploi de la relation d'implication permet de concevoir le problème la relation de causalité entre la conscience et la liberté de la subjectivité sur le mode d'une conditionnelle : est-il vrai que s'il y a conscience, alors il y a subjectivité libre ? ce que montre cette formulation c'est que, pour que la réponse soit positive, il faut d'un côté que la conscience existe (car si elle n'est pas, on ne voit pas comment elle pourrait agir, ou faire, quoi que ce soit), et d'un autre côté, que la liberté du sujet soit possible (car, si toutefois la conscience existe, elle ne pourrait certainement pas provoquer l'impossible).

Ceci nous permet de dégager deux sous-problèmes qui organisent la distribution de nos enjeux (ci-dessous) : la conscience existe-t-elle (y a-t-il quelque chose comme la conscience ? ) ; la liberté du sujet est-elle possible ? Nous les prendrons dans l'ordre inverse pour des raisons de commodité et d'intérêt rhétorique. * I.

La liberté du sujet Deux conceptions diamétralement opposées de la liberté du sujet vont être proposées afin d'en tirer une conclusion aussi large que possible relativement au problème de la légitimité (ou non) de son attribution au sujet.

Dans le cas de Kant, la liberté se conçoit comme un absolu humain appartenant au domaine de la morale.

C'est uniquement dans le règne de la morale que la liberté a droit de cité – car l'ordre naturel ne tolère quant à lui que la stricte relation de causalité déterministe.

La liberté s'atteint par la sujet dans l'accomplissement du devoir commandé par l'impératif catégorique (ou commandement absolu) de la morale sur le mode impératif du “ tu dois ! ”.

Agir de manière purement désintéressée, c'est-à-dire sans faire entrer en considération les bénéfices personnels à tirer de l'action à accomplir, est la condition de l'acte moral.

Et c'est en tant qu'elle accomplit tel acte par pur devoir que la volonté du sujet peut se prévaloir de la liberté.

Le pur respect de l'impératif moral dans son application est la condition nécessaire à la qualification d'un sujet comme “ sujet libre ”.

Le problème de la conception kantienne de la liberté, et il est de. »

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