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La conscience et l'action

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« Définitions: La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).

Être conscient signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.

Mais il convient de distinguer la conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie, conscience qui se saisit elle-même comme conscience.

La première consiste à « avoir conscience », tandis que la seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».

Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre conscience ». A.

Le moi se révèle dans l'effort. • Mais la conscience ne me sépare de l'objet que pour mieux assurer ma prise sur lui.

On peut, en s'aidant des analyses de certains philosophes, montrer que la conscience est à la racine de l'effort, du choix, de la synthèse mentale. • Pour Maine de Biran (1766-1824), la conscience de soi relève d'un « sens intime » qui s'éveille avec le sentiment de l'effort, moteur volontaire.

Au lieu du « Je pense, donc je suis » de Descartes, Maine de Biran pose un « Je fais effort, donc je suis ».

Ainsi je lève le bras, et ma conscience s'éveille dans le sentiment du moi qui s'affirme en triomphant de l'inertie de mon corps.

En effet, le moi ne peut prendre conscience de son existence qu'en s'opposant à un objet résistant qui se distingue de lui.

La conscience apparaît alors comme la maîtrise du moi sur le « corps propre », comme une force agissante qui se révèle dans l'expérience de l'effort moteur, racine de la volonté libre. B.

« Conscience signifie choix ». • Cependant, la conscience claire ne s'attache qu'à un petit nombre de nos attitudes.

Ainsi l'automatisme de l'habitude est inconscient ; il s'exerce sans qu'on y pense.

Le cycliste maintient son équilibre en imprimant sans cesse à son guidon de petits mouvements.

Cette activité est automatique, inconsciente.

En fait, la conscience remplit une fonction de sélection, et semble au service de l'adaptation biologique.

Elle apparaît chaque fois que l'automatisme de l'habitude ne suffit plus pour résoudre le problème qui nous sollicite. • C'est Bergson qui a développé avec le plus de force l'idée que « conscience signifie choix ».

Il a montré que la conscience était étroitement liée à l'action. Ma tâche actuelle sollicite ma conscience.

Je mobilise par exemple tous les souvenirs qui me sont utiles pour agir dans le moment présent.

D'autres souvenirs, au contraire, restent inconscients : c'est la masse des souvenirs dont l'évocation serait tout à fait inutile pour mon activité présente.

Telle « un pont jeté entre le passé et l'avenir », ma conscience rassemble et organise mes expériences passées pour me préparer à affronter les événements à venir. « Conscience signifie d'abord mémoire.

Une conscience qui ne conserverait rien de son passé, qui s'oublierait sans cesse elle-même, périrait et renaîtrait à chaque instant: comment définir autrement l'inconscience ? Toute conscience est donc mémoire - conservation et accumulation du passé dans le présent. Mais toute conscience est anticipation de l'avenir.

Considérez la direction de votre esprit à n'importe quel moment: vous trouverez qu'il s'occupe de ce qui est, mais en vue surtout de ce qui va être.

L'avenir est là, il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui; cette traction ininterrompue, qui nous fait avancer sur la route du temps, est cause aussi que nous agissons continuellement.

Toute action est empiètement sur l'avenir. Disons donc, si vous voulez, que la conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l'avenir.

Mais à quoi sert ce pont, et qu'estce que la conscience est appelée à faire ? Si la conscience retient le passé et anticipe l'avenir, c'est précisément, sans doute, parce qu'elle est appelée à effectuer un choix.

Qu'arrive-t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée, pour devenir automatique ? La conscience s'en retire.

Quels sont, d'autre part, les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l'aurons fait ? Si conscience signifie mémoire et anticipation, c'est que conscience est synonyme de choix.

» Bergson. L'expression «j'ai changé» est paradoxale : là où j'affirme le mouvement, le changement, le devenir, le «je» demeure, un, identique et permanent.

Qu'est donc la conscience, pour ainsi maintenir son unité et sa permanence dans le flux temporel? Comment penser le rapport de la conscience et du temps? Il faut, selon Bergson, recourir à l'intuition, à la coïncidence avec sa propre vie intérieure pour comprendre que la conscience est durée, que l'unité de la conscience est immanente à la mélodie continue de son élan spirituel. Mais dire que la conscience est durée vécue, synthèse dynamique du passé et de l'avenir, dire qu'en nous le savoir est lié à la mémoire et à l'anticipation, n'est-ce pas faire d'elle une puissance de choix, une liberté, une. »

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